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Max Hahn : «Sans cette restriction, des femmes avec enfants seraient déjà à la rue»


Les ministres Léon Gloden et Max Hahn (à g.) se partagent, au sein du nouveau gouvernement, les compétences en matière d’immigration et d’accueil de réfugiés. 

En ce début d’année, le Luxembourg ne dispose plus que de 60 lits de libres pour le primo-accueil des demandeurs d’asile. Le ministre Max Hahn dresse un état des lieux alarmant.

Le chiffre livré mercredi en commission parlementaire des Affaires intérieures par le ministre Léon Gloden (CSV) nous a été confirmé, jeudi, par son collègue Max Hahn. «Il reste encore une soixantaine de lits disponibles dans les structures d’accueil. Il s’agit du chiffre le plus bas jamais enregistré au Grand-Duché», indique le ministre désormais en charge de l’accueil des réfugiés débarquant au Luxembourg.

Le primo-accueil continue d’être assuré dans les chapiteaux installés au Kirchberg, près de la Coque (rue Tony-Rollman). S’y ajoute une capacité de réserve dans un hall de Luxexpo, mais cette infrastructure ne sera plus disponible à partir de février. «Tous les foyers qui peuvent accueillir les demandeurs d’asile qui arrivent sont pleins. On tente de les transférer au plus vite dans d’autres foyers si des lits se libèrent, ce qui n’est pas non plus évident», reprend le ministre libéral.

Quelque 80 réfugiés dans la rue

Dans ce contexte, il n’est pas possible de lever la très contestée restriction, mise en place sous l’ancien ministre en charge de l’Immigration, Jean Asselborn, concernant les hommes seuls et en bonne santé, qui ont déjà introduit une demande d’asile dans un autre pays de l’UE. Ils sont qualifiés de «Dubliners», au nom du mécanisme de l’UE en termes de flux de réfugiés signé dans la capitale irlandaise.

Les hommes concernés, lorsqu’ils se présentent à la direction de l’Immigration, se voient signaler qu’ils ne peuvent plus être d’office pris en charge dans un des foyers d’accueil. Mercredi, la liste d’attente comprenait 78 demandeurs d’asile. Une poignée d’entre eux dort sous le pont-Adolphe à Luxembourg, un nombre plus important opte pour la «Wanteraktioun», qui atteint d’ailleurs, elle aussi, la limite de ses capacités. Au contingent initial de 250 lits a déjà été ajouté un surplus de 50 lits supplémentaires.

Max Hahn défend cette mesure. «Sans cette restriction, des femmes avec enfants seraient déjà à la rue», souligne-t-il. Le principe retenu veut, en effet, que la priorité soit accordée aux familles avec enfants, ainsi qu’à des personnes vulnérables qui sont des «Dubliners». «On se trouve clairement dans une situation de crise», ajoute le ministre.

Vers un record absolu depuis 2015

Le bilan définitif n’est pas encore établi, mais l’année 2023 devrait s’être soldée par un nouveau record de demandes d’asile introduites au LuxembourgRien que pour le mois de novembre, la direction de l’Immigration a enregistré 231 nouvelles demandes. Si ce rythme s’est confirmé en décembre, le record absolu de 2015, pointant à 2 447 arrivées de réfugiés au Grand-Duché, sera dépassé.

Le ministre en charge de l’Accueil a entamé courant décembre une tournée des principaux foyers d’accueil. Jeudi, il a visité le «bâtiment T» au Kirchberg, le plus important des 71 structures gérées par l’Office national de l’accueil. La capacité maximale est de quelque 1 170 lits. Quasiment tous sont occupés, forçant aussi les services de l’ONA à garder ouvert le vétuste foyer Don Bosco au Limpertsberg, juste à côté du campus de l’université du Luxembourg.

Même si le ministre en charge de l’Immigration, Léon Gloden, compte accélérer les procédures pour statuer sur les demandes d’asile ainsi que le cadre légal pour procéder aux expulsions des demandeurs d’asile déboutés (lire ci-dessous), la situation dans les foyers d’accueil pour réfugiés risque de ne pas s’arranger de sitôt.

Aux demandeurs d’asile s’ajoutent près de 4 500 réfugiés ayant fui la guerre d’invasion russe en Ukraine. Un nombre important d’entre eux continuent d’être hébergés par des personnes privées. Entre janvier et fin novembre, 801 nouvelles arrivées ont été enregistrées.

L’ONA disposait, à la fin de l’été 2023, d’une capacité d’environ 1 880 lits pour les réfugiés ukrainiens. Le taux d’occupation affichait déjà plus de 90,5 % au 31 décembre 2022.

Le Luxembourg bien plus
«solidaire» que son voisin belge

Dans l’entretien qu’il a accordé hier au Quotidien, le ministre Max Hahn a répété un argument de l’ancien ministre de l’Immigration Jean Asselborn. Il s’avère que le Grand-Duché se montre «bien plus solidaire» que d’autres pays européens, dont la Belgique. «Nous comptons actuellement quelque 8 000 lits pour l’accueil de réfugiés. Si l’on prend en compte le nombre de lits par tête d’habitant, la Belgique devrait disposer de 138 000 lits, mais elle n’en compte que 35 000 à peine», développe le ministre libéral. «Je ne compte pas blâmer nos voisins belges, mais cela confirme que le Luxembourg se montre bien plus solidaire que des pays plus grands», ajoute Max Hahn.

Il est à noter que par rapport à 2014, le gouvernement luxembourgeois, avec les communes, a augmenté de 252,5 % sa capacité d’accueil, soit plus de 5 100 lits.

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