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Luxair : les salariés obtiennent le dégel des salaires et la fin du chômage partiel


La tripartite aviation s'est achevée avec des avancées conséquentes pour les salariés de Luxair. Photo : Fabrizio Pizzolante

Ce lundi matin, près de 800 salariés de la compagnie aérienne Luxair ont manifesté entre le Glacis et le Kirchberg. Charge de travail excessive, frustration, ras-le-bol, les employés, à bout, ont voulu faire entendre leurs voix.

Par Christelle Brucker & Sophie Wiessler

07h.- Les premiers bus acheminent les salariés au Kirchberg

Plus d’une heure avant le début officiel de la manifestation, place du Glacis, les premiers salariés de la compagnie aérienne sont acheminés en bus au Kirchberg. Il s’agit majoritairement d’employés sortants de poste de nuit. D’autres doivent encore rejoindre la place du Glacis un peu plus tard.

«Les salariés sont motivés. C’est important pour tout le monde d’exprimer son désaccord, car ça fait des mois qu’on attend des actions et que rien ne se passe», rappelle Michelle Cloos, secrétaire centrale du syndicat Aviation civile de l’OGBL, qui mise sur davantage de participants qu’au dernier piquet en 2020, où 300 personnes s’étaient regroupées.

07h30.- « On ne demande plus, on impose »

Frank, pilote depuis 32 ans au sein de Luxair, est présent ce lundi matin pour « défendre ses intérêts ». « On est tout le temps à fond, c’est la flexibilité maximale. On ne nous demande plus, on impose. Le respect doit revenir », témoigne-t-il.

Pour lui, la priorité reste le chômage partiel et le dégel des salaires. « Il n’y a aucune raison de maintenir le chômage partiel, ni le gel des salaires ! Nous avons un leasing d’avion qui dure depuis le mois de mai et va perdurer cet hiver. Les avions sont remplis jusqu’au dernier siège, donc si nous ne gagnons pas d’argent aujourd’hui, nous n’en gagnerons jamais. »

Le pilote assure qu’ils ne dépassent pas les limites légales de travail, mais les « atteignent constamment », ce qui rend son job « difficile ». « C’est simple, si rien ne sort de cette réunion tripartite ce matin, nous serons obligés de continuer, les arrêts maladie ne vont pas baisser. Mais je pense que des issues sont possibles. »

Une trentaine de personnels navigants, pilotes, stewards et hôtesses de l’air, a fait le déplacement, ce qui est inhabituel, et témoigne du malaise au sein des équipes.

Pourquoi les salariés de Luxair manifestent ?

▪ Ce lundi matin à 9 heures se tient la tripartite aviation, place de l’Europe. Direction, ministres (notamment Georges Engel, ministre du Travail et François Bausch, ministre de la mobilité) et syndicats doivent trouver comment sortir Luxair de la crise.

▪ L’ensemble du personnel a été mis à rude épreuve ces derniers mois: entre charge de travail maximale, heures supplémentaires et travail les jours de repos, les 2 800 employés ont comblé, jusqu’à l’épuisement, les plannings à trous dus aux nombreux départs de collègues expérimentés – plus de 330 en deux ans.

▪ Le conseil d’administration de LuxairGroup a décidé de lancer une médiation entre direction et délégation du personnel, en présence du président et sous l’arbitrage de l’ancien procureur général d’État Robert Biever.

Pour tout comprendre ➡ Tripartite aviation : les salariés de Luxair dans la rue ce lundi matin

07h45.- Prêt à faire grève

Martinho sort tout juste de son poste de nuit au Cargo, et confie, en buvant son café : « Le gel du barème est catastrophique, surtout pour les jeunes recrues, car on prend des échelons en début de carrière. Cette mesure était justifiée la première année de Covid, mais plus du tout après. L’activité au Cargo a été énorme. »

Si lui-même n’a jamais fait grève, il se dit prêt à suivre le mouvement, s’il devait être déclenché.

08h15.- Le cortège démarre

Avec la participation de 700 à 800 salariés, selon notre comptage, la mobilisation dépasse les espérances des syndicats, qui tablaient plutôt sur 600 personnes. C’est le double de la participation au dernier piquet de protestation, en 2020.

Les salariés se mettent en route direction la place de l’Europe où auront lieu les discours : « On veut être entendus », scandent certains manifestants.

08h30.- « L’image et l’attractivité de Luxair sont écornées »

Pour José, travaillant au Cargo depuis 27 ans, c’est surtout l’image de Luxair qui a « beaucoup changé ces derniers temps ». Un « manque de respect », notamment en interne, qui ne facilite pas le recrutement de jeunes employés, qui ne veulent pas rester.

La charge de travail est également « très élevée ces derniers mois, pire qu’avant la crise, avec moins de personnel » pour y faire face. Le « gel des salaires nous impactent directement, tout augmente et on ne nous valorise pas assez ».

08h40.- La manifestation arrive devant le ministère de la Mobilité

Le cortège vient d’arriver place de l’Europe où se trouve le ministère de la Mobilité. À l’arrivée du vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité, François Bausch, des huées se font entendre. Les syndicats vont commencer leurs discours.

(Photo Sophie Wiessler)

08h50.- Les discours commencent

« Grâce à votre soutien et à l’unité du personnel suite à l’appel du LCGB et des autres organisations syndicales, le LCGB a pu éviter, lors des réunions de la tripartite sectorielle aviation d’automne 2020, le plan de démantèlement social machiavélique à l’encontre du personnel imaginé par la direction Luxair », a rappelé Paul de Araujo, secrétaire syndical du LCGB.

« Au cours de ces 2 dernières années, Luxair a subi une métamorphose totale, tant au niveau du personnel que de l’organisation ou des méthodes de travail, qui ont fortement bousculé l’organisation et les conditions de travail. »

« Dernièrement, uniquement dans un esprit de gain rapide et de réduction des coûts à tout prix, Luxair a continué à utiliser du chômage partiel, même, à raison d’un nombre insignifiant de jours, lors de l’introduction du Wetlease dans la flotte », continue le responsable syndical.

« Depuis maintenant 2 ans, les salariés de Luxair ont fait preuve d’un engagement et d’un dévouement exemplaires en acceptant des sacrifices personnels parfois considérables, permettant à Luxair de jouer un rôle significatif tout au long de cette crise. »

08h55.- « Travailler plus pour gagner moins, c’est non ! »

Michelle Cloos, la secrétaire centrale du syndicat aviation civile de l’OGBL, prend à son tour la parole à la tribune. « Vous êtes ici pour montrer que la majorité des salariés demande le respect et de bonnes conditions de travail ».

« Qu’on nous dise que les salariés sont des low performer, qu’on nous dise que le cargo est un shit hole, nous, on va leur dire que c’est grâce à la force quotidienne des salariés, que les avions continuent à voler et que l’activité perdure. »

L’OGBL fait front commun avec le LCGB et le NGL-SNEP pour demander la reconnaissance du travail des salariés, à travers le dégel des salaires, l’arrêt immédiat du recours au chômage partiel, l’allégement de la charge de travail et la réinstauration du dialogue social : « la crise est finie, que les mesures de crise finissent aussi ».

09h15.- La tripartite commence

Les représentants des trois syndicats s’engouffrent dans le Héichhaus, la tripartite est sur le point de démarrer avec la direction de Luxair, le ministre de la Mobilité, François Bausch et le ministre du Travail, Georges Engel. Les discussions ne devraient pas s’éterniser puisque la presse a d’ores et déjà été convoquée à 11h30.

10h45.- Revivez la manifestation en images

11h30.- Les discussions entre les syndicats et la direction se terminent

Le ministre de la Mobilité, François Bausch, prend la parole après deux heures de discussions entre direction et syndicats. Les revendications des salariés ont-elles été entendues ? Le dégel des salaires va-t-il être acté, ainsi que la fin du recours au chômage partiel, mis en place lors de la pandémie ?

De gauche à droite : Gilles Feith, président de Luxair, Georges Engel, ministre du Travail, François Bausch, ministre de la Mobilité, Patrick Dury, représentant du LCGB et Michelle Closs pour l’OGBL. (Photo : Sophie Wiessler)

12h30.- La fin du plan de maintien dans l’emploi actée

À l’issue de la tripartite, tous les participants ont souligné un climat constructif. À commencer par les syndicats, qui n’auront pas eu à batailler aussi fort que prévu puisque la direction générale a elle-même proposé de dégeler les salaires à partir du 1er janvier 2023 : «C’était inattendu et c’est évidemment très positif. Nous pensons que la mobilisation massive des salariés ces derniers jours a porté ses fruits», indique Michelle Cloos de l’OGBL.

La fin du plan de maintien dans l’emploi est aussi actée : il n’y aura donc plus de chômage partiel applicable à partir du 1er janvier prochain au sein de Luxair : «Il reste une quinzaine d’employés concernés, et pour chacun d’entre eux, des solutions seront trouvées, soit dans la société soit auprès de l’Etat», précise la secrétaire centrale, qui ajoute que le dialogue n’est pas encore tout à fait renoué.

Pour cela, il faudra que les discussions se poursuivent en interne, en présence du médiateur Robert Biever – l’ancien Procureur d’Etat – nommé la semaine dernière par le conseil d’administration pour arbitrer les négociations entre les syndicats et la direction désormais.

«Le premier rendez-vous a lieu ce soir, on va voir ce qui en ressort. C’est là que se règlent les problèmes concrets en détails», souligne-t-elle.

12h40.- Le ministre salue l’initiative de la direction

À notre micro, François Bausch salue avec satisfaction l’initiative de la direction générale d’accorder la fin du gel des salaires à partir du 1er janvier prochain, alors que cette mesure représente un certain coût pour l’entreprise. «C’est un geste positif qui démontre que, malgré un équilibre très fragile, l’aspect social prédomine toujours chez Luxair», a-t-il commenté.

14h30.- Le dégel des salaires «incontournable» pour Gilles Feith

De son côté, Gilles Feith, qui avait d’abord refusé de répondre à nos questions à la fin du point presse, a finalement accepté de nous recevoir au siège de Luxair dans l’après-midi.

Il explique que sa décision de mettre fin au chômage partiel comme au gel des salaires fait suite à une bonne visibilité sur les plans de vols ces prochains mois : «On s’est dit que le plan de maintien dans l’emploi pouvait s’arrêter au 1er janvier 2023, nous l’avons donc proposé et cela a été très bien accueilli par les partenaires sociaux», rapporte le CEO.

Dans ce contexte, il était «incontournable», nous dit-il, que le gel des salaires s’arrête, «bien qu’il a été convenu que si la situation devait se détériorer, on pourrait de nouveau y avoir recours».

Si le coût pour l’entreprise est estimé 4,5 millions d’euros, Gilles Feith insiste : il ne faut pas y voir une faveur, mais plutôt un retour à la normale. «Peut-on économiser de l’argent qui appartient aux salariés, et qui était donné par les salariés dans le contexte spécifique de la crise du Covid, en accord avec les syndicats?», interroge-t-il ainsi.

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