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Verdissement du gaz et du nucléaire : les députés luxembourgeois consternés


Les activités nucléaires et gazières, certes limitées dans le temps, seront labellisées finance durable. Le monde politique local est choqué.  (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le Parlement européen a finalement décidé que le nucléaire et le gaz étaient dignes de la finance durable et leur a collé un label vert qui surprend l’ensemble de la classe politique.

Le Parlement a rejeté, mercredi, la proposition s’opposant à l’inclusion des activités nucléaires et gazières à la liste des activités durables sur le plan environnemental. Le gouvernement luxembourgeois a indiqué, dans la foulée de ce vote, se préparer à se joindre à une action juridique, initiée par l’Autriche, contre cette décision de la Commission européenne.

«Le Luxembourg s’est, depuis le début des négociations, opposé à une éventuelle inclusion de l’énergie nucléaire et du gaz naturel dans la taxonomie. La véritable transition vers la neutralité climatique doit faire abstraction des énergies fossiles, tout comme de l’énergie nucléaire, technologie coûteuse et hautement dangereuse non seulement pour les citoyens, mais aussi pour l’environnement et les ressources naturelles», communique le gouvernement.

Mercredi, dans les rangs des députés réunis en séance plénière à la Chambre, c’était la consternation. «Nous ne sommes évidemment pas heureux du tout», lâche Josée Lorsché, cheffe de file des verts. «Nous avons toujours espéré que la situation s’inverserait, qu’une majorité allait se dégager pour s’opposer à ce label vert accordé au nucléaire et au gaz. Maintenant, il faut vivre avec», ajoute-t-elle.

«Une question de choix politique»

Les verts regardent en coin les eurodéputés libéraux alors qu’avec les socialistes, ils s’étaient vivement opposés à cette inclusion dans la taxonomie. «C’est une question de choix politique», complète Josée Lorsché. «Je ne comprends pas les gens qui disent que c’est une chance pour l’avenir», regrette la députée, dont le parti prône des sources d’énergies durables «qui ne vont pas détruire des pays entiers», dit-elle encore.

Le pirate Sven Clement se dit «frustré par cette attitude de « Sprangprozession », qui consiste à faire trois pas en avant et deux en arrière, de la Commission européenne. On est en pleine urgence climatique et la Commission veut consacrer plus d’argent dans des secteurs qui ne sont ni résilients contre les chocs comme la guerre en Ukraine ni durables. De plus, il existe un risque de cofinancer la Russie à travers cette taxonomie», déclare le député.

Même son de cloche du côté de Cécile Hemmen (LSAP) : «Nous soutenons notre député européen Marc Angel qui a voté contre cette classification. Il faut savoir que dans notre parti, nous avons ça dans notre ADN depuis le congrès dans les années 70 où nous nous sommes opposés au projet de centrale à Remerschen. Une décision pareille, ça nous fait bondir.»

Du greenwashing

Le libéral Max Hahn parle de «greenwashing» et se dit «pas content du tout». «Je suis d’accord avec le gouvernement qui, avec l’Autriche, veut aller contre cette décision de la Commission européenne, surtout que le vote était serré. J’avais un autre espoir parce que les investissements dans le nucléaire ne donnent des résultats que 20 ans plus tard et cela ne va pas résoudre nos problèmes d’approvisionnement actuels», estime-t-il.

Claude Wiseler (CSV) ne dit pas l’inverse. «Nos votes étaient clairs, on était pour l’objection et je suis triste que ce soit passé tout de même, car on est d’avis que ni le nucléaire ni le gaz ne peuvent être classés comme énergies durables. Cette opinion est argumentée non seulement d’un point de vue économique, mais aussi stratégique. Le gaz russe n’est pas durable d’un point de vue stratégique pour l’Europe.»

En revanche, le député chrétien-social se dit «hésitant» sur la réponse du gouvernement, «car c’est un vote démocratique», ajoute-t-il.

«Une garantie bancaire pour le nucléaire»

C’est aussi ce que pense Christophe Hansen, l’eurodéputé CSV : « On est très déçus, beaucoup de lobbying a été constaté et de fausses informations ont circulé qui disaient que cet acte délégué permettrait de réduire les coûts de l’énergie».

Il estime que l’acte délégué n’était pas le meilleur instrument pour une question aussi cruciale. «On ne peut dire que oui ou non, ce n’est pas terrible. Cet instrument est d’ordinaire réservé pour des décisions purement techniques. Ici, c’est une question hautement politique sur fond de guerre en Ukraine», déclare Christophe Hansen.

«C’est juste une garantie bancaire pour le nucléaire que revendiquent la France, la Suède et la Finlande», ajoute-t-il. «Les Roumains et les Polonais, qui ont voté en faveur de ce label vert pour ces énergies, n’en profiteront pas. Les Polonais n’ont pas encore de stratégie de sortie du charbon.»

En attendant, tous craignent que les investissements dans les énergies renouvelables et vraiment durables diminuent.

«C’est une défaite, mais c’est la démocratie», conclut-il, doutant lui aussi de l’action que veut mener le gouvernement luxembourgeois devant la Cour de justice de l’UE.

Un commentaire

  1. Les gens hostiles au nulcléaire sont des idéologues bornés qui ne comprennent rien aux problèmes énergétiques. Il semble que ce soit généralisé parmi les politiques.
    Il faudrait donner quelques leçons de physique élémentaire à tous ces politiques!

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