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François Fillon gagne son bras de fer et impose sa candidature


Sauf ultime revirement d'ici le 16 mars, François Fillon sera bien le candidat de la droite à l'élection présidentielle française. (photo AFP)

Le conservateur François Fillon, menacé par la justice et en chute libre dans les sondages, a remporté son bras de fer avec son camp et réussi à imposer sa candidature à la présidentielle en France, après avoir surmonté plusieurs tentatives de le faire renoncer.

« Il les a eus », titrait ainsi en Une mardi Le Parisien/Aujourd’hui en France, résumant le sentiment général de la presse quotidienne française. « François Fillon a gagné son bras de fer », selon Ouest-France, il a remporté « la bataille tactique », selon l’Alsace, deux des principaux quotidien régionaux français.

A l’issue d’une réunion de crise, lundi en fin d’après-midi, le comité politique du parti Les Républicains a ainsi réitéré « à l’unanimité son soutien » à M. Fillon, malgré le scandale des emplois présumés fictifs de son épouse Penelope et de deux de ses enfants, salariés en tant qu’assistants parlementaires pendant plusieurs années.

« Les Républicains sont rassemblés et déterminés autour de François Fillon », a déclaré le président du Sénat, Gérard Larcher, à l’issue de cette réunion destinée à « évaluer la situation » dans une campagne électorale totalement parasitée par ce feuilleton judiciaire qui risque de déboucher sur une inculpation du candidat.

« Quel gâchis »

M. Fillon, 63 ans, a pour sa part appelé « tous les hommes et femmes de bonne volonté à se rassembler » autour de lui. « Je prendrai des initiatives sur la constitution d’une équipe qui fasse appel à tous les talents », a-t-il promis.

« Nous avons perdu trop de temps en discussions vaines, laissant le champ libre à l’extrême droite et aux candidats de la gauche qui se frottent les mains en contemplant notre désunion », a-t-il affirmé, selon le texte de sa déclaration communiqué à la presse.

Les enquêtes d’opinion le donnent désormais éliminé dès le premier tour du 23 avril, avec un second tour entre la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron.

Jusqu’à la dernière minute, les proches de l’ancien président Nicolas Sarkozy ont tout fait pour le convaincre de « prendre ses responsabilités et de se choisir lui-même un successeur ».

En vain. Conforté par un grand rassemblement populaire organisé dimanche à Paris, l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy a répété devant l’état-major de son parti que sa candidature était « la seule légitime ». Dimanche il avait déjà affirmé que « personne ne pouvait l’empêcher d’être candidat ».

Pressé par une partie de son camp de se présenter pour sauver la campagne, Alain Juppé, finaliste malheureux de la primaire de la droite organisée fin 2016, a renoncé lundi à servir de recours, tout en étrillant au passage l »obstination » de son ancien rival.

« Quel gâchis ! François Fillon avait un boulevard devant lui », a lâché lundi Alain Juppé, lui aussi ancien Premier ministre, annonçant que faute de rassemblement derrière lui, il ne se porterait pas candidat.

« Le déclenchement des investigations de la justice à son encontre et son système de défense fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot (…) l’ont conduit dans une impasse », a-t-il déploré.

« Menace » d’une victoire Le Pen

Seule concession, M. Fillon a accepté de rencontrer Nicolas Sarkozy et Alain Juppé pour discuter de la situation, selon des participants au comité politique. « Mais il faut que ce soit vite. On ne va pas laisser le feuilleton durer éternellement », a-t-il dit.

Sortant d’un long silence, M. Sarkozy avait proposé cette réunion dès lundi matin: « Face à la gravité de la situation, (…) chacun a le devoir de tout faire pour préserver l’unité », avait-t-il déclaré dans un communiqué, appelant à « trouver une voie digne et crédible à une situation qui ne peut plus durer ».

Plus de 300 élus de la droite ont d’ores et déjà abandonné François Fillon, dont son directeur de cabinet et son porte-parole.

Jean-Christophe Lagarde, président du parti centriste UDI, qui a lui aussi claqué la porte, avait pour sa part estimé dans la matinée que la droite devait « changer de candidat pour avoir une chance de gagner », car François Fillon ne « rassemble plus personne ».

« Jamais sous la Ve République une élection présidentielle ne s’était présentée de façon aussi confuse », avec une gauche « déboussolée », une extrême droite qui « en rajoute dans le fanatisme antieuropéen » et la popularité croissante d’Emmanuel Macron, malgré son « immaturité politique » et la « faiblesse » de son projet, a analysé lundi M. Juppé.

Ce climat délétère a aussi poussé le président François Hollande à sortir de sa réserve pour mettre en garde lundi contre la « menace » d’une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle. « Il faut sortir de cette stratégie de la peur », a rétorqué Marine Le Pen.

Le Quotidien / AFP

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