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Crise des Rohingyas: Washington dénonce à son tour un « nettoyage ethnique »


Rex Tillerson a réclamé une "enquête crédible et indépendante" sur le terrain. (photo: AFP)

Après les Nations unies, les États-Unis ont dénoncé mercredi à leur tour un « nettoyage ethnique contre les Rohingyas » en Birmanie, où plus de 600 000 membres de cette minorité musulmane ont été poussés à fuir les violences depuis fin août.

« Les responsables de ces atrocités doivent rendre des comptes », a déclaré le secrétaire d’État américain Rex Tillerson dans un communiqué, accusant « certains parmi l’armée et les forces de sécurité birmanes ainsi que les groupes locaux d’autodéfense ».

Il n’a pas exclu des « sanctions ciblées » américaines contre les responsables des violences.

Le chef de la diplomatie américaine s’est rendu mi-novembre en Birmanie où il a rencontré séparément le chef de l’armée Min Aung Hlaing et la dirigeante du gouvernement civil Aung San Suu Kyi. Depuis le début fin août de ce nouveau drame des musulmans rohingyas, la plus grande population apatride au monde, les États-Unis prennent soin de ne pas blâmer la prix Nobel de la paix, mais évoquent ouvertement la responsabilité de l’armée.

« C’est un équilibre délicat », reconnaît-on de source diplomatique américaine, soulignant que Washington ne veut pas faire dérailler la transition démocratique dans ce pays asiatique longtemps dirigé d’une main de fer par les seuls militaires.

L’ONU avait dénoncé dès le 11 septembre une « épuration ethnique » mais l’administration américaine s’était refusée jusqu’ici d’en faire autant, expliquant qu’elle analysait la situation.

« Après une analyse attentive et approfondie des faits disponibles, il est clair que la situation dans le nord de l’État Rakhine constitue un nettoyage ethnique contre les Rohingyas », a ainsi déclaré mercredi Rex Tillerson.

Enquête indépendante

En réponse à des attaques de la rébellion rohingya, l’armée birmane mène une campagne de représailles dans cet État de l’ouest de la Birmanie.

Plus de 600 000 Rohingyas ont fui depuis fin août au Bangladesh voisin, dont la moitié sont des enfants, et ont témoigné d’exactions, viols ou meurtres de la part des soldats birmans, accusés de vouloir vider la région des musulmans.

Le chef de la diplomatie américaine a de nouveau condamné les attaques imputées aux rebelles rohingyas. « Mais aucune provocation ne peut justifier les horribles atrocités qui ont suivi », a-t-il martelé.

Il a réclamé une « enquête crédible et indépendante » sur le terrain.

« La réponse de la Birmanie à cette crise est cruciale pour réussir sa transition vers une société plus démocratique », a-t-il estimé, demandant à l’armée mais aussi au gouvernement de « respecter les droits de l’homme » et « faire rendre des comptes à ceux qui ne le font pas ».

Rex Tillerson a salué les « récents échanges entre les gouvernements de Birmanie et du Bangladesh » en vue du rapatriement des réfugiés rohingyas et a appelé l’armée birmane à « soutenir » ces démarches. L’Union européenne et la France ont récemment apporté leur soutien à ces efforts.

Le retour des réfugiés rohingyas, victimes de longue date de discriminations en Birmanie, est au cœur de discussions commencées il y a plusieurs semaines entre les deux pays voisins mais les discussions peinent à avancer. Le chef de l’armée birmane a d’ailleurs récemment jugé impossible le retour en masse de ces réfugiés, comme le propose le Bangladesh.

Pékin a annoncé avoir proposé un plan qui a, selon lui, l’approbation de la Birmanie et du Bangladesh. « Nous attendons plus de détails de la part de la Chine sur la manière dont elle propose de gérer ces questions délicates cruciales pour résoudre la crise », s’est borné à répondre le département d’État américain.

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