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Séisme en Turquie et Syrie : plus de 3 600 morts, l’aide internationale se mobilise


"Des familles de civils sont prises au piège sous les décombres, nous essayons de dégager les morts et les vivants", a affirmé Omar Alwan, un secouriste local. Photo : AFP

Plus de 3 600 personnes, selon des bilans provisoires, ont été tuées lundi dans le sud-est de la Turquie et en Syrie voisine par un puissant séisme de magnitude 7.8, suivi quelques heures plus tard par une très forte réplique, et l’aide internationale se mobilisait après ces secousses enregistrées jusqu’au Groenland.

Ce bilan ne cesse de s’alourdir, un très grand nombre de personnes restant piégées sous les bâtiments effondrés qui se comptent par milliers. La pluie et la neige, tombée à certains endroits en abondance, et la baisse attendue des températures vont rendre encore plus difficile la situation des personnes se retrouvant sans abri, ainsi que le travail des secours.

La première secousse est survenue à 4H17 locales (1H17 GMT), dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne. Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7.5, à 10H24 GMT, toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d’Ekinozu.

« Avec ma femme et mes enfants, nous avons couru vers la porte de notre appartement au troisième étage. Dès que nous l’avons ouverte, le bâtiment tout entier s’est effondré », a raconté Oussama Abdelhamid, un habitant d’un village syrien frontalier de la Turquie, soigné à l’hôpital Al-Rahma dans la ville de Darkouch.

En quelques instants, Oussama Abdelhamid s’est retrouvé sous les décombres du bâtiment de quatre étages dans le village d’Azmarine, mais « Dieu le protecteur » l’a miraculeusement sauvé, ainsi que sa famille, assure-t-il. Dans ces zones tenues par les rebelles qui combattent le régime de Damas, on dénombre au moins 390 morts.

Et les bilans provisoires ne cessent de grimper: en Turquie, il est passé à 1.541 morts et au moins 9.733 blessés, selon le vice président turc Fuat Oktay, qui fait état de 3.471 immeubles effondrés. En Syrie, le séisme a fait 851 morts et au moins 2.326 blessés, selon de derniers bilans du ministère syrien de la Santé et des secouristes en zones rebelles.

« Apocalypse »

« Ma soeur et ses trois enfants sont sous les décombres. Aussi son mari, son beau-père et sa belle-mère. Sept membres de notre famille sont sous les débris », a raconté dans la matinée à l’AFP Muhittin Orakci qui attendait les opérations de secours devant un immeuble effondré à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie.

Le bilan risque encore d’évoluer dans les villes touchées, Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment. A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l’effet du séisme, survenu à une profondeur d’environ 17,9 kilomètres. Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.

A Kahramanmaras, Melisa Salman, journaliste locale de 23 ans, raconte avoir toujours vécu avec les tremblements de terre. « J’ai l’habitude des secousses, mais c’est la première fois que je vis quelque chose comme ça. On a pensé que c’était l’apocalypse ». Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.

« Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres », a déclaré un secouriste dépêché devant un immeuble détruit de Diyarbakir, selon des images diffusées sur la chaîne NTV. Face à cette désolation, partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris.

En Syrie, le séisme a provoqué des scènes de panique, les habitants se sont ruant dehors, à pied ou en voiture, malgré les pluies torrentielles. A Hama (centre-ouest), les secouristes et civils extraient à la main, aidés d’engins lourds, les corps des victimes sous les décombres, dont celui un enfant, a constaté l’AFP.

« Nous avons reçu des rapports sur l’effondrement d’un bâtiment de sept étages, où vivaient entre 100 et 150 personnes. Nous avons retrouvé 40 à 45 personnes. Il y a des rapports faisant état de 15 à 25 morts », a précisé le coordinateur de la gestion des catastrophes pour le Croissant-Rouge arabe syrien à Hama, Alaa al-Chaker. A Jindayris (nord-ouest), un homme, effondré, pleure la mort de son fils, un tout petit garçon emmitouflé dans un anorak, qu’il sert dans ses bras.

Aide internationale

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à l’union nationale, précisant que la Turquie avait reçu les offres d’aide de 45 pays. Quant au gouvernement syrien, il a lancé un appel à l’aide à la communauté internationale.

Du monde entier ont afflué les messages de soutien, du président américain Joe Biden à ses homologues russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, en passant par le pape François qui s’est dit « profondément attristé », ainsi que les propositions d’aide humanitaire et médicale.

« Nos équipes sont sur le terrain pour évaluer les besoins et apporter leur assistance », a déclaré dans un communiqué le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, en appelant à la communauté internationale alors qu’une minute de silence était observée à l’assemblée générale de l’organisation.

L’Union européenne a activé son « mécanisme de protection civile » et « des équipes des Pays-Bas et de Roumanie sont déjà en route » ainsi que notamment 139 secouristes français qui doivent partir dans la soirée et 76 pompiers polonais. L’Azerbaïdjan, allié et voisin de la Turquie, a annoncé l’envoi immédiat de 370 secouristes, le Qatar et les Emirats ainsi que l’Inde celui d’équipes de secours et médicales et de matériel de secours. C’est jusqu’à l’Ukraine en guerre qui a proposé « un grand groupe de secouristes ».

Xavier Bettel s’est également exprimé sur le réseau social : « Mes pensées vont aux victimes du tremblement de terre en Turquie et en Syrie et à leurs proches. Le Luxembourg est solidaire de ses amis et partenaires de la région. »

Le Kremlin, allié de la Syrie, a indiqué que des équipes de secouristes allaient partir pour ce pays « dans les prochaines heures », alors que selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider aux secours. Le Kremlin a également indiqué que le président turc avait accepté, après un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine « l’aide des secouristes russes » dans son pays.

La Grèce, malgré ses relations orageuses avec son voisin, a promis « de mettre à disposition (…) toutes ses forces pour venir en aide à la Turquie » et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a appelé M. Erdogan pour offrir une « aide immédiate » à la Turquie.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé avoir satisfait une demande d’aide de la Syrie, avec laquelle l’Etat hébreu n’entretient pas de relations diplomatiques. Damas a démenti.

Le Luxembourg se mobilise aussi

La Croix-Rouge luxembourgeoise appelle aux dons pour soutenir ses sociétés nationales sœurs, turque et syrienne dans leur aide aux victimes de cette terrible catastrophe naturelle. La Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, basée à Genève, est en relation étroite avec les deux organisations concernées pour évaluer la mobilisation du dispositif «Emergency Response Unit» dans le cadre duquel des volontaires luxembourgeois pourraient être déployés.

«Les températures hivernales dans la région aggravent encore la situation des victimes. S’il faut aller au plus vite pour trouver et sauver les personnes ensevelies sous les décombres, il est également essentiel d’apporter au plus vite de l’aide aux dizaines de milliers de personnes qui n’ont plus de toit et qui ont tout perdu. A Gaziantep, la température devrait tomber à -6°C la nuit prochaine. Nos collègues turcs et syriens et les autres organisations déployées sur le terrain sont face à une urgence extrême, soutenons-les !»

La Croix-Rouge luxembourgeoise appelle aux dons par virement au compte CCP LU52 1111 0000 1111 0000 avec la communication «Séisme Turquie/Syrie».

Caritas appelle également aux dons : « si vous aussi souhaitez aider les victimes du tremblement de terre en Turquie et en Syrie, vous pouvez faire un don par virement sur le compte CCPL IBAN LU34 1111 0000 2020 0000 avec la mention « Tremblement de terre ». »

L’association Care Luxembourg a aussi appelé aux dons. Un agent sur place rapportait ce midi : « C’était très effrayant et ça ne s’est tout simplement pas arrêté. J’ai cru que toute la ville allait s’effondrer. Actuellement, je n’ai plus que 13% de batterie, il n’y a pas d’eau et nous sommes dehors dans la neige par des températures négatives. Les gens pleurent. Tout le monde a peur. Pour les enfants et les personnes âgées, la situation est particulièrement difficile. Les répliques sont très violentes et tout le monde craint que le prochain bâtiment ne s’effondre, c’est pourquoi personne n’ose entrer ».

Les dons peuvent être faits sur : https://www.care.lu/faireundon ou sur le compte: BCEE. IBAN: LU85 0019 2955 6050 3000 avec la mention : Urgence Turquie/Syrie

Gazoducs

« Il n’est pas possible de dire combien de personnes sont mortes et blessées pour le moment, car il y a tellement de bâtiments détruits », a déclaré le gouverneur de Kahramanmaras, Omer Faruk Cosku.

Une mosquée datant du XIIIe siècle a été partiellement détruite dans la province de Maltaya, où un bâtiment de 13 étages, avec 28 appartements, s’est effondré.

Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz a affirmé l’organisme public Botas.

Le Kurdistan d’Irak a annoncé avoir suspendu « par sécurité » ses exportations de pétrole vis la Turquie.

Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, ont également été ressenties au Liban et à Chypre, selon des correspondants de l’AFP, ainsi qu’au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n’a été signalée.

Selon l’institut géologique danois, les secousses ont été ressenties jusqu’au Groenland.

La Turquie est située sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde.

Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.

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