Accueil | A la Une | Manifestations anti-Covid : jugés pour avoir lancé des œufs sur le domicile de Xavier Bettel

Manifestations anti-Covid : jugés pour avoir lancé des œufs sur le domicile de Xavier Bettel


L’acte est inédit au Luxembourg. Jamais un membre du gouvernement n’avait eu à subir une pareille attaque par le passé. (Photo : sophie kieffer)

Le 4 décembre 2021, des manifestants ont pris d’assaut le domicile du Premier ministre pour demander sa démission. La situation aurait pu déraper, mais seuls des œufs ont été lancés.

Trois hommes ont été jugés vendredi après-midi pour outrage, menace d’attentat et destruction de propriété mobilière par la 19e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Âgés de 25, 33 et 46 ans, André, Marc et Steve faisaient partie des personnes qui ont manifesté leur colère face aux mesures sanitaires devant le domicile du Premier ministre, Xavier Bettel, le soir du 4 décembre 2021.

En bande, ils ont notamment balancé des œufs sur la façade du domicile du Premier ministre à Bonnevoie. Les images de l’incident ont circulé sur les réseaux sociaux. On y voit Steve, 43 ans, se diriger vers le groupe de manifestants et les deux autres prendre les œufs qu’il avait apportés, pour les lancer sur la façade. «Je n’ai pas participé activement aux faits. Je ne suis pas quelqu’un de violent», tente de se défendre le quadragénaire. «J’avais apporté des œufs pour les déposer de façon symbolique devant la Chambre des députés pour dénoncer une politique des œufs pourris.»

Il aurait ensuite suivi le cortège jusqu’à Bonnevoie. «Je ne savais pas où allaient les manifestants et encore moins que la maison en question était celle de Monsieur Bettel», explique-t-il. «Sur les images, on entend les manifestants crier : « Bettel démission« », lui répond le juge. Un enquêteur de la section antiterroriste de la police judiciaire avait précisé que dans un groupe de discussion sur Telegram, il était identifié comme la personne qui a apporté les objets du délit. «J’ai voulu les poser à terre comme je l’avais fait devant la Chambre des députés et on me les a enlevés des mains», poursuit Steve en se contredisant. «Je n’avais pas l’intention de les lancer. J’ai voulu calmer les esprits.»

La représentante du parquet a du mal à comprendre en quoi déposer une boîte d’œufs au sol peut désamorcer une situation. «Ça n’a aucun sens», estime le juge. «Vous auriez dû mieux vous souvenir de ce que vous avez dit à la police ou de vous inventer une histoire qui tient la route avant de vous présenter face à nous.» La version du prévenu est difficile à suivre. On a du mal à comprendre le parcours des œufs depuis le Marché-aux-herbes au fil des différentes réponses données à la barre. La représentante du parquet et le président l’ont mis face aux contradictions de ses différentes versions.

«Quelqu’un a distribué les œufs»

Marc se défend pourtant d’avoir pris les œufs des mains de qui que ce soit. «On me les a donnés et je les ai lancés. Je ne sais pas qui me les a donnés, je n’étais pas tout à fait dans mon état normal. J’avais bu.» Avec André, ils avaient suivi les manifestants après l’assaut du marché de Noël. «J’ai lancé un œuf et Marc également», reconnaît son ami d’enfance. «Quelqu’un a distribué les œufs qu’il tirait d’un carton.» Lui non plus ne veut pas incriminer Steve, mais il n’a «vu qu’une seule personne avec des œufs». Le jeune homme a profité de sa présence à la barre pour présenter ses excuses au Premier ministre. «Je me suis senti mal toute la soirée.»

Pour la représentante du parquet, l’acte commis contre Xavier Bettel et les siens est «inadmissible». «Naturellement, je me serais senti menacé à sa place», venait d’admettre Marc. L’acte est inédit au Luxembourg. Jamais un membre du gouvernement n’avait eu à subir une pareille attaque par le passé. Malgré la présence d’une centaine de personnes sur les lieux, la police est parvenue à identifier les trois prévenus.

André et Marc reconnaissent leur implication. Steve a essayé de la minimiser. «Votre argumentation ne colle pas avec vos différentes versions des faits, ni avec celles de vos coprévenus et encore moins avec les images qui vous montrent vous avançant vers la maison avant que quelques secondes plus tard, les œufs ne s’envolent», a expliqué la représentante du parquet avant de requérir une peine de 9 mois de prison à l’encontre du quadragénaire, ainsi qu’une amende appropriée. Elle ne s’est pas opposée à un sursis.

Une peine commuée en travail d’intérêt général

La magistrate a retenu les menaces et l’outrage par gestes et faits à l’encontre du trio. Sans les œufs de Steve, les deux autres n’auraient rien eu à lancer. Il ne les avait, selon elle, pas apportés pour le symbole. Elle a requis une peine de moins de 6 mois de prison à l’encontre des deux amis et a suggéré que cette peine soit commuée en travail d’intérêt général.

Le soir des faits, la voiture de l’époux de Xavier Bettel avait été griffée par les manifestants. Pour le moment, ce geste reste impuni. Son auteur n’a pas encore pu être débusqué par les enquêteurs.

Le prononcé est fixé au 25 mai.

Un commentaire

  1. 9 mois de prison pour des oeufs. Incroyable… Des enfants ont aussi jeté des oeufs sur ma maison parce que je n’ai pas donné de l’argent au Samedi saint. En fait, j’aimerais qu’il y avait une autre manifestation. C’est absolument exagéré. Tout comme en France avec les manifestants. La dictature est lentement introduite en garrottant les seuls gens qui ont encore un peu de courage de protester.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.