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Rodange : bataille judiciaire autour d’une résidence


Amar Sahki craint que la construction de la maison Garo ne fragilise sa propre maison. (Photo LQ/Alain Rischard)

Le permis de construire de la résidence Garo avait été annulé par le tribunal administratif. Mais en attendant la décision finale en appel, le chantier se poursuit et les voisins sont sur le qui-vive.

C’est une course contre la montre qui s’est engagée dans un quartier paisible de Rodange. Au numéro 136 de la rue Nicolas-Biever, des travaux ont commencé depuis 2017 pour construire une résidence de six appartements. Une résidence pas bien grande mais qui surprend au milieu d’une rue où l’on ne voit que des maisons. Cette construction bâtie sur un terrain qui était resté vierge jusque-là ne fait pas l’unanimité. Les voisins directs ont d’ailleurs entamé une procédure judiciaire.

L’un d’eux, Amar Sahki, raconte : « Tout au début, j’ai été voir la commune pour leur dire que ce n’était pas normal de construire un immeuble de 14 m de hauteur alors que les maisons ne dépassent pas 10,5 ou 11,5 mètres. » Pourtant, le permis de construire a bien été délivré au projet de résidence Garo en conseil communal du 21 avril 2017. Mais rebondissement, dès juillet 2017, les deux voisins vivant aux numéros 134 et 138 de la rue Nicolas-Biever contestent cette décision devant le tribunal administratif qui, en juin de cette année, annule le permis de construire au motif qu’il est « en violation de l’article 3.4 du PAG (plan d’aménagement général) ». « Le tribunal a considéré que dans cette rue, on ne peut construire que des maisons unifamiliales. Il n’y a aucune résidence dans toute la rue », assure Amar Sahki.

Les ouvriers continuent pourtant de venir et la résidence de se construire. Au 1er juillet, le voisin fait d’ailleurs constater par un huissier que la toiture est livrée.

Nous avons joint Luis Carvalho, l’un des deux membres de l’association Momentanée, à l’origine du projet qui assume poursuivre la construction « puisque nous avons fait appel et que l’affaire est en cours d’instruction. Nous continuons tant qu’il n’y a pas de décision définitive ». Son avocate n’a pas souhaité faire plus de commentaires pour les mêmes raisons. Le procès en appel devrait avoir lieu d’ici quatre à cinq mois. Par ailleurs, nous n’avons pas pu joindre le bourgmestre, Pierre Mellina, actuellement en vacances à l’étranger.

Pour stopper le chantier en attendant le procès, Amar Sahki a fait une demande au tribunal d’arrondissement mais n’a pas obtenu gain de cause. Il craint que même si la décision du tribunal se confirme en appel, une fois la résidence achevée, il ne sera plus possible de faire machine arrière.

« Ma maison bouge »

En attendant que la justice mette un point final à cette affaire, il n’y a pas que l’aspect esthétique qui le gêne. Dans la maison des années 50 dont la rénovation vient d’être achevée, des défauts apparaissent : des carreaux de carrelage neufs sont fissurés sur plus d’un mètre de long, des portes frottent le sol et le plus étonnant se trouve dans le jardin. Mieux vaut regarder à deux fois avant de poser le pied dans le gazon, des trous se sont formés un peu partout et surtout le long de la nouvelle construction qui est ceinturée par un mur de soutènement sous lequel un sous-sol se laisse apercevoir par endroits : « Mon chien est déjà tombé dans l’un de ces trous », raconte le voisin qui a dû récupérer son animal dans la construction voisine.

Si le jardin s’effondre par endroits, selon Amar Sahki, ce n’est pas un hasard : « Un ruisseau, la Maragole, passe derrière nos maisons, à plusieurs mètres de nos jardins, mais devant la nouvelle résidence, en sous-terrain, elle touche la construction. Le sous-sol se remplit sans cesse. Ils ont déjà pompé l’eau pour l’extraire, mais elle reviendra toujours. »

Plusieurs désagréments apparus dans la maison de la famille Sahki ont été constatés par un huissier, qui, à la demande de la commune, est venu constater l’état de la maison avant et après le début des travaux de la résidence. Le propriétaire assure que sa « maison bouge », et qu’avant « il n’y avait jamais eu de problème depuis sa construction en 1951 ».

Autre ombre au tableau, le long du terrain d’Amar Sahki, la nouvelle voie en pente qui devra mener aux garages était trop étroite. Il a donc été décidé, pour gagner de l’espace, de supprimer le bois qui soutient actuellement son terrain par phasage et de le remplacer par un mur, qui à la base, devait venir compléter la structure de soutènement. « Cela va encore plus fragiliser ma maison, s’inquiète Amar Sahki. Les conséquences pourraient être terribles. »

Audrey Libiez

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