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Luxembourg : malgré l’inflation, le pouvoir d’achat s’améliore


L'index et les différentes mesures de soutien ont permis de protéger les plus fragiles et même d'améliorer leur pouvoir d'achat, comme celui de l'ensemble des ménages, par rapport à 2019. (Photo d'illustration Pixabay)

Tiraillés entre inflation et index, les ménages gagnent tout de même en pouvoir d’achat. C’est la conclusion de la dernière étude du Statec qui montre que les mesures des différentes tripartites ont avant tout bénéficié aux plus modestes.

Avec une inflation proche des 7 %, un chiffre jamais vu depuis 40 ans et bien loin des 2 % observés en moyenne ces 20 dernières années, l’année 2022 faisait craindre une perte de pouvoir d’achat. Le phénomène risquait d’affecter en particulier les plus modestes puisque ces derniers, « contrairement aux plus aisés, n’ont pas vu leur pouvoir d’achat augmenter lors de la crise Covid », rappelle le Statec. La hausse des prix de l’énergie les affectait aussi en priorité puisqu’ils consacrent une partie plus importante de leurs revenus à ces dépenses (8 % en moyenne contre seulement 3 % pour les plus aisés).

L’index et les différentes mesures de soutien décidées lors des tripartites ont néanmoins permis de protéger les plus fragiles et même d’améliorer leur pouvoir d’achat, comme celui de l’ensemble des ménages, par rapport à 2019. Lors d’une première étude, le Statec avait déjà conclu que la tripartite de mars 2022, qui retardait une tranche indiciaire mais proposait un paquet de mesures visant à protéger les ménages, aurait un effet positif.

Des prix de l’énergie largement freinés

Suite au second accord tripartite de septembre dernier, l’institut a mis à jour ses conclusions. Cette analyse s’appuie sur les prévisions publiées en novembre 2022 qui tablent sur une inflation à 6,4% en 2022 et 3,4% en 2023 avec le paiement de trois tranches indiciaires au cours de cette année. Elle a ainsi pu évaluer l’impact des mesures suivantes :

  • la limitation de la hausse du prix du gaz à 15 % par rapport au niveau de septembre 2022
  • le gel des prix de l’électricité en 2023
  • la réduction de 15 centimes par litre de mazout du 1er novembre 2022 au 31 décembre 2023
  • la baisse de la TVA d’un point de pourcentage en 2023

Sans ces mesures tripartites, il y aurait une augmentation du prix de l’électricité de près de 50% en janvier 2023. Le prix du gaz aurait quant à lui connu plusieurs augmentations successives : 93 % en octobre, 10 % en novembre et près de 30% en janvier 2023. « L’inflation aurait ainsi été de 6,8 % en 2022 et 8 % en 2023 avec le paiement de 5 tranches indiciaires. »

Des mesures redistributives

Même si elles ne sont pas ciblées socialement, ces mesures ont eu un effet redistributif. Si les ménages aisés ont vu leurs dépenses diminuer d’un montant absolu plus élevé, cette diminution représente une proportion plus importante des dépenses totales chez les plus modestes. « Les mesures issues de la tripartite de septembre mènent ainsi à des impacts similaires que celles issues du premier accord tripartite, analyse le Statec. Même si les mesures (notamment le bouclier sur les prix de l’énergie) ne sont pas ciblées, elles bénéficient avant tout au pouvoir d’achat des ménages modestes. »

Le gain de pouvoir d’achat par rapport à 2019 est également positif quel que soit le type de chauffage même s’il est moins élevé pour les utilisateurs de fioul. « Ceci n’est pas surprenant, compte tenu de la teneur des mesures tripartites de plafonnement du tarif du gaz et de gel du prix de l’électricité », rappelle le Statec.

Des limites importantes

Le Statec reconnaît tout de même certaines limites à son étude. Sa méthodologie ne tient ainsi pas compte des éventuelles baisses de la consommation suite aux hausses de prix. « Ces baisses limiteraient en réalité l’augmentation des dépenses totales et contribueraient ainsi à des gains de pouvoir d’achat plus élevés. » Les effets macroéconomiques des mesures issues des différentes tripartites, notamment sur l’emploi et l’activité économique, sont également ignorés. « Or, en leur absence, la perte de compétitivité de l’économie aurait engendré une hausse du chômage et d’une manière générale un impact négatif sur les revenus. »

Si ces deux écueils laissent entendre que le pouvoir d’achat pourrait être encore plus haut que les estimations du Statec, une dernière limite, à l’impact plus négatif, reste à noter. Cette analyse ne tient en effet pas compte des conséquences de la hausse de l’imposition des ménages au fil des tranches indiciaires, qui a réduit au passage leur pouvoir d’achat réel.

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