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Vol de cartes de crédit : 83 000 euros de butin


Madi reconnaît tous les faits qui lui sont reprochés à l’exception du vol avec violence. Le plus grave. La violence serait une limite à ne pas dépasser pour lui.  (photo archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

Madi s’est enrichi en volant par la ruse les cartes bancaires de personnes âgées et vulnérables. Le Français affirme avoir agi pour rembourser des dettes de jeu et protéger sa famille.

«Il a attendu ma cliente près de la porte du sas de son agence bancaire à Ettelbruck. Il lui a barré la route alors qu’elle s’apprêtait à sortir et l’a attirée vers le distributeur pour l’obliger à utiliser sa carte de crédit et taper son code», rapporte une avocate. «Il est ensuite parti avec sa carte bancaire.» Le prévenu a prélevé 1 500 euros sur le compte bancaire de la victime. 1 700 euros, 2 300 euros, 2 400 euros et 1 370 euros sur les comptes d’autres victimes. Madi, grand gaillard de 35 ans, a commis une cinquantaine de vols du même type à travers le Grand-Duché entre avril 2017 et octobre 2019.

Le Marseillais a été «prêté par les autorités françaises» pour comparaître face à la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, vendredi. Originaire de Marseille, il purge une peine de trois ans de prison pour une trentaine de vols et escroqueries commis en France. Madi reconnaît les faits. «Je détournais l’attention des victimes en leur parlant», explique-t-il. Au total, Madi a volé 83 000 euros. La plupart du temps à des personnes âgées ou vulnérables. Certaines étaient présentes dans la salle d’audience vendredi.

«J’étais allée prélever de l’argent pour la semaine avant de me rendre dans un magasin. Il m’a suivie dans le magasin et a prétendu que le distributeur d’argent donnait des billets de 50 euros», rapporte une dame âgée venue accompagnée de son fils. «Il a tellement insisté que j’ai fini par le suivre jusqu’au distributeur. Puis, ma carte bancaire a été avalée.» Les victimes présumées ont du mal à expliquer comment Madi les a escroquées, mais son mode opératoire semble bien rodé, selon la présidente de la chambre correctionnelle.

Le prévenu travaillait seul

Le jeune homme, habitué des tribunaux français, prétend avoir agi seul. Pour rembourser ses dettes de jeu. «Je suis un joueur de poker compulsif. J’ai dû emprunter de l’argent que je dois rembourser si je ne veux pas que mes créditeurs s’en prennent encore à ma famille», explique Madi à la barre. «ll a cherché la rapidité et la facilité» pour sauver sa famille du danger, selon son avocat. Les images de vidéosurveillance des agences bancaires montrent pourtant le prévenu en train de parler à un autre homme qui «bousille les caméras» quelques minutes avant les différents faits.

«J’ai toujours travaillé seul. J’ai juste demandé à cet homme si ça marchait», répond Madi. «C’est vous qui le dites !», lui lance la présidente incrédule. «Pourquoi être venu au Luxembourg ?», interroge-t-elle. «Je ne voulais pas commettre de délit en France», répond le prévenu. «Ce n’était pas une bonne idée, les faits sont punis plus gravement au Luxembourg. Les chambres correctionnelles ont la réputation d’être relativement sévères», note la présidente. Le procureur a requis une peine de six ans de prison et une amende appropriée.

«Cela paye mieux au Luxembourg ou alors c’était devenu trop chaud en France», a avancé le représentant du parquet en guise d’explication sur la présence de Madi au Grand-Duché. Il a retenu le vol à l’aide de fausses clés à son encontre. Le Marseillais conteste uniquement un des faits. «On me reproche d’avoir utilisé la violence, mais je ne suis jamais violent», assure-t-il. Mais surtout, contrairement aux 46 autres faits qui lui sont imputés, il n’y a pas d’images de vidéosurveillance pour attester de son implication.

Ce sont ces images, de bonne qualité, diffusées auprès de toutes les polices européennes qui ont permis aux autorités suisses d’identifier le prévenu, précise le procureur, avant d’ajouter que son casier judiciaire fait état de condamnations du tribunal de Marseille à des peines de prison alors que Madi était encore mineur.

À la barre, le prévenu a promis d’essayer de rembourser les victimes. Il aurait changé depuis qu’il a eu un enfant et a entrepris une formation d’auxiliaire ambulancier. «Il veut rendre à la société ce qu’il lui a pris», assure son avocat qui demande au tribunal de prononcer une peine plus basse et de ne pas retenir le vol avec violence. «Une limite que mon client s’est fixée et qu’il n’a pas franchie.» Madi est accusé d’avoir bousculé un homme âgé pour lui prendre sa carte bancaire.

Le prononcé est fixé au 20 avril prochain.

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