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[Musique] Serge Tonnar reprend des classiques en luxembourgeois


Le chanteur luxembourgeois présente «Aner Lidder», littéralement «autres morceaux», samedi à la Philharmonie (Photo : DR).

Serge Tonnar est de retour, samedi à la Philharmonie avec un nouveau projet, «Aner Lidder». Un album de reprises en luxembourgeois de certaines de ses chansons préférées, de Brel à Dylan en passant par Cave, Ferré ou Lindenberg.

Le site de la Philharmonie parle d’Aner Lidder comme de votre « Olympe musical »…
Serge Tonnar : « Olympe musical »… c’est un peu exagéré. Au cours des années, j’ai, de temps en temps, traduit des textes de chansons que j’aime bien en luxembourgeois. Parfois parce que j’avais juste envie d’essayer, d’autres fois pour l’une ou l’autre occasion. Au fur et à mesure, j’ai collectionné plusieurs chansons que j’ai traduites en luxembourgeois. Comme j’ai eu, l’année dernière, une pause artistique de neuf mois, j’ai eu le temps de faire de nouvelles choses. C’est à ce moment-là que s’est développée cette idée d’en faire tout un programme, de les enregistrer et de sortir un album.

Comment avez-vous choisi ces chansons ?
Certaines sont parmi mes chansons préférées depuis ma jeunesse, voire mon enfance, d’autres, je les ai rencontrées pour des occasions particulières. Après, la sélection des chansons se fait aussi par la faisabilité du projet. Toutes les chansons ne peuvent pas être traduites en luxembourgeois. Ou, en tout cas, pas par moi. Des fois ça ne sonne pas joli, tu ne trouves pas les bons mots…

Les plus belles chansons sont les chansons tristes

Qu’ont en commun Brel, Cave, Lennon, Dylan, Ferré, Lindenberg, dont vous reprenez les chansons ?
Ce sont tous de grands artistes et leurs chansons, que j’ai reprises, sont presque toutes tristes ou du moins mélancoliques. Les plus belles chansons, pour moi, sont les chansons tristes ou mélancoliques, parce qu’elles nous touchent à un autre niveau de nos émotions, de notre être.

Pourtant, dans votre répertoire, il y a aussi des chansons légères…
Oui, mais elles sont quand même presque toutes en mineur et gardent malgré tout un côté mélancolique. C’est comme ça, ça vient du blues, du fado, de toutes ces musiques du monde qui ont toujours une certaine tristesse; la saudade comme disent les Portugais. Pour revenir aux artistes que je reprends là, ce sont aussi, pour certains d’entre eux, des chanteurs engagés. Je pense à Dylan, à Lennon, à Lindenberg. C’est aussi un côté qui m’intéresse beaucoup dans mon travail.

Quels sont ces engagements ?
La paix surtout, la fraternité. Quand Dylan chante Masters of War, Les Maîtres de la guerre, il propose un pacifisme agressif. Il ne mâche pas ses mots. Il dit : « Vous les maîtres de la guerre, j’aimerais que vous soyez six pieds sous terre et je vais cracher sur vos tombes »! (il rit). Lindenberg est aussi un chanteur engagé mais qui a fait de très belles chansons d’amour et j’ai pris une chanson d’amour. Idem pour Cabrel.

Ça fonctionne bien en luxembourgeois

Ça donne quoi, Brel, Ferré, Cabrel en luxembourgeois ?
Il faut écouter. C’est intéressant, peut-être, pour les francophones du pays afin d’améliorer leur luxembourgeois. S’ils connaissent les chansons et les textes originaux, là, ils peuvent retrouver les mots en luxembourgeois. J’ai repris Ne me quitte pas de Brel – en live, je joue aussi Voir un ami pleurer –, pour Cabrel j’ai pris Hors saison et puis je chante Avec le temps de Léo Ferré, qui est une des plus belles chansons et une des plus tristes que je connaisse. Et ça fonctionne bien en luxembourgeois : « A mat der Zëit, geet, alles geet ». Ça marche parfaitement avec le rythme. Je fais ma propre interprétation, mais je tenais à rester au plus près de l’original que possible.

En tout cas, c’est un projet totalement différent des précédents. Comment procédez-vous ?
Je ne planifie pas les choses trop en avance, je les laisse venir à moi. Je me donne la liberté de laisser venir les idées. De les laisser mûrir. Puis on voit avec le groupe si c’est une bonne idée, si elle est faisable. Si oui, on essaye de la réaliser. Il faut proposer toujours quelque chose de neuf au public quand on veut vivre de la musique au Luxembourg. Sinon, au bout d’un moment, il ne se déplace plus pour un concert. Après, même quand c’est quelque chose de nouveau, de différent, dans l’absolu, ça reste le même travail.

Face à plus de 1 000 personnes, c’est impressionnant

Où est passé le Legotrip ?
Il joue toujours, d’ailleurs on va faire une tournée, en octobre, dans les églises, c’est aussi quelque chose de complètement nouveau. Mais sur ce projet-ci, j’ai fait sans. J’ai fait la plupart des chansons en solo, à la guitare principalement, mais aussi au piano ou à l’accordéon, et pour quelques morceaux j’ai formé un ensemble avec… Georges Urwald au piano, Boris Dinev aux percussions, Boris Schmidt à la contrebasse et Frin Wolter à l’accordéon. Ça donne une autre tonalité que le Legotrip.

Vous avez déjà joué à la Philharmonie. Qu’a-t-elle de spécial ?
Elle est grande ! Quand on est sur scène face à plus de 1 000 personnes, c’est impressionnant. Et puis, je fais partie du programme Fräiraim, ce qui veut dire qu’on met la salle à ma disposition presque gratuitement. Je ne paye que les frais. C’est une grande chance pour tous les musiciens luxembourgeois. J’ai choisi la Philharmonie car je ne voulais pas faire toute une tournée avec des reprises, je voulais faire un seul concert. Un évènement unique.
Donc, pour vous voir sur ce projet, c’est samedi ou jamais !
Voilà. Sinon, il y a l’album qui sera disponible à partir de samedi.

Entretien avec Pablo Chimienti

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