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Usurpation d’identité : son frère se fait passer pour lui pour commettre des délits


Kevin n’a plus de contact avec son frère, pourtant la justice ne manque pas de le rappeler à lui.  (Photo : archives lq)

Frank commet des délits et Kevin est condamné à sa place. C’est ce que ce jeune Français est venu expliquer aux juges. Il serait victime d’une usurpation d’identité.

Kevin, 31 ans, a été condamné à 9 mois de prison pour vol en octobre 2021. Un délit qu’il n’aurait pourtant pas commis. Ce jeune Français dit être victime d’une usurpation d’identité. Son frère Frank se ferait passer pour lui pour commettre des délits en France et au Luxembourg avec sa compagne Sabrina. En janvier 2019, le couple aurait volé quatre smartphones dans un supermarché de Luxembourg et Kevin a été condamné à la place de son frère. Hier, il était face à la 13e chambre correctionnelle de Luxembourg pour demander l’annulation de ce jugement.

«Cela dure depuis six ans», explique Kevin qui a déposé plainte contre son frère auprès de la gendarmerie française et de la police grand-ducale pour usurpation d’identité. «J’aimerais comprendre comment il s’y prend. Mon frère est plus clair de peau, n’a pas la même corpulence et est tatoué. La différence entre nous est visible sur les caméras de vidéosurveillance.»

Les deux frères ne sont pas jumeaux et ne se ressemblent a priori pas, pourtant le stratagème semble fonctionner puisque les condamnations s’accumulent à l’encontre de Kevin. «Quand je lui ai demandé d’arrêter, mon frère m’a répondu de ne pas m’inquiéter, qu’il ne m’arriverait rien», rapporte-t-il à la barre. «J’ai essayé de protéger mon frère parce qu’il a un enfant.» Aujourd’hui, il n’en peut plus d’être accusé à tort.

Un policier présent le jour des faits a confirmé par courrier au tribunal que l’homme qui est accusé d’avoir commis les vols de smartphones ressemblait d’avantage à Frank qu’à Kevin. Un avis partagé par la représentante du ministère public qui a «un sérieux doute quant au fait que Kevin ait commis les infractions qui lui sont reprochées». L’homme sur les images de vidéosurveillance du supermarché – bien qu’il lui ressemble – ne serait pas le jeune homme à la barre. De plus, il semble peu logique à la magistrate que Kevin commette systématiquement des vols avec sa belle-sœur. Elle a requis l’acquittement.

Une nouvelle chance

John a également fait opposition à un jugement rendu en son absence. Le jeune homme de 34 ans a été condamné à 12 mois de prison en octobre dernier pour avoir vendu des stupéfiants. À la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, il a expliqué s’être trouvé à Paris au moment du procès et ne plus avoir eu de contact avec son avocat. Donc ne pas avoir su qu’il était convoqué face aux juges.

Le Nigérian vit dans un foyer pour réfugiés en France et dit vivre en travaillant au noir sur des chantiers tout en percevant les aides de l’État. Une déclaration qui n’a guère plaidé en sa faveur. Mais tout comme pour la vente de stupéfiants, John prétend ne pas avoir su que c’était illégal.

Le soir du 7 décembre 2021, il a été pris en flagrant délit de vente de stupéfiants dans le quartier Gare à Luxembourg ainsi que dans un train en direction de Metz. Il avait vendu 0,3 gramme de cocaïne à un toxicomane. Les policiers avaient également trouvé 23,3 grammes de marijuana et 9 grammes de cocaïne sur lui.

Un homme d’origine arabe lui aurait remis les stupéfiants en gare de Nancy et lui aurait proposé de le suivre à Luxembourg pour les vendre, s’est justifié le prévenu hier. Si cette version ne correspond pas aux versions données aux policiers et au juge d’instruction, elle a au moins le mérite de comporter des aveux. Il aurait jusqu’à présent prétendu que «tous les Noirs se ressemblent» puis «qu’il avait acheté les stupéfiants pour sa consommation personnelle». «Il a menti au juge d’instruction du début à la fin», a estimé la présidente de la chambre correctionnelle à qui le prévenu demande «une nouvelle chance my Lord».

Le Nigérian aurait mieux fait de ne pas faire opposition au jugement. Le parquet a requis une peine de 18 mois de prison et une amende à son encontre. «Tout devient plus cher», constate son avocat Me Says. «Je vous prie de confirmer le premier jugement, de l’assortir du sursis intégral et de ne pas prononcer d’amende. D’en rester à l’effet dissuasif du jugement.» Après, son client pourra, selon lui, retourner faire ce que bon lui chante en gare de Nancy.

Les prononcés sont fixés au 25 mai.

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