Le dernier rapport annuel portant sur les violences domestiques dans le pays est sans appel : les interventions policières pour ce type de cas ne cessent d’augmenter.
En mars dernier, dans nos colonnes, Kristin Schmit, policière faisant partie du comité “violences domestiques” depuis 18 ans, dressait un constat simple : «c’est la violence domestique qui tue le plus au Luxembourg, pas les règlements de comptes entre criminels».
Force est de constater que la situation ne s’arrange pas vraiment. Présenté cette semaine en commission par la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Taina Bofferding, le dernier rapport annuel 2022 sur les violences domestiques au Luxembourg fait état d’une hausse de près de 7,2% d’interventions policières pour ce type de violence en l’espace d’un an.
Ainsi, en 2022, 983 interventions policières ont concerné des cas de violence domestique, soit deux à trois interventions par jour. C’est le pire chiffre enregistré depuis une décennie au Luxembourg.
Mais ces statistiques ne montrent pas tout. Elles comprennent en effet tous types de violences domestiques, que ce soit un enfant violent envers ses parents comme une femme prise à partie par son conjoint. Mais la ministre est franche : «La violence domestique continue de couvrir majoritairement la violence relationnelle de couple».
Moins d’expulsions
Si ce type de violence continue donc de toucher majoritairement les femmes, il y a lieu de constater qu’en 2022, les expulsions du domicile autorisées par le Parquet ont été en légère diminution par rapport à l’année 2021. Ainsi, l’an passé, 246 personnes ont été expulsées après des cas de violence domestique.
Un contraste, si l’on observe attentivement les chiffres exposés : davantage d’interventions policières, mais moins d’expulsions ? «Une intervention policière en matière de violence domestique ne donne pas systématiquement lieu à une expulsion, notamment pour des cas dans lesquels les indices sont insuffisants.» s’est justifié Taina Bofferding.
Sur le terrain, les associations, elles, n’hésitent pas à pointer du doigt la formation des policiers, jugée insuffisante pour ce type de cas et qui pourrait expliquer la baisse du nombre d’expulsions constatée : «Il y a des choses qu’on ne peut plus accepter. Récemment, une dame frappée par son mari a appelé la police et, au lieu d’expulser l’agresseur, les agents l’ont convaincue de le garder là pour la nuit», s’agaçait notamment Ana Pinto, à la tête de l’association «La voix des survivant-e-s». «Comment est-ce possible ? Il aurait pu la tuer.»
Vers une meilleure prise en charge des récidivistes ?
Autre point inquiétant émanant de ce rapport annuel : la prise en charge des auteurs de la violence. En effet, plus de la moitié des récidivistes (56%) ne se sont pas présentés aux rendez-vous d’assistance qui leur ont été proposés. La loi ne prévient aucune sanction, hormis un rapport communiqué au Parquet.
«Une piste pour améliorer la prise en charge des récidives pourrait être de permettre aux criminologues et statisticiens d’avoir libre accès aux statistiques et aux dossiers de violence domestique et de conduire une analyse scientifique des différents cas de récidive.», a répondu la ministre LSAP.
Si le rapport doit être présenté officiellement le 21 juin prochain, «La voix des survivant-e-s» continue de son côté de revendiquer d’intégrer le comité de coopération qui réunit autorités gouvernementales, police, parquet et professionnels de l’assistance : «Tous les acteurs de la lutte antiviolence y sont représentés, sauf nous, les victimes, alors que nous savons exactement où les problèmes persistent».
Pour rappel, les numéros important à connaître pour toute victime de violence domestique sont les suivants :
- 113 : 24 h/7 j
- 2060 1060 : Helpline sur les violences domestiques (7j/7, de 12h à 20h)
Juste pour info: La helpline n’est plus occupée après 17 h 00. De toute façon, ils ne font que communiquer les coordonnées d’associations, etc.. C’est donc à la victime de se démerder.