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Paul Thill : «La nouvelle génération de vignerons fait bouger beaucoup de lignes»


Paul Thill va passer du laboratoire de l’administration des Services techniques de l’agriculture à l’Institut viti-vinicole. (Photo : archives Editpress / Hervé Montaigu)

Le 1er juin, Paul Thill prendra officiellement ses fonctions de contrôleur des vins à l’Institut viti-vinicole de Remich. Un poste important et «une boucle qui se ferme», explique-t-il.

Vous étiez chef de service au laboratoire de chimie de l’administration des Services techniques de l’agriculture (ASTA) et président de la Marque nationale des eaux-de-vie, mais vous êtes régulièrement présents lors des dégustations organisées à l’Institut viti-vinicole (IVV). De quand date votre intérêt pour le vin et la viticulture?

Paul Thill : C’est un monde que je connais déjà bien. Beaucoup de vignerons qui ont repris les domaines familiaux ces dix dernières années sont de ma génération (NDLR : il est né en 1978). Nous nous retrouvions notamment lors de chaque foire de Printemps, puisque la Marque nationale des eaux-de-vie tenait toujours un stand à proximité de ceux des vignerons.

Encore plus tôt, j’avais effectué un stage au laboratoire de l’Institut viti-vinicole lors de mes études en 2001 (lire par ailleurs). J’ai aussi dépanné au laboratoire de Bernard-Massard pendant quelques semaines en 2003. Petit, j’accompagnais mon parrain dans son camion quand il était livreur pour Desom! Mon arrivée à l’Institut, c’est un peu comme une boucle qui se ferme.

Un Mosellan de l’arrière-pays

Originaire de Dalheim, Paul Thill se considère comme mosellan, «même si ceux qui habitent près de la rivière ne sont pas toujours d’accord avec moi, Dalheim se situe bien dans le canton de Remich!», rit-il.

Après le lycée de garçons à Luxembourg, un an au Centre universitaire de Luxembourg, il poursuit ses études de chimie et de biologie à l’Institut Louis-Pasteur de Strasbourg, où il obtient sa maîtrise. C’est dans ce contexte qu’il effectue son premier contact avec l’Institut viti-vinicole, où il effectue un mois de stage en 2001 au laboratoire dirigé par Christiane Blum.

Votre prédécesseur, Aender Mehlen, est parti rejoindre la direction générale des Domaines Vinsmoselle un peu à la surprise générale. Vous attendiez-vous à reprendre ce poste?

Non, pas du tout. J’ai appris son départ à la radio et je me suis dit que c’était une grande chance pour Vinsmoselle. Il va apporter beaucoup de compétences et une nouvelle vision. Mais il m’a fallu deux jours pour que je réalise que, du coup, il y avait une place à prendre à l’Institut. Je me suis dit : « Et pourquoi pas?« 

En fait, je suis en contact depuis longtemps avec Christiane Blum, la responsable du laboratoire de l’IVV, et j’avais plus ou moins en tête de prendre sa succession lors de son départ à la retraite. Mais cette opportunité en tant que contrôleur des vins, non, je n’y avais pas pensé.

Vous arrivez dans un secteur dynamique, dont l’avenir porte beaucoup de promesses, mais aussi beaucoup de défis. Avec quel état d’esprit allez-vous entamer cette nouvelle étape dans votre carrière?

Vous avez raison, la viticulture luxembourgeoise est un secteur très enthousiasmant. Beaucoup de choses se sont passées ces dernières années et beaucoup de choses vont encore se passer dans le futur, c’est une évidence.

La nouvelle génération de vignerons fait bouger beaucoup de lignes. Beaucoup sont très bien formés et ils connaissent déjà très bien leur métier. Cela fait déjà longtemps que les vins blancs sont excellents, mais je constate qu’en quelques années, la qualité des vins rouges aussi a bondi en avant. C’est très prometteur!

Vous allez aussi prendre en main de gros dossiers sensibles, dont celui de l’étiquetage des vins…

Oui, je vais même m’y atteler dès mardi prochain à Bruxelles. Le matin, je participerai au comité d’experts de la Commission sur les engrais pour l’ASTA et, l’après-midi, je prendrai ma casquette de l’IVV pour aller à celle sur l’étiquetage. Je représentais déjà le Luxembourg dans mes précédentes fonctions et je connais donc le fonctionnement des institutions européennes. C’est un avantage.

Vous ne prenez vos fonctions qu’au 1er juin, vous avez donc déjà un pied à l’IVV?

Oui, je partage mon temps entre Remich et Ettelbruck. Nous avons lancé un important audit au laboratoire de l’ASTA et je vais rester jusqu’à ce qu’il soit terminé. Mais comme Aender (Mehlen) a rejoint Vinsmoselle au 1er février, il ne fallait pas laisser son poste vide trop longtemps!

Spirit of Luxembourg, bientôt un nouveau label pour les eaux-de-vie?

Depuis 2009, Paul Thill est le président de la Marque nationale des eaux-de-vie, dont il est d’ailleurs un sommelier diplômé. À l’image du contrôleur des vins, il est le garant de la qualité de la production des bouteilles qui en portent le label.

Mais tout ce système est en cours de transition. Puisque les Marques nationales n’existent plus, une nouvelle organisation va être très bientôt mise en place. La nouvelle loi sur les agréments, publiée en août 2022, devrait permettre la création d’une nouvelle appellation : Spirit of Luxembourg.

Ni Appellation d’origine contrôlée (AOP), ni Indication d’origine protégée (IGP), ce nouveau label national permettra aux producteurs de mettre en avant la crème de leurs eaux-de-vie. «Avec l’Union nationale des distillateurs agricoles luxembourgeois, nous avons créé un cahier des charges qui sera examiné ces prochains jours par une commission du ministère de l’Agriculture. Si notre dossier est bon, l’agrément devrait être délivré dès le début de l’été.»

Quelle que soit l’issue de ce dossier, Paul Thill quittera ses fonctions de président de l’organe qui contrôlera la qualité des eaux-de-vie, mais il restera membre de la commission de dégustation.

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