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OGBL : «Une longue lutte pour les salaires est engagée»


Photo Hervé Montaigu

L’OGBL a réussi à mobiliser, dimanche, plusieurs milliers de personnes pour manifester contre toute manipulation de l’indexation des salaires et pensions. Le seul syndicat à avoir rejeté l’accord tripartite se dit «en colère».

La mobilisation était importante lors de ces dernières semaines. Les militants de l’OGBL ont multiplié les distributions de tracts et piquets de protestation pour expliquer son refus de signer l’accord tripartite. Le grand objectif était de rassembler un maximum de monde lors du 1er-Mai.

Le premier syndicat du pays avait appelé à une grande manifestation à Luxembourg. En fin de compte, ce sont 2 500 personnes, selon la police, et plus de 5 000 manifestants, selon l’OGBL, qui ont défilé, hier matin, de la gare centrale jusqu’à l’abbaye de Neumünster. La traditionnelle fête du Travail et des Cultures a pris, cette année, un tout autre caractère.

«Que plus personne n’affirme que l’OGBL est isolé. Nous sommes la plus grande représentation démocratique du pays et le seul syndicat qui défend vraiment les intérêts de la population active et de leurs familles», clame d’emblée Nora Back, la présidente de l’OGBL. «Aujourd’hui, en ce 1er-Mai, le jour de la fête du Travail, nous envoyons un signal fort au gouvernement et au patronat. Nous ne comptons en rien tolérer le démantèlement social qui est lancé.»

Le premier syndicat et les milliers de militants réunis hier dans la capitale se disent «en colère». L’accord tripartite et plus particulièrement la «manipulation de l’index» reste en travers de la gorge de l’OGBL. Sur le chemin du quartier Gare vers le Grund, une énorme banderole «Pas touche à l’index !» avait été brandie sur le passerelle en direction de la Ville-Haute. Sur le podium, le terme «index» tombera à 64 reprises. «On a abusé de la tripartite pour s’attaquer à l’index», tranche Nora Back.

«Leur maison de cartes s’écroule»

Le report de la seconde tranche indiciaire de cette année 2022 (probablement en août) à avril 2023 reste le principal point de discorde. Avec le gouvernement et le patronat, mais aussi avec les deux autres syndicats LCGB et CGFP, qui eux, ont validé l’accord tripartite. Le crédit d’impôt qui sera introduit pour compenser le report de l’index ne serait qu’une «aumône» pour les travailleurs alors que les entreprises se voient offrir des millions d’euros.

«On ne peut parler ni de compensation ni de surcompensation pour les petits et bas salaires. Non seulement, le montant du crédit d’impôt sera inférieur au montant de l’index, mais on se verra aussi privé de l’index sur les autres composantes de notre structure salariale : les heures supplémentaires, les suppléments, les majorations, les primes ou encore les indemnités», développe Nora Back.

Un bon mois après la présentation du «paquet de solidarité», visant à aider à la fois les ménages et les entreprises en cette période de crise, «leur maison de cartes commence à s’écrouler». La présidente de l’OGBL vise toujours le gouvernement, mais pas seulement.

«On voit que des concessions supplémentaires ont déjà dû être faites. On voit un vice-Premier ministre qualifier d’absurde la remise sur les carburants et le mazout. On voit que personne ne sait vraiment comment calculer les crédits d’impôt pour garantir leur conformité avec la Constitution. Et on voit un des deux autres syndicats qui commence à perdre confiance dans l’accord», énumère Nora Back pour illustrer que son syndicat a eu entièrement raison de s’opposer au résultat de la tripartite.

Un appel lancé

L’OGBL place désormais de grands espoirs dans la Chambre des députés, appelée à légiférer sur le «paquet de solidarité». «Nous adressons un appel à chaque député pour s’opposer à l’accord tripartite. Un appel pour dire non à un accord qui n’en est pas un, car il n’a pas été signé par le syndicat majoritaire. Mesdames et messieurs les députés, ne vous rendez pas coupables d’avoir participé au démontage du modèle luxembourgeois et de la paix sociale», lance Nora Back.

Mais même si une majorité de députés venaient à valider cette «attaque contre les travailleurs», le premier syndicat du pays ne compte pas lâcher prise. «Nous les avions prévenus. Toute manipulation de l’index provoque un conflit social. Une longue lutte pour les salaires est engagée», souligne Nora Back. «Un long chemin nous attend. L’OGBL aura besoin d’un long souffle, et nous l’aurons. On ne va rien lâcher jusqu’à ce qu’un changement politique intervienne pour le bien de la population active et des pensionnés.»

«Où sont les entreprises qui crèvent à cause de l’index ?»

La présidente de l’OGBL s’est efforcée, hier, à démontrer que la situation économique et financière des entreprises n’est de loin pas si catastrophique que le camp patronal ne veut le faire croire. «On nous dit que deux tranches indiciaires allaient leur casser le cou. Que toutes les entreprises, dans tous les secteurs économiques, vont crever. Mais où sont ces entreprises?», lance Nora Back.

Elle cite dans la foulée les bons résultats signés par le secteur bancaire, dont les bénéfices en hausse de 30 % permettent de verser des dividendes de plusieurs centaines millions d’euros aux actionnaires. Un autre exemple : l’artisanat qui aurait vu ces deux dernières années 700 nouvelles entreprises ouvrir ses portes. L’industrie, qui en dépit des difficultés liées aux chaînes d’approvisionnement, ne compte qu’une masse salariale équivalant à 20 % de ses frais. Ou encore les grands supermarchés qui n’ont jamais été contraints de fermer leurs portes pendant la pandémie.

«Toutes ces performances sont le résultat des efforts et de l’engagement des travailleurs», martèle la présidente de l’OGBL. «Et pourtant, toutes ces entreprises se voient offrir en cadeau l’index. Un index qui est volé aux travailleurs.»

Nora Back souligne, toutefois, que l’OGBL n’est nullement opposé à offrir des aides ciblées aux entreprises qui souffrent le plus de la crise énergétique. Il resterait toutefois inacceptable que tous profitent du report de l’index, indépendamment de leur situation financière.

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