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«Un programme gouvernemental environnemental assez vague» pour Greenpeace


Le directeur de Greenpeace Luxembourg se dit optimiste. (photo archives Editpress)

L’ONG prend position vis-à-vis du nouveau gouvernement et de l’accord de coalition conclu par le CSV et le DP.

Le gouvernement sera-t-il prêt à investir dans une politique environnementale ambitieuse? Cette question, Greenpeace Luxembourg a essayé d’y répondre en épluchant et analysant les 209 pages de l’accord de coalition conclu par le CSV et le DP. Dans un communiqué publié il y a quelques jours, elle salue «les ambitions en matière de protection de l’environnement et du climat», mais s’interroge sur «l’efficacité des mesures prévues à court et à long terme».

Pour Raymond Aendekerk, le directeur de l’antenne luxembourgeoise de l’ONG, le programme gouvernemental reste «assez vague». «On voit qu’il y a beaucoup de projets pour stimuler la croissance économique, comme les constructions. Mais il faut que ceux-ci soient dans les limites de la planète. Quand on regarde le programme, on ne voit pas directement les démarches que le gouvernement va faire pour l’environnement.»

Si les projets sont encore flous, pour Raymond Aendekerk, la nouvelle législature ne semble pas pour autant délaisser la thématique environnementale. «Malgré toutes les critiques que l’on peut faire sur ce programme, je vois aussi une certaine continuation sur les différents sujets initiés par le précédent gouvernement, comme la taxe CO2 qui va être conservée ou encore le projet sur le développement de l’agriculture biologique.»

Le changement de gouvernement et de couleur politique n’effraie pas non plus le directeur de Greenpeace Luxembourg. «Cela fait trente-trois ans que je travaille dans les ONG. J’ai collaboré pendant plusieurs années avec des gouvernements dits conservateurs. Il y a beaucoup de choses qui ont été mises en place avec les socialistes, les libéraux ou les conservateurs. Il faut reconnaître qu’avec les verts, on a réussi à forcer un peu plus ce processus», confie-t-il.

Les efforts doivent continuer

Si le directeur de Greenpeace Luxembourg se dit «optimiste» quant à la continuité de la politique environnementale pour cette nouvelle mandature, il note néanmoins que de nombreux efforts restent à encore à faire. «On sait très bien que le changement climatique ne s’arrête pas et continue d’année en année. La destruction de la biodiversité est également bien entamée. C’est une alerte que nous adressons à ce nouveau gouvernement, comme nous avons pu le faire auparavant avec les précédents.»

Mobilité, surconsommation, climat, finances durables… Greenpeace Luxembourg aborde plusieurs sujets cruciaux dans son communiqué. Premier point : la politique climatique. Si l’ONG retient la volonté du gouvernement d’intensifier «ses efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique et de prendre toutes les mesures nécessaires pour respecter l’accord de Paris», elle observe que cette nouvelle législature «se contente de solutions insatisfaisantes pour atteindre ses objectifs». Elle demande ainsi que le gouvernement «s’engage de manière urgente à rehausser son objectif climatique pour 2030 à au moins 65 % de réduction des émissions par rapport à celles de 1990».

Autre point abordé dans son communiqué : les finances durables. L’ONG regrette que la nouvelle équipe gouvernementale, à l’instar de ses prédécesseurs, «ne s’engage pas en priorité à orienter par des mesures ambitieuses le secteur financier luxembourgeois vers la durabilité». «C’est un levier très grand. Les finances durables ne représentent que quelques pour cent de la masse financière. On a vraiment besoin d’une vraie réglementation qui donne une transparence. Il y a encore un grand chemin à faire, mais le pays peut vraiment faire partie d’une vraie avant-garde», estime Raymond Aendekerk.

L’agriculture est un autre sujet pour lequel Greenpeace Luxembourg demande un engagement réel de la part du gouvernement. «Le Grand-Duché reste un pays de prairies et de pâturages avec une production laitière et de viande. Mais l’intensité doit être réduite», soutient le directeur de l’ONG. Cette réduction peut se matérialiser par exemple par une diminution radicale «des importations de soja et de l’utilisation de pesticides, ou encore par l’interdiction des herbicides à base de glyphosate. On doit aussi adapter les cheptels à la surface agricole et accompagner les agriculteurs dans cette transition. Ce sont des choses bien connues dans les ministères. Mais ils n’ont pas encore eu le courage d’aller vers un cap plus radical.»

D’une manière plus globale, Greenpeace Luxembourg souhaite deux choses : que ce gouvernement mène une politique transparente et pouvoir, «en tant qu’ONG, participer aux discussions et défis majeurs du pays en matière environnementale».

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