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Visite d’État au Portugal : «Tout sauf un dépaysement» 


Le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, aux côtés du couple grand-ducal au miradouro Santa Luzia. (Photos : sip)

En visite d’État au Portugal pour la deuxième fois – fait rarissime –, le Grand-Duc Henri a dit toute sa reconnaissance à la communauté portugaise qui a, selon lui, changé le Luxembourg d’une façon «inouïe».

Tandis que cette première journée de la visite d’État au Portugal était rythmée par plusieurs discours officiels et cérémonies protocolaires, le Grand-Duc Henri a pointé le caractère atypique de ce séjour, directement lié à la relation si particulière qui unit les deux nations. D’abord, aux côtés du président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, dans sa résidence du palais de Belém, puis avec le maire de Lisbonne, Carlos Moedas, dans les salons de l’Hôtel de ville, en présence de la délégation ministérielle.

«Durant le règne, il existe une règle qui interdit une deuxième visite d’État dans un même pays. Si nous y avons dérogé, c’est parce que nous avons une relation exceptionnelle», a-t-il ainsi affirmé, face au président portugais, à l’initiative de cette nouvelle rencontre, douze ans après la venue du couple grand-ducal au Portugal en 2010.

De manière très sincère, le Grand-Duc a ensuite salué «l’apport inouï de la population portugaise à la construction du Luxembourg», lui adressant la reconnaissance de toute la nation : «Les Portugais issus de la deuxième et troisième génération contribuent aujourd’hui à tous les niveaux de notre société. L’ancien ministre de la Justice, Félix Braz, est un exemple de cette réussite», a-t-il remarqué, ajoutant que le fait d’être accompagné de quatre membres du gouvernement pour ce voyage révélait tout l’attachement et l’importance accordée aux relations bilatérales.

De son côté, le président Rebelo de Sousa a remercié «les Portugais du Luxembourg qui créent le Portugal au-delà de ses frontières physiques» et insisté sur l’amitié entre les deux chefs d’État, alors que les deux gouvernements travaillent main dans la main dans de nombreux domaines – éducation, santé, solidarité sociale, économie, finance ou sciences et technologies.

Les multiples rendez-vous des ministres Jean Asselborn, Franz Fayot, Corinne Cahen et Yuriko Backes, avec leurs homologues, en témoignent, tout comme l’importante délégation économique conviée – plus de 130 participants triés sur le volet, avec un forum économique au programme ce jeudi.

Le Grand-Duc se considère comme luso-descendant

En fin de matinée, c’est au son de 21 coups de canon et des hymnes nationaux que le Grand-Duc et la Grande-Duchesse ont été accueillis devant le majestueux monastère des Hiéronymites, à l’embouchure du Tage, où fut signé le fameux «traité de Lisbonne».

Après un déjeuner privé à la résidence officielle du président de la République, ils ont été conduits dans les salons de l’Hôtel de ville de Lisbonne, où ils ont reçu les honneurs militaires sous le regard de dizaines de passants massés Praça do Municipio.

L’après-midi, c’est à bord d’un tramway historique que le couple grand-ducal a visité la vieille ville, empruntant la très touristique ligne 28 jusqu’au miradouro Santa Luzia, belvédère offrant l’une des plus jolies vues sur le Tage et le quartier de l’Alfama.

Dans la soirée, au dîner de gala offert par le président portugais au palais national d’Ajuda, le Grand-Duc a observé que cette visite était «tout sauf un dépaysement, tant votre langue résonne dans nos rues et tant vos compatriotes enrichissent la vie de tous les jours». Il a lui-même admis être très fier de ses racines lusitaniennes par les Bragance : «J’ai du sang portugais dans mes veines et je voudrais, si vous me le permettez, me considérer comme luso-descendant», a-t-il ajouté, plaidant également pour un renforcement des relations économiques entre les deux pays à l’avenir.

Asselborn tempère : «La médaille a un revers»

Si les rencontres officielles ont privilégié les côtés positifs de l’immigration portugaise au Luxembourg ces dernières décennies, le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a rappelé que tout n’est pas rose et que de nombreux efforts restent à fournir : «Oui, la présence des Portugais au Luxembourg a fondamentalement changé le pays et sans eux, le Grand-Duché ne serait pas ce qu’il est. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes. La médaille a un revers, l’intégration n’est pas automatique et je l’ai rappelé au président portugais», a-t-il confié, citant les thèmes de l’école, du social ou du logement.

Lui emboîtant le pas, la ministre de l’Intégration, Corinne Cahen, a rappelé qu’un récent sondage sur le racisme au Luxembourg révélait qu’un tiers des Portugais interrogés se sentaient discriminés, notamment au niveau de la langue, alors que certains ne maîtrisent ni le luxembourgeois ni le français.

Elle a notamment insisté sur l’importance de leur participation à la vie politique communale, à un an des élections : «Nous souhaitons que les membres de la communauté portugaise soient davantage acteurs de leur intégration et qu’ils s’inscrivent pour voter. Nous avons d’ailleurs demandé l’appui des médias portugais, très regardés au Luxembourg», a-t-elle indiqué, ajoutant qu’une campagne allait aussi être lancée.

Le Grand-Duc et la Grande-Duchesse ont emprunté l’emblématique ligne 28 du tram historique.
Devant le monastère des Hiéronymites, les deux chefs d’État ont passé les troupes en revue.
Le maire Carlos Moedas remettant symboliquement la clé de la ville au Grand-Duc Henri.

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