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Le cardinal de Lyon décrié pour avoir caché des actes pédophiles


Philippe Barbarin, le cardinal de Lyon, a tenté de se défendre de ces accusations à Lourdes, mardi. (Photo AFP)

La révélation d’une nouvelle affaire de prêtre coupable d’agressions sexuelles fragilise encore le cardinal du diocèse de Lyon, Philippe Barbarin, au cœur d’une tempête liée à des crimes pédophiles qui vaut à ce haut prélat de l’Église de France des appels pressants à la démission.

« Abus sexuels au sein de l’Église: l’affaire de trop »: le quotidien populaire Le Parisien barrait sa Une jeudi de ce titre fracassant, après avoir porté la veille des nouveaux soupçons à l’encontre du médiatique et controversé archevêque de Lyon (centre-est). En cause cette fois, non pas un scandale de pédophilie mais une « promotion » que le journal accuse Mgr Barbarin d’avoir accordée il y a trois ans à un curé reconnu coupable d’agressions sexuelles sur des étudiants, tous majeurs.

Condamné en 2007 à un an et demi de prison avec sursis, le prêtre, aujourd’hui âgé de 55 ans, avait été muté du diocèse de Rodez (sud), où les faits avaient été commis, à celui de Lyon. D’abord vicaire puis curé d’une paroisse, il a ensuite été en 2013 « promu doyen, en charge donc de plusieurs paroisses, par le cardinal » Barbarin, dénonce Le Parisien.

L’épiscopat français a réagi mercredi soir en arguant que cette affaire n’avait « rien à voir » avec un scandale pédophile et en contestant que le prêtre condamné ait été « promu ». « Il a aujourd’hui des responsabilités de formation », a relativisé le porte-parole des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas. « Il s’agit d’un prêtre qui a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour des gestes déplacés sur des majeurs (…) Pour nous, il s’agit de l’histoire d’un homme qui a été coupable de faits qui ont été jugés », a-t-il fait valoir.

Cette nouvelle affaire tombe néanmoins au plus mal pour Philippe Barbarin, déjà visé par deux plaintes pour non-dénonciation de prêtres pédophiles, et lui a valu de nouveaux appels à la démission de la part du gouvernement français. « Évidemment, c’est la moindre des choses », a martelé jeudi la secrétaire d’État Juliette Méadel, interrogée sur la nécessité pour le prélat de « partir ». Le Premier ministre Manuel Valls avait déjà appelé deux jours plus tôt mardi Mgr Barbarin à « prendre ses responsabilités ».

Révélations en cascade

« C’est l’affaire de trop. Le cardinal Barbarin doit renoncer à sa charge », estime Odon Vallet, historien reconnu en France, spécialiste des religions, qui juge dans Le Parisien que « l’Église de France risque de sortir affaiblie » des révélations en cascade. L’archevêque de Lyon est éclaboussé depuis quelques semaines par un scandale d’agressions sexuelles commises sur de jeunes scouts entre 1986 et 1991 par un prêtre de la région, le père Bernard Preynat.

Ce dernier, resté en activité jusqu’en août 2015, a été inculpé le 27 janvier après avoir reconnu les faits. Ses victimes ont porté plainte pour « non dénonciation » contre plusieurs responsables du diocèse, dont Mgr Barbarin, qui a reconnu avoir été informé en 2007 de ses agissements. Suite à la médiatisation de l’affaire, un homme victime d’un autre prêtre au début des années 90 a porté plainte à son tour contre Mgr Barbarin, lui reprochant de ne pas avoir agi quand il l’a informé de son cas en 2009.

Sans viser nommément le prélat, la justice française a ouvert deux enquêtes préliminaires suite à ces plaintes. Âgé de 65 ans, homme à la santé fragile, Philippe Barbarin a bénéficié jusqu’ici d’un soutien sans faille aussi bien de l’épiscopat français que du Vatican, qui a estimé en début de semaine qu’il était « opportun d’attendre le résultat » des procédures en cours.

Figure influente de l’Église de France, l’archevêque de Lyon apparaît d’autant plus exposé que ce cardinal médiatique, progressiste sur les questions sociales, s’est illustré ces dernières années par ses positions conservatrices sur les sujets de société. « Rappelle-toi Barbarin », titrait jeudi en une le quotidien de gauche Libération, accusant de « christianisme à géométrie variable » le cardinal, qui avait mis en avant la protection des enfants pour dénoncer en 2013 la légalisation du mariage homosexuel.

Le Quotidien/AFP

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