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Pour certains frontaliers, le Luxembourg n’est plus un Eldorado


Si le Luxembourg attire de plus en plus de frontaliers, il en rebute également certains qui n’hésitent plus à revenir travailler en France. Photo Philippe Neu

Et si votre résolution pour 2024 était de quitter le Luxembourg ? L’idée peut surprendre à première vue, tant le Grand-Duché apparaît comme un Eldorado financier en ces temps d’inflation. Mais de plus en plus de frontaliers font ce choix. Sans aucun regret.

C’est un fait : le nombre de frontaliers français augmente. Ils étaient 105 600 à travailler au Luxembourg en 2020 et pourraient être jusqu’à 160 000 en 2040 , selon l’Agape (Agence d’urbanisme et de développement durable Lorraine-Nord). Derrière cette augmentation continue, un autre phénomène, plus discret, existe : le retour en France.

Les raisons qui poussent les travailleurs frontaliers à quitter le Grand-Duché sont nombreuses : transports saturés, recherche d’un meilleur rythme de vie, nouvelles priorités… Quitte à perdre un tiers de leur salaire.

«Tu sais quand tu pars, mais tu ne sais pas quand tu rentres»

Le rythme de vie d’un frontalier est soutenu : aux quarante heures de travail hebdomadaire s’ajoutent des trajets souvent longs et stressants, entre bouchons et retards de trains. Élodie a subi cette cadence de plein fouet : «Fatigue + trajet = dépression. J’ai craqué, en pleurs en salle de pause. J’étais contente de retourner en France et de retrouver une vie sereine.» «Tu sais quand tu pars, mais tu ne sais pas quand tu rentres», résume Éric, qui a aussi plongé : «J’ai fait un burn-out.»

Le bien-être et la santé mentale sont devenus une priorité. Cécile savoure une amélioration de son quotidien, même si son «salaire a pris une claque. Finie la charge mentale. Comme ça fait du bien ! Je me rends compte que je ne vis pas plus mal qu’avant. Le salaire est une chose, mais pas au prix de ruiner ma santé.»

Le confort de vie avant tout

En dépit du contexte, l’argent n’est donc plus au centre de toutes les réflexions. «Même pour 1 000 € de plus, je n’irais pas au Luxembourg», affirme Mélodie. Le Covid-19 a changé la donne et replacé la vie personnelle au centre des préoccupations de nombreux foyers.

Thomas est revenu en France cet été, après seize ans de l’autre côté de la frontière : «J’ai plus de temps pour mes enfants. J’ai plus de flexibilité, c’est plus intéressant.» Il estime avoir perdu 30 % de salaire : «C’était ma limite.»

Audrey, mariée à un Luxembourgeois, a préféré partir se mettre au vert  : «On s’est sauvés dans les Vosges. Tant pis pour les salaires plus intéressants. Le rythme de vie et la qualité du temps passé en famille sont plus importants.»

Angelo conclut : «En France, on peut voir nos enfants grandir et vivre les moments les plus importants. C’est de ça dont ils se souviendront.»

6 plusieurs commentaires

  1. De mon côté, j’ai fais le contraire, une chose dont on parle rarement. J’ai été frontalier le temps de ma période d’essai d’un an. Quand j’ai su que j’allais rester travailler au Luxembourg, je suis passé de l’autre côté de la frontière. Pour éviter les bouchons et reduire mon temps de trajet pour aller au travail. J’ai acheté une maison à 10 minutes de mon travail entre les vaches et les fermes. Je précise que j’aime la campagne et que j’y ai toujours vécu. Mon entreprise étant aussi dans la campagne je n’ai pas de feu rouge ni d’ embouteillages pour venir travailler. Franchement je ne peux pas dire que je suis stressé d’aller au travail. Je ne comprends pas pourquoi plus de gens ne font pas la même chose. Même en louant un logement et en payant plus cher de loyer, la difference est moindre (peut être pas dans tous les cas) avec une perte de salaire lors du retour en France. Le Luxembourg est un magnifique pays au niveau nature et paysage, ça fait plaisir de s’y réveiller tous les matins

    • Tout dépend du niveau de salaire.
      Pour s’acheter une maison au Lux, même en campagne, après 1 an de travail, le salaire doit être relativement conséquent…

      Chacun rêverait de s’installer au Lux, mais les loyers et prix de l’immobilier sont bien trop élevés pour les salaires de base.

    • Bon courage

  2. Le gros point noir de l’intégration au Luxembourg est selon moi le climat nationaliste qui règne autour de leur langue et leur entre-soi. Tout étranger est accepté mais pas forcément respecté ni côtoyé en dehors du monde du travail.

    Après ce que l’article ne dit pas c’est que les gens qui repartent le font avec un gros pactole économisé, personne ne va repartir du Luxembourg sans un pécule pour investir ailleurs.

  3. Tant que les frontaliers profitent plus de travailler ici que chez eux, tout est bon. J’espère juste que le transport public des pays voisins soit amélioré. Le Luxembourg doit donner un peu d’argent à la Belgique, France et Allemagne pour améliorer les connections.

  4. Surtout que les impôts sont LOIN d’être faible au Luxembourg! Et ils montent vite!! Pour 60mille/an eur imposable 12mille d’impôts. Pour 80mille c’est plus de 20mille!!!

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