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[Musique] Jean-Louis Murat s’est éteint


Jean-Louis Murat s'est éteint à l'âge de 71 ans (Photo : AFP)

Jean-Louis Murat, inclassable rebelle du paysage musical dont les chansons ont marqué des générations de fans, s’est éteint jeudi à 71 ans à son domicile en Auvergne, sa région de coeur et d’origine.

« Une part de l’Auvergne part avec lui », a réagi le maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, saluant sur Twitter « la beauté du texte, la franchise du mot, la sincérité du chant ». Des artistes comme Christine and the Queens ont salué le « poète » en lui, Benjamin Biolay s’est affiché sur Instagram le coeur brisé.

C’est son ancienne maison de disques, Pias, label indépendant, qui a annoncé à l’AFP son décès, sans préciser les causes de sa mort, confirmant des informations de presse. Le label sortira vendredi un best-of qui était déjà programmé. Jean-Louis Murat, né Jean-Louis Bergheaud le 28 janvier 1952, avait fait d’un village de sa région natale, Murat-le-Quaire (Puy-de-Dôme), son nom d’artiste.

Quand il montait sur scène, regard bleu acier, voix de séducteur lancinante avec son groove si particulier, ce n’était « pas pour faire plaisir aux gens » mais pour les « déstabiliser », voire « les dégoûter », disait-il à l’AFP en 2014.

Les charmer, aussi, passant volontiers de l’anecdote pleine d’humour noir à la plus forte des poésies, et mélange d’influences du terroir auvergnat autant que des nuits américaines. Avec l’album « La vraie vie de Buck John » (2020), titre d’une BD de sa jeunesse, il avait signé un autoportrait en clair-obscur, baladin perdu dans son époque, toujours fasciné par le groove du sud des Etats-Unis.

Franc-parler

« Moi, je n’ai pas de caillasse (d’argent, NDLR), je n’ai pas de succès, mais au moins, je ne pense pas faire de la chanson démagogique », confiait-il lors de ce même entretien, avec son habituel franc-parler. Certains de ses morceaux comme « Sentiment Nouveau », « Fort Alamo » et « Si je devais manquer de toi », son premier tube commercial, comptent parmi les plus connus d’une carrière prolifique, avec 24 albums en trois décennies.

Le chanteur a connu les sommets des hit-parades en 1991 à la faveur d’un duo avec Mylène Farmer (« Regrets ») mais assure avoir toujours vécu le « tube » comme « un enfermement ». « Ce que j’aime, c’est la chanson qui devient un tube, pas la chanson qui est déjà tube avant que le gens ne l’aient entendue », disait-il.

Volontiers provocateur, Jean-Louis Murat avait fait scandale à ses débuts dans les années 80, avec « Suicidez-vous le peuple est mort », certains médias craignant que ce titre soit une incitation au suicide. La pochette était signée par le photographe des stars Jean-Baptiste Mondino.

Musicalement aussi, ses partis pris radicaux pouvaient susciter une forme d’incompréhension. Il avait dérouté avec l’ovni « Travaux sur la N89 » (2017), qui faisait le pari de la déconstruction, en délaissant guitares et mélodies pour mieux se réinventer sur la base de sons synthétiques et électroniques.

« La mélodie à la française, c’est un peu comme l’addiction au sucre. Je voulais absolument m’en écarter et repartir de zéro. Ça a donné +N89+ et je n’étais pas sûr que ça fasse un disque. Mais finalement il a été assez réussi pour moi, parce que ça m’a redonné de l’énergie et je me suis de nouveau considéré en devenir », assurait-il à l’AFP en 2018.

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