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Pour le rail, les députés voient double 


L’engagement de cofinancement des deux États est porté à 220 millions. Dans le respect de la règle 50-50, la France mettra la même enveloppe dans le panier. (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

Les députés ont voté en faveur de la réalisation de travaux entre Metz et la frontière à Zoufftgen. Plus précisément, ils ont unanimement accepté le doublement du financement prévu.

Aux heures de pointe, c’est tout le réseau routier du sud du pays qui supporte le flux des véhicules transportant les indispensables travailleurs frontaliers français. Les villages lorrains se plaignent aussi de se trouver sur l’itinéraire bis des navetteurs qui les traversent en colonnes. L’offre en matière de transports en commun doit être sans cesse étoffée pour inciter les usagers de la route à devenir des usagers du rail.

La récente ouverture du P&R de Rodange, situé aux trois frontières, a été bien accueillie. «En quelques jours, 500 places ont été occupées, en pleine période de vacances scolaires en France», a informé le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, hier devant les députés. Les CFL, de leur côté, ont observé une nette augmentation du nombre de voyageurs entre Rodange et Luxembourg.

Un engagement doublé

Des signes encourageants qui démontrent tout l’intérêt de poursuivre les investissements dans le rail «et de moderniser au-delà des frontières», comme l’indique le ministre, qui n’a guère eu besoin de défendre son projet de loi. Les députés ont unanimement approuvé l’avenant au Protocole d’accord entre la France et le Luxembourg relatif au renforcement de la coopération en matière de transports transfrontaliers, qui double l’engagement de cofinancement des deux États, le portant de 110 millions à 220 millions. Dans le respect de la règle 50-50, la France mettra la même enveloppe dans le panier.

À l’époque de la signature du protocole à Paris, en mars 2018, environ 95 000 résidents français travaillaient au Luxembourg. Ils sont 120 000 aujourd’hui et les estimations évaluent leur nombre à 135 000 en 2030. Le réseau routier étant complètement saturé, il faut miser sur les transports en commun et sur le rail en particulier.

L’accord entre les deux pays définit, entre autres, les principes des aménagements ferroviaires à réaliser sur la ligne Metz-Thionville-Luxembourg aux horizons 2022-2024 et 2028-2030, en plus des besoins en covoiturage et de transports en commun routiers transfrontaliers. Le Luxembourg s’était engagé à contribuer aux aménagements sur le territoire français à hauteur de 120 millions d’euros, dont 110 millions d’euros pour le volet ferroviaire. Il double la mise.

Une première enveloppe insuffisante

D’après une étude réalisée par SNCF Réseau, cette enveloppe initiale ne suffisait pas pour atteindre l’objectif final de 2030 qui comprend, entre autres, la création d’un sas Fret au niveau de la frontière (3e voie ferroviaire avant l’appareil de voies donnant accès au triage de Bettembourg depuis le Sud) et la reprise du plan des voies de la gare de Thionville (projets déjà mentionnés dans le protocole initial).

L’enveloppe supplémentaire servira à cofinancer la construction et le raccordement au réseau ferré d’un atelier de maintenance dans la métropole de Metz, qui sera uniquement dédié aux rames qui circuleront sur le sillon lorrain, et ceci à condition que cet investissement reste bien sous le contrôle de l’État ou par délégation d’une collectivité territoriale compétente.

La CSL rechigne

La Chambre des salariés avait souligné dans son avis que ce nouvel atelier de la SNCF à Montigny-lès-Metz était «un projet purement français qui ne devrait être financé que par des fonds français et que tout projet de maintenance des équipements luxembourgeois à Metz devrait être catégoriquement rejeté, ces activités devant impérativement être maintenues dans un nouvel atelier central à Luxembourg».

Ensuite, la Chambre des salariés profite de l’occasion pour solliciter non seulement le maintien, mais aussi l’extension de la liaison ferroviaire existante entre Esch-sur-Alzette et Audun-le-Tiche, et demande dans le même ordre d’idées d’envisager des aménagements spécifiques sur la ligne ferroviaire Pétange-Longwy-Longuyon.

Dix trains par heure et par sens en 2028

En France, les aménagements suivants devront être réalisés : allongement des quais dans les principales gares françaises le nécessitant; renforcement de l’alimentation électrique de la ligne en France de façon à pouvoir faire circuler l’ensemble des trains en UM3; aménagement de deux parcs relais à proximité des gares de Thionville et Longwy, de capacités respectives d’environ 700 et 660 places.

D’ici 2030, d’autres aménagements seront réalisés de part et d’autre de la frontière. L’offre cible à l’horizon 2028-2030 permettra de faire circuler aux heures de pointe dix trains par heure et par sens, soit huit TER (maximum de 8 000 passagers par heure), un TGV et un train fret.

De quoi réduire, il faut l’espérer, la congestion journalière sur les routes luxembourgeoises et françaises.

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