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Produits bancaires «verts» : le crash test édifiant de Greenpeace Luxembourg


Des clients mystère ont testé les conseillers bancaires, puis l’expert Martin Granzow a passé au crible leur expérience.

Les clients des banques sont-ils bien conseillés en matière de placements financiers respectueux du climat ? C’est ce qu’a voulu vérifier Greenpeace en envoyant des clients mystère dans six établissements de la Place.

Alors que de plus en plus de particuliers souhaitent investir leurs économies dans des produits bancaires «verts» compatibles avec le développement durable et la protection du climat, les banques ne semblent pas encore prêtes à faire face à cette nouvelle demande.

C’est ce que révèle un test grandeur nature organisé par Greenpeace Luxembourg dans six établissements de la place.

19 clients mystère avec un profil standard

Des clients mystère, 19 en tout, ont participé à 27 rendez-vous organisés avec un conseiller dans six banques : la Banque de Luxembourg, la Spuerkeess, la Banque internationale à Luxembourg, BGL BNP Paribas, la Banque Raiffeisen et ING.

Ils avaient reçu des directives en amont, dressant un profil standard concernant leur horizon d’investissement, leur affinité au risque ou encore leurs attentes en termes de rendement.

Un audit masqué dont les résultats sont sans appel : la majorité des produits proposés aux volontaires et présentés comme «compatibles avec le climat» ne le sont en fait pas vraiment et le personnel manque de formation dans ce domaine.

Aucun des produits recommandés ne répond aux objectifs de l’accord de Paris

«Notre analyse des produits d’investissement recommandés par ces banques montre qu’aucun ne répond aux objectifs de l’accord de Paris», épingle ainsi Martin Granzow, expert en finance verte pour le cabinet allemand Nextra Consulting et auteur du rapport présenté ce mercredi par Greenpeace.

«Les participants ont aussi pointé le manque d’expérience des conseillers et le fait que, malgré leur demande appuyée pour des placements respectueux du climat, de nombreux produits conventionnels leur ont été proposés.»

Ce qui est contraire à la nouvelle règlementation MiFID II, précise Greenpeace, attribuant ce mauvais point au manque d’alternatives durables sur le marché. Un employé a même concédé que «la gamme de produits proposée par la banque n’est ni très large ni très durable pour le moment».

Livrés à eux-mêmes

Pour 52 % des entretiens, les clients mystère font état d’explications «opaques, voire incompréhensibles», au sujet de l’impact climatique de la stratégie d’investissement proposée.

Celui-ci raconte : «Bien que je sois totalement novice, le conseiller a estimé que je devais moi-même surveiller les investissements et me renseigner sur la durabilité.»

Beaucoup de documentation

Le cabinet Nextra souligne que beaucoup de brochures ont été présentées aux clients et qu’elles ont été jugées utiles dans 60 % des cas, mais qu’un tiers n’y a pas trouvé d’intérêt : «On m’a envoyé une dizaine de documents par mail face auxquels je me suis senti submergé», déplore cet autre volontaire.

Quant à l’analyse des fonds proposés, là encore, des points noirs émergent : «Sur les 27 rendez-vous, seuls 11 produits étiquetés durables ont été présentés aux clients», poursuit Martin Granzow, «et aucun ne s’inscrit dans l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré».

«Le manque de données n’est pas une excuse»

Ces résultats ont été présentés mardi à certains représentants du secteur, dont les six banques concernées, et à l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL).

«La discussion a été constructive, car ils sont conscients des efforts qui restent à fournir alors que la demande pour ces produits augmentent», note le consultant. «Mais ils brandissent le manque de données fiables comme excuse. Ce problème existe, mais il est possible de proposer de bons produits.»

Pour une formation solide et des informations accessibles

Dans ce contexte, Greenpeace revendique «une formation solide des conseillers», avec un accent particulier sur les produits alignés sur l’accord de Paris, qui «doivent devenir la norme dans les banques luxembourgeoises», estime Martina Holbach, chargée de campagne Finances.

L’ONG plaide également pour des supports d’information accessibles à une clientèle non experte et l’arrêt des avantages fiscaux accordés par le gouvernement aux produits non conformes.

Les bonnes questions à se poser

Avant d’investir son argent dans des fonds durables ou climato-compatibles, voici quelques éléments à éclaircir.

– Le fonds a-t-il défini des critères de durabilité couvrant tous les titres de son portefeuille?
– Sa stratégie d’investissement fait-elle référence à l’accord de Paris ou à la taxonomie de l’UE, en établissant par exemple l’objectif de 1,5 degré pour l’ensemble du portefeuille?
– Existe-t-il des critères d’exclusion ambitieux pour les entreprises de combustibles fossiles?
– Les informations sur les stratégies d’investissement durable sont-elles détaillées?
– Un rapport annuel est-il publié à propos de la performance énergétique du fonds?
– Des critères d’exclusion supplémentaires sont-ils prévus pour l’armement, le nucléaire ou les violations du pacte mondial des Nations unies?

Un commentaire

  1. De toutes façons, aucun placement, quel qu’il soit ne peut rien changer au climat.
    Les gesticulations de Greenpeace sont donc vaines.

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