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Sarah Bisdorff reconnue coupable de la mort de sa fille Bianka


La justice a décidé de trancher une bonne fois pour toute en déclarant Sarah coupable de la mort de sa fille. (Photo : Didier Sylvestre)

La 13eme chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a conclu à la mort du nourrisson et a condamné sa mère à 30 ans de prison ferme.

Où est la petite Bianka ? Près de huit ans après sa disparition personne à part sa maman ne sait ce qui est advenu du nourrisson. Mais la jeune femme refuse de lever le mystère. Ce mercredi après-midi au moment du prononcé, toutes les personnes présentes ont retenu leurs souffles. On aurait espéré voir Sarah débarquer dans la salle d’audience tenant une petite fille brune à la main. Un beau retournement de situation. Mais ce ne fut pas le cas.

La justice a décidé de trancher une bonne fois pour toutes en déclarant Sarah coupable de la mort de sa fille. La 13eme chambre criminelle l’a acquittée du meurtre et de l’assassinat de Bianka, mais condamnée cet après-midi à 30 ans de prison ferme pour violences et privation de soins comme stipulé dans l’article 401bis du code pénal. Il prévoit que « si les violences ou privations habituellement pratiquées ont entraîné la mort, même sans intention de la donner, les auteurs seront punis de la réclusion à vie ». Bianka se serait éteinte à petit feu suite au manque de soins de sa mère qui a ensuite fait disparaître son corps et refuse depuis de s’étendre sur la question pour des raisons qui lui sont propres.

La mère de famille échappe à une peine de prison à perpétuité en raison du dépassement du délai raisonnable retenu par la 13eme chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg dans son jugement. Son absence à son propre procès la prive par contre d’une possibilité de sursis.

Sarah avait refusé de se présenter à son procès qui s’était tenu du 6 au 15 décembre de l’année dernière et a donc été jugée par contumace. Cette sentence va-t-elle la pousser à réfléchir et à enfin parler ? Va-t-elle l’accepter ou va-t-elle interjeter appel de cette décision ? Nul ne le sait pour le moment. Tout comme nul ne sait avec certitude si la petite fille est encore vivante, même si les différents témoignages et l’enquête de police tendent à démontrer le contraire.

Le corps du nourrisson n’a jamais été retrouvé. Pour le parquet, « Bianka est très certainement morte » parce que sa maman ne lui a prodigué « que le minimum syndical de soins ». Pour autant le premier substitut ne peut pas conclure à une intention de tuer. Il estime cependant que Bianka a été privée de soins et d’aliments en tout connaissance de cause. Sarah ne pouvait pas, selon lui, ne pas en avoir conscience.

Négligences fatales

« Sarah ne veut pas voir la vérité en face et se cache derrière des mensonges », lance le magistrat avant d’embrayer : « Elle a fait tout ce qu’elle n’aurait pas du faire. » Sarah n’était pas la bonne maman qu’elle prétend être et pour cette raison, il a requis une peine de 15 ans de réclusion à son encontre. La peine la plus basse. Et avait évoqué l’article 401bis du code pénal. (J’ai viré tout le passage sur la loi puisque je la cite plus haut). Etant donné le dédain de la jeune femme lors de toute la procédure, des premiers jours de l’enquête jusqu’au réquisitoire, ainsi que le risque possible de récidive si elle venait à avoir un autre enfant, il avait demandé au tribunal d’exceptionnellement lui refuser le sursis auquel elle aurait pu avoir droit.

Sarah était accusée du meurtre, d’infanticide, de coups et blessures ainsi que de non-représentation d’enfant du nourrisson né le 6 juin 2015. Un témoin avait déclaré  avoir vu Sarah promener le nourrisson à proximité de l’étang dit am Wäissebrill situé entre Pétange et Linger et revenir sans l’enfant. C’est la dernière fois que la petite Bianka a été aperçue vivante. Des vêtements et des objets ayant appartenus à la petite – ils portent des traces de son ADN – ont été retrouvés dans un bâtiment à l’abandon à proximité. Une découverte qui a conforté les propos du témoin. Une vaste opération de recherche est lancée. Une perquisition est menée au domicile de la jeune maman à Pétange, des plongeurs sondent les eaux en vain et décision est prise d’assécher l’étang, mais l’enquête trépigne. Elle durera jusque fin 2019. Les enquêteurs ont exploité toutes les pistes.

Le service de protection de la jeunesse de la section de la police judiciaire d’Esch-sur-Alzette avait sonné l’alarme le 2 juillet 2015 quand Sarah ne s’est pas présentée avec sa fille à un rendez-vous pour décider d’un placement du nourrisson. La garde d’autres enfants lui avait déjà été retirée auparavant par le service pour être placés dans des familles d’accueil. Une enquête est alors ouverte et un appel à témoin est lancé dans l’espoir de retrouver la petite fille. La maman est, quant à elle, inculpée dans la foulée pour non-représentation d’enfant, infanticide, coups et blessures, mauvais traitements sur un enfant de moins de 14 ans et délaissement. Elle passera quatorze mois en détention préventive avant d’être libérée sous conditions. Son renvoi par le parquet devant une chambre criminelle laissait présager une issue tragique à cette affaire de disparition.