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Luxembourg : Bubblebird Studio se remet sur les rails


Dans Trackline Express, l’objectif est de récolter des ressources (bois, charbon…) afin d’amener son train à destination pour échapper à un incendie qui se propage inexorablement. (Image : bubblebird studio)

Après un premier jeu sorti en 2021, le studio luxembourgeois Bubblebird vient de développer Trackline Express. Une nouvelle aventure où un train doit échapper à un incendie.

Près de 15 000 jeux vidéo sont sortis en 2023 sur Steam, l’une des principales plateformes de vente de jeux en dématérialisé. Et si les mastodontes du secteur, comme l’américain Electronic Arts, occupent encore les classements des meilleures ventes, les petits projets, souvent plus originaux, n’ont jamais été aussi présents. Ce sont chaque année des milliers de développeurs indépendants qui tentent de se faire une petite place. Une compétition qui ne semble pas effrayer Fabien et Dunja Weibel, les fondateurs de Bubblebird Studio qui est installé à Luxembourg.

Travaillant auparavant dans l’animation, chez Zeilt Productions, Fabien a décidé de se lancer petit à petit dans le jeu vidéo. «Je travaillais sur la série jeunesse Barababor. Je me suis occupé de projets en réalité virtuelle et c’est à ce moment-là que je me suis intéressé au jeu vidéo», se remémore le développeur. C’est pendant la pandémie qu’il va mettre à profit le confinement pour poser les bases de son premier titre : Haven Park. L’histoire d’un petit poussin qui doit construire et aménager un camping pour satisfaire au mieux les attentes de ses campeurs. «Je me suis notamment inspiré d’Animal Crossing pour faire une expérience feel good et cosy.»

Manette en main, le résultat est plus que convaincant, en particulier pour un coup d’essai. «J’ai fait du développement web, on retrouve les mêmes bases dans le jeu vidéo.» À l’occasion de la sortie du jeu, en 2021, il crée Bubblebird Studio afin de donner un cadre légal à son activité. Ses graphismes mignons et son ambiance apaisante trouvent un petit écho auprès du public, ce qui permet à Fabien de se lancer dans un nouveau projet.

«J’ai toujours eu cette fibre indé»

Bubblebird Studio va alors prendre de l’ampleur dans la vie du couple. Dunja, qui travaillait comme graphiste chez EY, un cabinet d’audit, va quitter son emploi pour se consacrer à temps plein au marketing de l’entreprise. Fabien prend à nouveau en charge la réalisation tout en restant à temps partiel chez Zeilt Productions. «Ça permettait de garder un filet de sécurité.»

D’abord envisagé comme un développement d’une durée six mois, Trackline Express mettra finalement près de deux ans à voir le jour. Une histoire bien connue des développeurs solos qui jonglent avec plusieurs casquettes, du code aux graphismes. «J’aime ce mélange entre le côté technique et le côté artistique, reconnaît Fabien. Ça me plaît de m’occuper entièrement d’un projet, ça me donne l’impression qu’il m’appartient complètement. J’ai toujours eu cette fibre indé.»

En plus de la communication, Dunja l’aide sur les phases de playtests qui permettent d’ajuster le jeu selon les retours des premiers joueurs. À mesure que Trackline Express avance, son temps de travail à Zeilt Productions se réduit. Et Fabien passe finalement à temps plein chez Bubblebird Studio en début d’année.

Fabien et Dunja Weibel travaillent aujourd’hui tous les deux à temps plein à Bubblebird Studio. Photo : julien garroy

Si pour Haven Park, le couple avait été épaulé pour la communication par Mooneye, un petit éditeur allemand, il a cette fois décidé de tout faire lui-même. «L’expérience avec Mooneye nous a beaucoup aidés, reconnaît Dunja. On a appris sur le tas. C’était un bon défi marketing.»

Le 18 avril arrive enfin le moment tant attendu : Trackline Express sort sur Steam et Nintendo Switch. «On a été bien mis en avant sur Steam, se réjouit Dunja. À quelques jours de la sortie, on s’est retrouvé en haut de la page « Sorties attendues ».» Quelques youtubeurs reconnus se sont aussi intéressés au jeu. Si les joueurs ont retrouvé les graphismes mignons, l’ambiance cosy de Haven Park semble bien loin.

Dans cette nouvelle aventure, le but est de faire avancer un train en récoltant des ressources, comme le charbon, afin d’échapper à un incendie qui avance inexorablement. Mais de nombreux obstacles, comme des ennemis ou des rails endommagés, vont ralentir la progression et obliger le joueur à occuper tous les fronts. Une expérience beaucoup plus stressante que la gestion d’un petit camping. «Je voulais tester d’autres types de jeux avec des mécaniques plus présentes et ne pas rester dans ma zone de confort», affirme Fabien.

Il faut montrer aux gens que c’est possible de se lancer dans ce secteur

S’il est encore trop tôt pour faire des plans sur la comète, Dunja et Fabien aimeraient évidemment vivre de leur activité. Au vu des premiers chiffres, Trackline Express semble marcher dans les pas de son grand frère qui a réussi à fédérer une petite communauté autour de Bubblebird Studio.

Un début de reconnaissance qui emmène déjà le couple vers de nouveaux projets. Encore balbutiante, l’industrie du jeu vidéo indépendant ne demande qu’à se développer au Luxembourg. «Il y a beaucoup de talents. Il faut montrer aux gens que c’est possible de se lancer dans ce secteur.»

Avec la démocratisation des outils de développement et la vente dématérialisée, il n’a jamais été aussi facile de créer un jeu vidéo. Le plus dur reste de se faire connaître et de financer son projet. Heureusement, le Luxembourg semble se réveiller. Depuis le début de l’année, le Film Fund propose des aides pour le prototypage de jeux. «On a déposé une candidature pour réaliser un jeu avec la licence Barababor.» Et si jamais le projet capote, ce ne sont pas les idées qui manquent dans la tête du jeune couple de développeurs. «Avec des amis, on aimerait développer un jeu dans le genre de Mario Kart, mais où l’on jouerait les pièges.»

Un arrêt en gare de Sydney

Les salons de jeux vidéo sont un bon moyen pour les indépendants de se faire connaître. Dunja et Fabien Weibel ont eu la chance de participer au SXSW à Sydney, un festival mettant notamment en avant le média vidéoludique. L’occasion de pitcher son jeu à des éditeurs ou à des médias, mais aussi de rencontrer d’autres développeurs et de partager ses expériences. Car malgré la concurrence, tous ont bien conscience d’être dans le même bateau. «C’est un secteur très concurrentiel, mais il y a aussi beaucoup de bienveillance», rappelle Fabien.

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