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[BGL Ligue] Edis Agovic : « La Jeunesse a fait une connerie »


Edis Agovic n'en finit plus de marquer et faire marquer avec Strassen, où il est incontournable. Des regrets, la Jeunesse ? (Photo Mélanie Map's)

Edis Agovic, impressionnant avec l’UNA Strassen, regrette ouvertement que son club formateur, la Jeunesse, ne lui ait jamais vraiment donné la chance qu’il méritait. Et du coup, se délecterait de la priver d’Europa League.

Si Mickael Jager n’avait pas un tel rendement en pointe de l’attaque de Strassen avec ses 15 buts, l’UNA et ses fans n’auraient sûrement d’yeux que pour Edis Agovic, ses 6 buts et ses 8 passes décisives, qui après des années de galère pour se faire sa place en DN, parvient enfin, à 22 ans, à nous sortir une saison complète et vraiment admirable.

Strassen est à sa place ?

Edis Agovic : Ah oui, je trouve que c’est mérité ! Hormis contre les grosses équipes, on n’a quand même pas perdu beaucoup de matches !

Est-ce que l’UNA va parvenir à le rester, 4e ?

J’espère bien ! Contre Rosport, samedi, on aura un match très difficile. Si on le remporte, je crois qu’on parviendra à garder notre 4e place.

Ça ne vous embête pas un petit peu d’être en compétition directe avec la Jeunesse Esch pour cette place qui sera européenne si le F91 ou le Fola remporte la Coupe ?

D’un point de vue personnel, ça me fait très plaisir de les avoir dépassés. C’est un peu salaud de penser comme ça, mais mon frère (Denis) et moi, on est contents de montrer à la Jeunesse qu’elle a fait une connerie en ne nous faisant pas confiance. Et mon frère pense comme moi. D’ailleurs, c’est moi qui l’ai fait venir l’été dernier à Strassen.

Il ne voulait pas quitter la Jeunesse ?

Quand je suis parti de la Jeunesse (NDLR : en 2012), il ne voulait pas! Il m’a dit : « On reste ensemble et on va réussir ensemble ». Mon père aussi me disait la même chose, qu’il fallait « absolument qu’on ne se sépare pas ». Toute la vie, on avait joué dans les mêmes équipes et Denis voulait qu’on arrive à percer ensemble. Alors oui, je reconnais qu’il est dommage que nous n’ayons pas réussi à percer dans notre club et ça a été un déchirement pour moi de partir, mais voilà, maintenant, on réussit, et c’est à l’UNA. Aujourd’hui, on est à 100% Strassen !

Vous pensez que la Jeunesse a fait fausse route avec ses jeunes ?

Je trouve que oui. Et tous les jours, je croise des gens à Esch qui me disent la même chose. Attention, la Jeunesse, cela reste mon club et je ne me permettrais pas de trop la critiquer, mais sa politique n’est pas la bonne…

Ce n’est pas naïf de penser qu’un club de ce standing puisse se permettre de faire confiance aux jeunes comme le fait Strassen aujourd’hui, même si c’est avec raison ?

Peut-être que oui, mais aujourd’hui, que disent les supporters ? J’ai encore parlé avec certains dimanche soir. Ils constatent que Strassen a une équipe géniale et ils m’ont carrément dit : « On espère que vous resterez à cette 4e place et que vous jouerez la Coupe d’Europe. » Ils trouvent que la Jeunesse d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’il y a dix ans, que même les jeunes du club qui sont restés jouent globalement trop peu et aussi que « ça va commencer comme dans les autres clubs, avec plein de joueurs qu’on ne connaît pas et qui ne sont pas du club ».

Vous aviez vraiment le sentiment d’être bloqué à la Frontière? Vous n’auriez pas pu patienter ?

Avec Sébastien Grandjean, je jouais beaucoup et mon frère aussi. Il nous donnait de la confiance. Et puis il est parti et je me suis retrouvé en deuxième équipe. Zanini voulait que je reste quand je lui ai expliqué que je souhaitais trouver du temps de jeu, mais moi, je voulais des garanties. À Kayl/Tétange, on a peut-être perdu tous nos matches, mais au moins, j’empilais des minutes. Et puis Dan Theis est arrivé et il m’a expliqué que je n’étais que numéro 4 dans son esprit. Il n’avait pas l’air disposé à me laisser ma chance et quand j’ai commencé à pas mal marquer en PH avec Strassen, la saison passée, il a essayé de me faire revenir en hiver. Mais là, c’est moi qui ai dit non. C’était une question d’orgueil.

Je ne sais pas si j’en serais là si j’étais resté à la Jeunesse ou si j’y étais revenu, mais je sais que Grettnich me donne la même confiance que Grandjean m’avait donnée. Et ça fait la différence.

Vous ne vous voyez pas retourner un jour à la Jeunesse si elle vous reformule une offre, après avoir fait la paix ?

C’est dur à dire. Là, aujourd’hui, je ne réfléchis vraiment pas à ça. On a tout gagné en catégories de jeunes avec la Jeunesse, y compris la Coupe du Prince, en gagnant 6-0 (NDLR : en 2011, face à Mertert/Wasserbillig), une épreuve que le club n’avait plus gagnée depuis 40 ans (NDLR : en 1972, contre le Swift, 2-1). Et ils ont laissé partir quasiment tout le monde. Certains ont même arrêté parce qu’ils n’avaient plus envie…

Vous en serez où, le 30 avril prochain, au moment de recevoir la Vieille Dame sur votre pelouse du stade Jean-Wirtz ?

Nous, je pense qu’on sera encore 4e, mais eux, je pense qu’ils vont tomber encore un petit peu.

Strassen européen, cela fait plusieurs mois qu’à chaque fois que cette possibilité est évoquée en face d’un membre du club, il répond que c’est seulement un sujet de plaisanterie. Pour vous aussi ?

Au début, oui. On en rigolait. Mais là, ça commence à être sérieux.

Y compris pour vous, qui n’y avez goûté que l’espace de trois petites minutes…

(Il sourit) Oui, mais même trois minutes, quand on a 18 ans, c’est important. C’était en plus dans un grand stade, celui de Ljubljana, une ville qui n’est pas très loin du Monténégro, le pays d’origine de mes parents. J’ai même un oncle qui vit dans cette ville, alors…

Entretien avec Julien Mollereau

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