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Peter Freitag accusé de calomnie et de diffamation : «Je n’ai visé personne»


Peter Freitag, en novembre 2021, devant la cité judiciaire, à l’occasion de sa comparution directe. (photo archives LQ)

Peter Freitag évoque la liberté d’expression et regrette que les deux médecins qui l’accusent de calomnie et de diffamation se soient sentis visés par ses propos sur les «coronazis».

On prend les mêmes et on recommence. La Cour d’appel a renvoyé Peter Freitag face à une chambre correctionnelle de première instance, la 9e du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, afin qu’il soit rejugé pour diffamation, calomnie et injure à l’encontre de deux médecins. Presque les mêmes. Cette fois, l’opposant aux mesures sanitaires était défendu par un avocat, pro bono, au nom de la liberté d’expression. Et c’est d’ailleurs sur la base de ce principe que Me Tiberi a demandé l’acquittement de son client.

L’homme de 48 ans est connu pour ne pas avoir de filtre et pour mettre en doute l’opinion générale. En octobre 2022, il était condamné à une amende de 2 500 euros, ainsi qu’à deux fois mille euros de dommages et intérêts pour avoir qualifié sur un réseau social le psychiatre Jean-Marc Cloos et une gynécologue de «coronazis» ou encore de «disciples du docteur Mengele». Tout était parti d’un courrier des lecteurs publié dans le Luxemburger Wort rédigé par la gynécologue et dont le docteur Jean-Marc Cloos s’était fait l’écho sur LinkedIn. Elle y affirmait que les enfants non vaccinés contre le covid feraient mieux de ne pas être scolarisés.

Le lendemain, le 26 octobre 2021, Peter Freitag avait partagé la publication, se fendant au passage du commentaire incriminé. Jean-Marc Cloos le signale le jour même au réseau social qui supprime le partage et le commentaire. Peter Freitag publie à nouveau le message en ajoutant espérer être traduit devant un tribunal. Après tout, écrit-il, il y travaillerait depuis deux ans. La provocation de trop pour les deux médecins, qui ont introduit une citation directe à son encontre. Ils réclament chacun 2 500 euros de dommages et intérêts.

«Je n’ai visé personne en particulier, ce n’était pas mon intention. J’ai critiqué un état d’esprit. Ce n’est pas de ma faute si quelqu’un s’est senti visé», s’est défendu Peter Freitag lundi après-midi. «Je n’ai pas fait de comparaison, j’ai établi des parallèles.» «Son état d’esprit à lui était d’avoir une tribune pour diffuser ses idées au public», a argumenté Me Prum, l’avocat des citants, après que Me Tiberi, l’avocat de Peter Freitag, a fait valoir des moyens de nullité de la citation directe. «Ses propos ont dépassé ce que la liberté d’expression tolère. Il faut lui en rappeler les limites.»

«Le droit de critiquer»

C’est pourtant ce même principe que Me Tiberi va faire valoir pour tenter de décrocher l’acquittement de son client. Mais ce qui vaut pour Peter Freitag ne vaut pas pour les plaignants qui ont, selon l’homme de loi, tenu et soutenu «des théories qui n’ont pas été prouvées» ou «confirmées» en relayant les consignes du gouvernement en période «de terreur psychologique». L’avocat de la défense abonde dans le sens des antivax. Les deux médecins auraient en ce sens enfreint leur code de déontologie, poursuit-il, accusant dans la foulée la justice de faire «deux poids, deux mesures» entre les antivax et les personnes qui ont soutenu les mesures sanitaires durant la pandémie.

«Peter Freitag a estimé que pendant la pandémie, le gouvernement avait fait des expériences sur la population, comme le régime nazi l’avait fait en son temps», note l’avocat pressé de questions par la présidente de la 9e chambre correctionnelle qui veut saisir l’argumentaire de la défense. Cette même défense présente les deux médecins comme les accusés dans l’affaire. Elle leur réclame d’ailleurs 10 000 euros à titre de dommage moral. L’autoproclamé provocateur ne pourrait plus exercer son emploi dans l’enseignement en raison de la publicité donnée à cette affaire.

«J’étais dans mon droit de critiquer», tente le prévenu qui s’est dit «choqué que le docteur Cloos utilise son compte professionnel ou un compte qui y ressemble puisqu’il comportait tous ses titres professionnels pour partager le courrier des lecteurs. Cela apporte une autorité à ses propos qu’il n’aurait pas avec un compte personnel. Moi, j’ai un compte personnel». Mais il aurait mieux fait de se taire. Me Prum qui, plus tôt, saluait les efforts «de subtilité» de Peter Freitag, le coince. «Il a fait une comparaison. Dans son commentaire, il a écrit que « des nazis dans l’esprit dirigent un service de psychiatrie ». Il savait que Jean-Marc Cloos était à l’époque le directeur médical du service de psychiatrie des Hôpitaux Robert Schuman.»

La représentante du parquet s’est rapportée à prudence du tribunal et n’a pas requis de peine à l’encontre de Peter Freitag. Le prononcé est fixé au 7 mars prochain.

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