Accueil | A la Une | [Tennis] «Muller a relevé des défis que 99% de la population serait incapable de faire»

[Tennis] «Muller a relevé des défis que 99% de la population serait incapable de faire»


Alex Lisiecki a passé huit ans au côté de Gilles Muller. (Photo archives Julien Garroy)

Alors que sonne l’heure de la retraite pour le tennisman luxembourgeois Gilles Muller, Alex Lisiecki, son coach de 2010 à 2018, se confie sur le personnage. Un témoignage fort.

Gilles Muller a réussi quelques-uns de ses meilleurs résultats avec comme entraîneur (ou coentraîneur) Alex Lisiecki. Si les deux hommes se connaissaient depuis l’entrée en fonction en tant que directeur technique de la FLT du natif de Dijon en 2008, leur «vraie» rencontre a eu lieu en 2010. «C’était juste avant l’été», se souvient celui qui a quitté le staff de «Mulles» le 1er juillet dernier pour rejoindre la fédération britannique de tennis.

«Gilles et Jacques (Radoux) m’avaient convié à déjeuner. Ils cherchaient une nouvelle structure, un nouvel entraîneur pour lui et ils voulaient en discuter. Du coup, ils me demandent mon avis et je leur sors tout une série de grands noms. Des gars qui ont réussi à amener des joueurs dans le top 20 mondial. Comme Mats Wilander, par exemple, qui coachait encore un peu à l’époque. Car je pensais que Gilles avait le top 30 dans les jambes. Je l’ai toujours eu dans la tête d’ailleurs. À cette époque, il avait été dans les 80 sans travailler énormément. Cela se voyait qu’il avait un talent de dingue.» Pour en revenir au sujet initial de leur conversation : «Ils m’ont répondu que c’était de super idées, mais que toutes ces celles-ci étaient trop chères. Et ils m’ont sorti mon nom.»

«Il ne tiendrait pas une semaine»
Et là, Alex Lisiecki a eu une réaction peut-être un peu surprenante. «Forcément, j’étais flatté de cette proposition. Mais j’ai aussi dit à Gilles, que selon moi, il ne tiendrait pas une semaine. Car je suis un entraîneur qui base tout sur le travail et la discipline. Le talent, c’est bien beau mais après… Donc, dans un sens, j’étais un peu l’opposé d’un « Mulles » qui avait obtenu des résultats sans forcément mettre les bouchées doubles à l’entraînement. Dans mon souvenir, Gilles avait mal pris les choses, ne se marrant qu’à moitié de ce que je disais.» Mais le n° 1 luxembourgeois a relevé le gant, montrant «l’immense champion qu’il est», dixit Lisiecki. «Et je le pense depuis le premier jour. Il a relevé des défis que 99 % de la population serait incapable de faire.»
Mais cela n’a pas été simple au début. «Il a cassé six ou sept raquettes dans les premiers jours. Nous disant à Frank Eicher (NDLR : son préparateur physique) et à moi que nous étions des malades. Il faut dire que ce qu’on lui demandait était très dur. Des choses simples mais qu’on répétait jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus. À la fin de la première semaine d’entraînement, il ne pouvait plus marcher.»

«Payer des mecs pour venir lui botter les fesses»
Et l’entraîneur désormais établi à Esch de se souvenir d’un moment bien précis : «C’était un jeudi, après une grosse session de deux jours et demi. Je lui ai demandé de faire encore un exercice. Et lorsqu’il a été au bout de lui-même, on l’a recommencé encore une petite fois. Et là, il m’a lâché encore à nouveau que j’étais un grand malade, me demandant si je me rendais compte que ce que je lui demandais de faire, ça équivalait à l’attacher à une chaise et à lui mettre des grandes tartes dans la tronche.»
Si tout n’a donc pas été simple, Gilles Muller s’est astreint à toutes ces séances. «Car au final, c’était lui le patron. C’est lui qui décidait. Et il a eu cette capacité de payer des mecs pour venir lui botter les fesses tous les matins.» Et le faire progresser vers le plus haut niveau du tennis mondial. «Gilles est quelqu’un qui accepte si tu lui demandes un truc juste. Et avec le talent de dingue qu’il a, il parvient à le faire très vite. Après, c’est le faire à répétition qu’il n’aimait pas. Mais il s’est rendu compte que c’est ça qui faisait la différence. Il faut bien comprendre que pour s’approcher du top 20 mondial (NDLR : Muller a été 21e en août 2017), il faut abattre un travail de malade!»

Julien Carette

Retrouvez de nombreuses réactions et souvenirs du monde du tennis dans notre dossier papier de l’édition ce mercredi.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.