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«On ne peut plus attendre» : les psychiatres réclament des actes concrets 


À bout de souffle, le secteur de la psychiatrie reproche au ministère de la Santé son manque d’action ces dernières années.

Les psychiatres du pays pressent les autorités d’agir d’urgence en faveur de la santé mentale, alors que, dix ans après un rapport alarmant, le constat est toujours le même.

Le nouveau Plan national de santé mentale dévoilé le 18 juillet par la ministre Paulette Lenert a comme un goût amer pour les professionnels du secteur. Tous ont encore bien en tête l’état des lieux accablant dressé par le CRP Santé (devenu depuis le Luxembourg Institute of Health) dans un rapport daté de 2013, ainsi que la longue liste de recommandations qui l’accompagnait. Dix ans plus tard, les voici simplement reformulées et présentées sous forme d’objectifs dans la feuille de route 2024-2028 du ministère de la Santé.

«Ce plan est très bien : nous y avons nous-mêmes contribué. Mais il n’empêche qu’après toutes ces années où pas grand-chose n’a été fait, c’est un sentiment de frustration qui domine dans nos professions», explique Paul Hédo, président de la Société luxembourgeoise de psychiatrie, pédopsychiatrie et psychothérapie. «Les constats sont les mêmes qu’à l’époque, alors que les besoins sont énormes.» Il faut dire qu’entre pénurie de médecins, explosion de la demande et manque de structures adaptées, le secteur de la santé mentale tire la langue.

Alors, à deux mois des élections législatives, les professionnels interpellent de nouveau la classe politique, dans l’espoir de faire enfin bouger les lignes : «Le futur gouvernement doit prendre la mesure de l’urgence, on ne peut plus attendre. Tous les jours, on a des gens au téléphone qui n’arrivent pas à avoir un rendez-vous, tous les jours on est confrontés à des difficultés pour gérer les lits en hôpitaux, tous les jours des collègues ne savent pas où orienter des enfants avec des troubles diagnostiqués», décrit le chef du service psychiatrie du Centre hospitalier de Luxembourg.

Du côté des enfants justement, il rapporte que la demande a augmenté significativement, tout comme les difficultés des professionnels sur le terrain, entraînant un certain retard dans la prise en charge.

Les pédopsychiatres reçoivent de plus en plus de jeunes patients qui, passés par différents services, notamment dans l’environnement scolaire, auraient eu besoin de soins plus tôt, doublé d’un suivi mieux structuré. «C’est pourquoi il nous faut absolument des structures ambulatoires et pluridisciplinaires, en complément des cabinets en ville, avec des pédopsychiatres, des psychothérapeutes et des assistants sociaux aussi. L’école, qui a développé un réseau d’aide autour des élèves, ne peut pas tout, les connaissances et les moyens manquent parfois. Sans compter la neutralité du cadre qui est aussi importante dans notre travail», pointe le médecin.

«La situation va encore se dégrader»

Chez les adultes, les obstacles sont similaires. Pour Paul Hédo, les efforts entrepris depuis 30 ans pour étoffer le secteur extrahospitalier et décentraliser la psychiatrie jusque-là concentrée à Ettelbruck, n’ont pas suffi face à l’augmentation galopante de la population.

Les lits disponibles manquent, tout comme les logements thérapeutiques, les structures spécifiques – dédiées au handicap associé à des troubles psychiatriques sévères, à la prise en charge du post-partum ou aux urgences – sans oublier le personnel indispensable pour faire fonctionner tout ça. «L’âge moyen des psychiatres en hôpitaux est de 50 ans, donc la situation va encore se dégrader avec les départs en retraite. Nous revendiquons depuis longtemps l’ouverture d’une formation au Luxembourg, mais malgré le soutien politique affiché, ça bloque au niveau de l’université», déplore-t-il.

Face au casse-tête, la profession craint désormais des dérives : «On entend des rumeurs circuler sur des agréments qui pourraient être accordés par les autorités à des sociétés commerciales pour la gestion de logements thérapeutiques. Or on dispose d’une constellation de services locaux, conventionnés et financés en partie par la CNS, qui sont pilotés par des associations depuis des décennies et qui fonctionnent très bien», souligne le psychiatre.

Les priorités dans le domaine de la santé mentale sont clairement établies, il appartient maintenant aux responsables politiques d’en faire quelque chose, sans attendre dix années supplémentaires.

2 plusieurs commentaires

  1. Troubles psychiques à cause quoi? Manque d’argent pour s’acheter de la liberté, la liberté de n’être pas contraint de supporter la vie sociale. Qu’est-ce que font les politiciens? Pression, faire de l’état mental une condition d’embauchage testifiée par un médecin. Et vous vous posez vraiment la question pourquoi les gens se font des soucis et déjantent? Acceptez les gens comme ils sont, problème résolu. ET COMMENCEZ ENFIN DE VOUS OCCUPER DE L’ARGENT au lieu de l’état mental et des capacités sociales.

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