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Tennis : le patron du Moselle Open annonce la disparition du tournoi


« Je sais où sont mes limites. C’était une étape que l’on ne pouvait pas franchir. On aurait pris des risques inconsidérés. Mon rôle de guide était de dire : on arrête car nous allons nous planter. » (photo Pascal Brocard / RL)

Le tournoi de Metz, qui existait depuis 2003, ne sera plus organisé. Le patron Yvon Gérard a revendu l’événement à des investisseurs de Taïwan. Meurtri mais lucide, il s’explique en exclusivité auprès de nos confrères du Républicain lorrain.

On a du mal à y croire… La vente est officielle ?

Yvon Gérard : « Oui, j’ai signé la cession, samedi, mandaté par le comité de direction de la société conformément à ses statuts. »

Pourtant, il paraît que tous les actionnaires n’étaient pas d’accord !

« Je joue la carte de la transparence : deux étaient contre, six pour dans le comité de direction piloté par Fabrice Santoro (ancien champion). »

Julien Boutter, directeur du tournoi, faisait partie des opposants ?

« Exact. Sur l’ensemble des actionnaires, nous étions à 90 % pour, 10 % contre la vente. Il n’y a pas débat. »

À qui vendez-vous ?

« Taïwan. A Robert Han, qui est à la tête d’OEC, un consortium industriel en Asie-Pacifique qui brasse des milliards. »

Génèse du contact ?

« Septembre 2015, quand on a commencé à prendre au sérieux leur offre. Nous nous sommes aperçus que la piste était sérieuse. »

Vous avez longtemps résisté… Le tournoi a-t-il fait l’objet d’autres propositions ?

« Astana nous a tournés autour mais le projet n’était pas certain d’être validé par l’ATP (Association Tennis Professionnel) compte tenu notamment du contexte politique au Kazakhstan. En janvier, la société InFront Sports et Médias (créée par l’ancien patron d’Adidas Robert-Louis Dreyfus) a tenté d’acheter le Moselle Open pour l’emmener à Singapour. »

Une tentative avortée ?

« Ils n’ont pas réussi à rassembler le budget sur 5 ans. C’est dire… »

Si l’on vous comprend bien, le tournoi était devenu trop exigeant financièrement ?

« On s’est donné le temps de réfléchir, un an, donc. Afin de respecter tout le monde. En 2009, quand j’ai racheté le tournoi, j’ai emmené plusieurs personnes dans l’aventure. Il était irresponsable de continuer. »

Aucune alternative ?

« Aucune. On peut rapporter le problème dans tous les sens, comme vous l’avez écrit dans l’un de vos articles, ce n’est plus tenable. Au niveau du budget, on est déjà au bas de l’échelle. Impossible de lutter. On n’a plus notre place sur le circuit mondial. »

Des chiffres ?

« Taïwan montera le prize money à 800 000 €, soit une augmentation de 30 %. Au niveau des garanties (sommes versées aux joueurs afin d’assurer leurs venues) , le nouveau propriétaire montera à 1 million alors que nous sommes à 200 ou 300 000 ! Le Moselle Open aurait dû passer son budget de 3 à 4 ou 4,5 millions pour pouvoir garder son standing et ne pas devenir un « 250 » avec le niveau d’un Challenger (catégorie inférieure) … »

Est-ce un échec personnel ?

« Absolument pas. C’était une grande réussite. Une très belle histoire, qui restera dans les mémoires. L’ensemble des personnes y ayant participé peuvent être fières. On a créé une énergie fantastique. Mais je nourris des regrets. »

Un déchirement entre le businessman et l’homme ?

« Terrible. On a vécu un truc invraisemblable. Il faut pourtant tourner la page. Le pilote dans l’avion n’a plus d’énergie. J’ai dû mettre de côté mes émotions pour prendre cette décision. Je n’y crois plus. Il était de mes responsabilités de le dire autour de moi : j’ai la certitude que l’arrêt est la bonne solution. Mais c’est un crève-cœur. »

Alain Thiébaut (Le Républicain lorrain)

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