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[Sélection nationale] À Reykjavik, c’est tempête sous onze crânes (et au-dessus aussi)


En route pour l'Euro? Photo : luis mangorrinha

Favori depuis un match aller très maîtrisé, le Luxembourg défie l’Islande dans des conditions climatiques et émotionnelles insupportables.

On ne sait pas si le puissant vent de l’Atlantique qui s’abat actuellement sur Reykjavik va dans le sens de l’histoire qui semble porter le Grand-Duché vers un truc fou, mais pour le moment, il souffle en rafales et c’est très désagréable.

Congelée, la capitale islandaise accueille ce soir des Luxembourgeois qui se rêvent eux aussi un destin de Vikings, sept ans après que l’Islande a surpris le monde du football en se qualifiant pour le premier Euro de son histoire, en 2016. Dans un Fosshotel surchargé, qui accueille les Roud Léiwen dans un sacré bordel de touristes suréquipés et avides de grands espaces, beuglant comme un troupeau, les membres de la délégation luxembourgeoise, quand ils se croisent, ont un peu l’impression de ne pas saisir la dimension parallèle dans laquelle ils se trouvent.

À espérer garder la main en vue d’une qualif tout en craignant de la perdre, mais en évitant surtout d’en parler. Et il flotte dans l’air un curieux parfum, fait d’espoirs et d’angoisses mêlés. On ne peut pas se permettre de ne pas y croire, au point où on en est, mais on n’a surtout pas le droit de le dire.

Cela dit, tout le monde s’en rend compte depuis que l’avion a atterri à quelques kilomètres de là, à Keflavik : les conditions de l’exploit sont épouvantables. Sur ce gigantesque caillou de lave et de glace situé à mille bornes du Groenland, Holtz et ses gars n’ont qu’à lever le nez au ciel pour savoir que c’est un combat monumental qui les attend sur la pelouse du stade Laugardalsvöllur.

Tout le monde s’est bien vite fait rattraper par l’ambiance mystique du lieu. Et comme rien n’incite plus à la bagarre qu’une météo qui met les techniciens dans leurs petits souliers, les certitudes de l’aller (3-1, un match quasiment à sens unique) ne pèseront théoriquement pas bien lourd au coup d’envoi. D’autant que cette fois, il s’agit vraiment de la dernière chance des Islandais de ne pas subir un violent retour en arrière.

On tresse trop peu souvent des lauriers aux entraîneurs pour ne pas se permettre de souligner que Luc Holtz, en ce début d’automne (qui ressemble à un hiver sans fin, vu d’ici), a fait les choses bien en appelant à l’union sacrée autour d’un objectif qui transcende les egos. Le sien y compris. Olivier Thill dans l’entrejeu, Gerson Rodrigues en attaque, lui sont redevables après leurs mises à l’écart.

Et ils lui doivent un investissement à la hauteur de la nation toute entière. Un sacrifice de leurs corps. Pour la cause. Rien que ça. Mais ce n’est finalement que s’inscrire dans la notion de sacrifice général que le pays attend de sa sélection nationale à l’autre bout de l’Europe, en mode «ne nous forcez pas à regarder l’Euro-2024 à la télé après une telle campagne».

C’est l’enjeu de cet Islande – Luxembourg : remporter une bataille ce soir pour se permettre de gagner la guerre en novembre. Le mois dernier, les supporters grands-ducaux – on en attend potentiellement une cinquantaine ce soir –, euphoriques avant la claque monumentale à Faro contre le Portugal (même si ce 9-0 semble peser de bien peu de poids, aujourd’hui), s’y voyaient déjà : «Berlin, on va à Berlin !». C’est en effet si près, mais encore si loin. Et dur d’avancer à la vitesse qu’on voudrait, avec ce satané vent…

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