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Fin du 53e Salon de l’Agriculture, marqué par la crise de l’élevage


Un éleveur dénonce les difficiles conditions de sa profession, au Salon de l'agriculture le 29 février 2016. (Photo : AFP)

Le Salon de l’agriculture qui s’est achevé dimanche a été marqué par une bronca sans précédent contre le président François Hollande, expression de la colère et du désespoir d’agriculteurs étranglés par la crise de l’élevage.

Le Salon reste populaire, mais ses chiffres de fréquentation sont attendus en baisse, selon son président, Jean-Luc Poulain. «On sera très vraisemblablement ce soir sous les 690 000 (visiteurs), à moins d’un miracle», a-t-il déclaré dimanche matin au micro d’Europe 1.

L’année dernière, la plus grande ferme de France avait reçu plus de 691 000 visiteurs, mais cette année les nocturnes et la soirée des professionnels, le jeudi, ont été annulés. «On sera en baisse très certainement de visitorat, mais on part avec un contexte que vous connaissez : le post 13 novembre (…), la crise agricole qui a fait qu’une partie des agriculteurs ne se sont pas déplacés», a-t-il expliqué. L’édition 2016 du Salon a été marquée par la crise que traversent plusieurs filières agricoles, dont l’élevage.

Dès l’inauguration, des éleveurs en colère ont montré leur malaise en accueillant le président François Hollande par des huées accompagnées d’insultes et d’appels à la démission. «Il s’en fout complètement de nous», «Bon à rien», «On n’est pas des migrants», «Connard», «Fumier», ces éleveurs n’ont pas mâché leurs mots, exprimant le désespoir d’une profession au bord du gouffre. Puis, des dizaines de manifestants de la FNSEA ont démonté le stand du ministère de l’Agriculture et protesté à grands coups de sifflet, poussant les CRS à intervenir.

Plus courte visite du quinquennat

Le chef de l’Etat a quitté le salon après environ six heures de visite, soit la plus courte depuis le début de son quinquennat. Deux jours plus tard, les éleveurs ont réservé un accueil tendu mais sans violence à Manuel Valls. Le premier ministre a reçu les représentants des filières d’élevage et a cherché à les rassurer. C’est également ce qu’a cherché à faire le commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan – dont Marine Le Pen a dit «vouloir la peau» – qui a fait mercredi une visite discrète au Salon, sans déambuler dans les allées mais en prenant part à une réunion avec le ministre Stéphane Le Foll et les représentants de l’élevage français.

Pour le président de la FNSEA, Xavier Beulin, «le Salon a permis des rencontres plutôt positives, comme avec le commissaire européen Phil Hogan : les professionnels ont pu lui exposer leurs difficultés et les solutions, selon eux, à mettre en place pour y répondre», comme les outils de limitation de la production (par le retrait des excédents du marché) et le soutien aux exportations. Mais ce 53e Salon de l’Agriculture «restera une édition exceptionnelle, avec un état d’esprit très difficile au départ», déclare-t-il. «C’est retombé, mais la colère et le désarroi sont toujours là».

Outre les mesures au niveau européen, les agriculteurs attendent que l’Etat prenne les choses en main concernant les relations entre la grande distribution et ses fournisseurs en revoyant la loi de modernisation de l’économie (LME), alors que les négociations annuelles viennent de s’achever dans un climat tendu. «S’il faut légiférer pour encadrer davantage nous le ferons», a prévenu Manuel Valls lundi. François Hollande avait déjà annoncé deux jours plus tôt qu’il voulait modifier la LME «avant l’été» pour protéger les producteurs.

En attendant, les éleveurs ont reçu le soutien du grand public. Les visiteurs «essayent de comprendre, demandent ce qu’il peuvent faire pour nous aider, 90% nous ont dit +on est avec vous+», a indiqué à l’AFP Louis Gauthier, éleveur dans la Somme. «Tout le monde veut acheter les T-shirts» noirs portant la mention «Je suis éleveur, je meurs», ajoute-t-il.

Le Quotidien/AFP

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