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Rock de Rack : «Informer les plus jeunes sur le sexisme et ses manifestations»


Plus de 350 élèves et enseignants ont répondu à l’appel du ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes. 

La troisième édition du «Rock de Rack», destinée aux élèves et aux enseignants, s’articule autour des notions de sexisme et d’égalité entre les hommes et les femmes. Deux journées de sensibilisation ont été organisées par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes au Kinepolis-Kirchberg.

L’adage peut sembler dépassé, presque ringard, mais il recèle toujours de vérités : «La jeunesse est l’espoir des lendemains.» Alors que notre société reste marquée par un sexisme ambiant et des aspérités, à bien des égards, entre les hommes et les femmes, le «Rock de Rack» se veut une réponse au devoir de sensibilisation qui s’impose auprès des adolescents.

Après deux éditions couronnées de succès, le festival a investi, pour la seconde fois, les spacieux locaux du Kinepolis-Kirchberg pour deux journées d’activités placées sous le signe de la pédagogie et du dialogue. Ainsi, plus de 350 élèves, enseignantes et enseignants, provenant de 14 lycées, ont répondu à l’appel du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes (MEGA), dont les velléités se veulent explicites.

«II faut informer les plus jeunes sur le sexisme et ses manifestations dans la vie quotidienne et combattre les clichés qui persistent, mais avec des méthodes plus interactives et ludiques», détaille la ministre Taina Bofferding, qui s’est rendue au lancement du festival, hier matin.

Débattre pour déconstruire

Pour concevoir un programme éclectique et persuasif, le MEGA s’est entouré d’un large éventail de collaborateurs, composé notamment de l’université du Luxembourg, du Fonds national de recherche et du Centre national de l’audiovisuel. Chaque partenaire s’est donc attelé à apporter sa pierre en organisant un atelier interactif, à l’instar du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (Liser).

Niché dans un des couloirs du Kinepolis, l’atelier s’est agencé telle une séance de questions-réponses sur des thématiques ordinaires…  mais seulement en apparence : «Les groupes répondent à des questions banales, mais qui permettent de mettre en lumière des stéréotypes. Derrière chaque réponse, il y a une explication qui montre les inégalités entre hommes et femmes», expose Flor Arellano, l’une des animatrices du festival. Une des questions portaient, par exemple, sur la nation qui a remporté le plus de Coupes du monde en trente ans. Tout le monde pense que c’est une équipe masculine, alors que c’est les féminines des États-Unis.»

Tout l’intérêt du festival réside dans ce processus : démanteler les idées préconçues à travers des échanges constructifs, qui permettent aux élèves de partager leurs expériences ainsi que leurs regards sur la société. Un moyen efficace de conscientiser les jeunes esprits quant à l’omniprésence du sexisme dans toutes les sphères de vie, soit de l’école au lieu de travail, en passant par les supports médiatiques et le cercle politique.

«On essaye de montrer comment ce phénomène se répercute dans tous les domaines, comme dans la culture, avec la figure de la femme dans les films d’horreur. Cela permet d’expliquer la banalisation de la misogynie et du sexisme», éclaire Sasha Dahm, communicant au MEGA.

Toujours dans cette logique, l’après-midi a été dédié à la projection du film Misbehaviour, suivi d’un débat interactif, le «Rock de Krees», qui a permis aux jeunes d’échanger avec les actrices et acteurs pour l’égalité femmes-hommes au Luxembourg.

«J’ai déjà été insultée dans le tram»

Le «Rock de Rack» ne s’apparente en rien à une journée de cours théoriques, où les intervenants assomment les lycéens à coups de données et de ressources littéraires. Bien au contraire, les élèves sont régulièrement invités à prendre la parole : «On est là pour les écouter et les mettre à l’honneur afin qu’ils se souviennent de cette journée», glisse Jean-Claude Bisenius, chargé de l’Égalité dans l’éducation au MEGA.

Entre une petite collation et une séance photo avec Taina Bofferding, les élèves ont pu se livrer sur leurs états d’âmes et parler ouvertement de sexisme : «C’est vraiment une journée intéressante, puisqu’on apprend comment les femmes étaient traitées dans les époques précédentes et comment cela a changé aujourd’hui», pose Michaelangelo, du haut de ses 14 ans.

Non loin de sa table, Anaïs et Filipa, toutes les deux âgées de 15 ans, s’accordent sur l’importance de ces enseignements : «C’est triste de savoir qu’on ne peut pas s’habiller comme on veut sans se prendre un commentaire, alors que les hommes font comme ils veulent», se désolent les deux lycéennes de l’établissement Michel Lucius, alors qu’elles ont déjà subi des agressions verbales sexistes de la part d’hommes bien plus âgées.

«J’ai déjà été insultée dans le tram et sifflé dans la rue», confie Anaïs, le ton colérique. Finalement, ces prises de paroles inopinées sont en phase avec les temps actuels, où les femmes sont régulièrement invitées à témoigner sur les violences sexistes et sexuelles dont elles étaient victimes. La jeunesse est donc bel et bien l’espoir des lendemains plus justes, équitables et où la parole des femmes est totalement libérée.

La ministre, Taina Bofferding, s’est rendue à la première journée du «Rock de Rack» afin de participer aux activités et d’échanger avec les lycéens. Photo : julien garroy

Égalité hommes-femmes : l’impressionnante progression du Luxembourg

Le Luxembourg est le pays européen qui a le plus progressé en matière d’égalité entre les hommes et les femmes depuis 2010. Selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), qui a publié lundi les derniers indices d’égalité de genre, le Grand-Duché a vu son score augmenter de plus de 20 % en douze ans.

«Je me réjouis de ce succès de nos choix politiques tout en restant vigilante par rapport aux nouveaux défis posés à l’égalité entre les genres par les récentes crises et les évolutions sociétales en général», a réagi la ministre de l’Égalité entre femmes et hommes, Taina Bofferding. Le pays occupe actuellement la neuvième place du classement avec 73,5 points, soit 12,3 points de plus qu’en 2010.

La moyenne européenne est de 68,6 points indiciaires et c’est la Suède qui se positionne sur la première marche du podium. Pour calculer l’indice d’égalité de genre, l’EIGE étudie les six domaines suivants : emploi, revenu, éducation, équilibre entre vie professionnelle et vie privée, prise de décision et santé.

En douze ans, le Luxembourg a gagné du terrain dans presque tous les domaines, sauf dans celui de l’éducation. Selon l’EIGE, ce phénomène est dû à la pandémie de Covid-19 qui aurait aggravé les inégalités sociales, notamment dans le milieu de l’éducation.

À l’inverse, le pays a progressé de manière significative dans le domaine de la prise de décision. Ce dernier est pourtant celui où le Grand-Duché présente le résultat le plus faible, avec 59,7 points.

G. O. 

Un commentaire

  1. Bracamonte Laura

    Excellente activite! C ‘ est tout á fait le bon chemin et apprentisage pour enrichir la communication entre tout le monde.

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