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«Subvention loyer» : quatre locataires sur cinq ne la demandent pas


Le non-recours aux minima sociaux est un phénomène connu de nombreux pays européens. 

En pleine crise du logement, le ministre Henri Kox révèle que la plupart des ménages qui pourraient prétendre à une aide financière pour leur loyer ne la sollicitent pas. Un phénomène qui ne concerne pas que le Luxembourg.

Alors qu’il est de plus en plus compliqué de se loger au Luxembourg vu l’explosion des prix ces dernières années, le gouvernement propose, depuis 2016, une aide financière spécifique aux locataires, appelée la «subvention loyer». Destinée aux ménages à faibles revenus qui louent leur bien dans le marché privé, son montant mensuel oscille entre 134 et 294 euros, selon la composition de la famille et ses ressources.

Avec la crise sanitaire et les difficultés associées, ce coup de pouce de l’État a même été revu à la hausse en 2020. Or, le ministre du Logement, Henri Kox, constate que la grande majorité des personnes qui pourraient en bénéficier ne la sollicite pas : seul un bénéficiaire potentiel sur cinq introduit une demande pour l’obtenir, annonce-t-il dans une réponse parlementaire.

Selon les estimations d’Eurostat, environ un quart des résidents luxembourgeois (24,5 %) font partie d’un ménage qui loue son logement dans le circuit privé, soit près de 60 000 ménages en 2020 – ceux qui bénéficient d’un prix inférieur à celui du marché (logements sociaux par exemple) ne sont pas inclus.

À la création de l’aide au logement en 2016, le gouvernement estime que 18 600 ménages pourraient être éligibles à cette nouvelle «subvention loyer». Mais dès 2018, les critères pour y prétendre sont ajustés, portant le nombre de bénéficiaires potentiels à environ 33 000 ménages. La proportion de locataires concernés passe alors de 35 % à 65 %.

Enfin, en avril 2020, les pouvoirs publics décident d’élargir encore davantage les conditions à remplir afin de soutenir 3 400 ménages supplémentaires face à la crise sanitaire. Concrètement, détaille le ministre, en 2021, seuls 7 146 ménages percevaient cette subvention pour leur loyer alors que 36 000 y auraient droit.

Des démarches jugées complexes

Interrogé par le député libéral Max Hahn, le ministre du Logement ne s’explique pas ce manque d’intérêt, mais indique que l’Observatoire de l’habitat vient d’être mandaté pour réaliser une analyse complète de l’utilisation de ces aides.

Par ailleurs, Henri Kox souligne que le phénomène de non-recours aux minima sociaux ne concerne pas que le Luxembourg, mais ses voisins également : en Belgique, on estime ainsi que 62 % des bénéficiaires potentiels du Revenu d’intégration social n’en font pas la demande, un chiffre qui atteint 56 % en Allemagne pour le même type d’aide, et 34 % pour le RSA français.

Une étude de la Drees en France, avance l’hypothèse de systèmes de solidarité «de plus en plus complexes pour s’adapter à la diversité des situations individuelles», elles-mêmes marquées par «des trajectoires professionnelles et familiales fluctuantes». Ce qui pousse les autorités françaises à plancher désormais sur un mécanisme d’aides directes qui seraient versées aux ménages éligibles sans démarche particulière de leur part.

Peut-être une piste pour le Grand-Duché ? Pour le moment, si on souhaite prétendre à la «subvention loyer», il faut toujours  introduire une demande auprès du Guichet unique des aides au logement du ministère, à l’aide d’un formulaire spécifique, également disponible en ligne sur myguichet.lu

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