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Graves violences de gens du voyage dans les Alpes


Des agents SNCF et la police près de voitures calcinées sur les voies ferrées devant la gare de Moirans, le 20 octobre 2015. (Photo : AFP)

Saccages à Moirans (Isère), mutinerie à la prison d’Aiton (Savoie): à 100 kilomètres de distance, la communauté des gens du voyage a recouru à la violence mardi pour exiger que deux des siens bénéficient d’une permission de sortie de prison.

Une seule raison pour ce déchaînement de violences, dénoncé par le Premier ministre Manuel Valls: permettre au frère et au cousin d’une victime d’un accident de la route, tuée le weekend dernier dans une voiture volée après avoir commis un cambriolage, de pouvoir assister mercredi à ses obsèques.

A Moirans, la situation était revenue sous contrôle dès 20H00, selon la préfecture de l’Isère: «Il n’y a pas de blessés» et «les incendies ont été éteints».

Cinq carcasses de voitures encore fumantes obstruaient toujours les voies ferrées devant la gare, sans qu’on puisse déterminer à ce stade s’il s’agissait d’automobiles en état de marche ou d’épaves (une casse a été pillée par les émeutiers).

Plus tôt dans la journée, le directeur de cabinet du maire Franck Longo avait indiqué à l’AFP qu’une «centaine de personnes avec des barres en fer (avaient bloqué) la gare». «Autour, il y a eu de lourds saccages», notamment sur les voies.

La RD1085 à Moirans a été bloquée «par une trentaine de personnes qui (ont brûlé) des palettes et des carcasses de voitures sur la chaussée». Le trafic SNCF était toujours interrompu vers 22H00. Mais les 218 passagers qui se trouvaient dans les deux rames à proximité de la gare de Moirans ont été évacués.

Le préfet de l’Isère a indiqué avoir reçu «des consignes pour diriger les opérations avec fermeté», que son objectif était de «récupérer le terrain» et «rétablir la circulation». Aucune interpellation n’a été effectuée. Cela se fera ensuite, a expliqué Jean-Paul Bonnetain. «L’exploitation des données, notamment celles fournies par un hélicoptère qui a survolé les incidents, permettra» des identifications.

Mais «il n’y a pas de responsabilité collective» car, si «dans cette communauté (…) certains ont commis des actions inqualifiables, d’autres étaient contre l’expression de cette violence», a-t-il tenu à ajouter.

En attendant, les gens du voyage, sédentarisés de longue date ici, étaient retournés dans leur camp, en contre-bas de la gare, certains réunis devant un feu. Un escadron de gendarmerie les surveillait à quelques mètres et devait passer la nuit là.

Car une nouvelle décision du juge d’application des peines pourrait susciter un nouvel accès de colère. «On attend les ordres du juge», a expliqué à l’AFP un groupe d’une dizaine de gens du voyage. Et «si le juge ne lui donne pas l’autorisation, ça ne s’arrêtera pas car c’est une question de respect», a poursuivi un jeune homme.

Selon le procureur d’Albertville, Jean Pascal Violet, l’avocat du détenu qui a déclenché la mutinerie à Aiton (Savoie) a déposé mardi après-midi une nouvelle permission de sortie «sous escorte» que le juge d’application des peines (JAP) «examinera au plus tôt».

Au même moment, le calme était revenu à Aiton où les deux personnes réclamées par les émeutiers de Moirans sont incarcérées.

Selon Pascal Gaudot, du syndicat UFAP, les incidents ont débuté vers 17H00. Une vingtaine de détenus (sur les 180-190 de l’établissement) ont mis le feu à leur coursive et détruit les serrures de leurs cellules. Une équipe régionale d’intervention et de sécurité (Eris), venue de Lyon et spécialisé dans le rétablissement de l’ordre dans les prisons, avait été dépêchée sur place.

«Fermeté»

A Moirans, les choses ont commencé à déraper lorsque des représentants des gens du voyage n’ont pas obtenu du juge d’application des peines que les détenus soient libérés pour assister aux obsèques.

«Leur avocat a fait appel de la décision. N’ayant pas eu de réponse, ils ont engagé vers 16h00 un bras de fer qui a commencé» sur la RD 1085 (…) où, «ayant pillé la casse voisine, ils ont bloqué» ensuite la route et «mis le feu aux véhicules», a ajouté la mairie.

Dans la nuit de vendredi à samedi, trois jeunes gens du voyage gantés et cagoulés, dont certains mineurs, sont morts, zprès avoir commis un cambriolage, à Saint-Joseph-de-Rivière (Isère) à bord d’une voiture qu’ils venaient de voler.

Ce sont les proches de l’une des victimes dont la libération est réclamée par les gens du voyage. «Face aux violences inadmissibles commises à Moirans, une seule réponse: la fermeté», a tweeté le Premier ministre Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a «félicité les gendarmes, les policiers et les sapeurs-pompiers» qualifiant les «exactions» d’«inadmissibles».

Cette explosion de violence rappelle ce qui s’est passé fin août dans la Somme lorsque des gens du voyage avaient bloqué la circulation sur l’autoroute A1 pour demander que le fils d’une victime d’une fusillade, incarcéré, puisse assister aux funérailles de son père.

AFP/M.R.

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