Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Notre série d’été sur l’artisanat luxembourgeoise se poursuit. Aujourd’hui, coup de projecteur sur Sophie Garlinskas, maquilleuse professionnelle active autant sur les plateaux de cinéma que sur les planches de théâtre.
Sans le savoir, vous avez peut-être posé votre regard sur la couverture d’un magazine luxembourgeois où le mannequin était maquillé par Sophie Garlinskas.
La jeune femme, bientôt trentenaire, originaire d’Herborn près d’Echternach, nous ouvre les portes de son bureau au 1535°C. Une grande pièce où l’on peut voir des photos de ses créations, des moules en plâtre, un banc de maquillage, et puis, au fond, une table sur laquelle se trouve un masque pas encore terminé.
À l’époque du lycée, Sophie va parfois «sur des tournages». «J’adorais ça», nous dit-elle. Après une année d’étude à Paris où elle étudie le design, elle se rend à Fribourg-en-Brisgau. «J’ai étudié l’histoire de l’art et l’archéologie», raconte-t-elle.
Formée à Los Angeles
Elle vit en Espagne et à Malte, où elle suit son copain de l’époque. En 2014, elle entre dans une école de maquillage à Los Angeles : la Cinema Makeup School. «C’était très intense», confie-t-elle. Elle y apprend à faire un maquillage pour un mariage, le théâtre, la télévision, le cinéma et à coiffer.
Elle sait aussi créer des blessures et des masques de créatures fantastiques : le fameux maquillage avec des effets spéciaux. «J’ai adoré cette année à Los Angeles. J’avais pourtant peur d’y aller», dit-elle. Et finalement, elle y a rencontré «plein de gens. J’ai vraiment adoré la ville.» Elle veut y rester, mais obtient «un stage à Londres en 2015, immédiatement après l’école».
Sophie Garlinskas travaille est capable de créer des masques fantastiques… dans les deux sens du terme ! (Photo : Herve Montaigu).
De la silicone, du latex ou de la mousse de latex
Ce stage, elle l’effectue chez Neill Gorton, un spécialiste des effets spéciaux dont le Gorton Studio fabrique des prothèses pour le cinéma : «Des monstres, des créatures, des dinosaures et des faux corps.» «J’ai vraiment adoré ça», dit-elle. Après cette période dans cette firme, elle commence à travailler comme maquilleuse indépendante. Mais une tendinite à la main droite manque de lui faire arrêter son métier.
Aujourd’hui, la jeune femme est installée au 1535°C, un endroit qu’elle apprécie. Et elle y rencontre d’autres créatifs comme elle. Sophie explique que la plupart du temps, elle travaille sur les plateaux de cinéma. D’ailleurs, au moment où nous lui rendons visite, elle est à quelques jours d’un tournage pour un film flamand.
En regardant le masque en cours de fabrication sur sa table, deux questions nous taraudent : combien de temps ça prend et avec quoi on le fabrique? Pour la première interrogation, la maquilleuse nous répond : «Ça dépend. Je peux décider du design. Ça peut prendre une semaine.» Un masque peut être fabriqué avec de la silicone, du latex et de la mousse de latex. Bien avant de passer à la réalisation, elle lit le script, elle discute avec le réalisateur. «Je lui présente mes idées, on en parle tous les deux et je modifie mon travail en fonction des idées du réalisateur», précise-t-elle. Sur un plateau de cinéma, elle rencontre le réalisateur et les acteurs et, évidemment, elle lit aussi le script. Elle fait des tests sur les acteurs afin de voir ce que ça donne. Attention, il faut être organisé lorsqu’on travaille sur un tournage, car les scènes sont tournées dans le désordre. Il faut par exemple que les cheveux aient la même taille d’un plan à l’autre et que la peau soit parfaite.
Elle fabrique ses masques seule à Differdange sur un moule du visage de l’acteur. Sur un tournage, c’est différent, elle est toujours entourée par d’autres personnes.
Aude Forestier
www.garlinskas.com
