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Luxembourg : le parti ADR opte pour la décroissance


Le président de l'ADR, Jean Schoos, a annoncé vendredi le programme politique de son parti. (Photo Hervé Montaigu)

Trop de croissance tue la qualité de vie des Luxembourgeois, selon l’ADR. C’est la raison pour laquelle le parti politique veut appuyer sur le frein. Il explique comment et pourquoi dans son programme électoral.

L’ADR prévient d’entrée de jeu : le parti ne fera pas de cadeaux électoraux, mais interviendra là ou il y a de la détresse. «Le Luxembourg n’a pas besoin d’atteindre les étoiles, mais le pays mérite une politique et une croissance responsables», indique le président du parti, Jean Schoos. Car, du point de vue de l’ADR, la croissance est responsable de tout ce qui va mal au Luxembourg. Elle n’aurait pas apporté grand-chose aux Luxembourgeois à part des bouchons, des logements inabordables, des infrastructures inadaptées, etc. Des emplois ne cessent d’être créés, mais le chômage subsiste et la question du financement des retraites n’a toujours pas été réglée. «Si demain le Luxembourg compte 700 000 habitants et qu’après-demain il en compte plus d’un million, les Luxembourgeois ne représenteront plus qu’un tiers ou un quart de la population», craint Fred Keup.
Pour freiner cette «croissance», le parti suggère du point de vue économique d’aider les petites et moyennes entreprises et de réaliser des études d’impact pour toutes les entreprises étrangères souhaitant s’implanter au Luxembourg afin de déterminer ce qu’elles peuvent apporter au pays et de supprimer leurs avantages fiscaux. Le parti veut investir prioritairement dans la sécurité, l’école et la santé, mais aussi en matière de mobilité, de logement et de santé. Et s’il devait arriver au pouvoir et respecter ses engagements, il se montrerait particulièrement généreux envers les Luxembourgeois : plus d’augmentation des impôts et des taxes, taux d’imposition adapté à l’index, le salaire minimum ne sera plus imposé, suppression de l’impôt foncier au profit d’une taxe sur les terrains vagues, entre autres.

La croissance tolérée pour les naissances
En matière de logement, le parti mise sur les logements sociaux locatifs et en étend très largement les critères d’accessibilité. Contrairement aux autres partis politiques, l’ADR ne choisit pas l’emphytéose, mais le portage foncier pour une question de transmission de biens. Le parti veut également augmenter le nombre d’unités de logements par hectare et rapprocher les gens de leur lieu de travail, même si cette mesure seule ne résoudra pas les problèmes sur les routes. «Il faut renoncer à la croissance», répète l’ancien journaliste de RTL Dan Hardy. Mais pas uniquement. Le parti a élaboré un large catalogue de mesures en matière de mobilité à découvrir dans le programme électoral du parti dont la plus marquante est la gratuité des transports en commun.
Au milieu de toute cette croissance, il y a les Luxembourgeois qui en subiraient les effets négatifs. Des milliers d’emplois sont créés chaque année et pourtant, le chômage subsiste. La création d’emplois (et donc de croissance) ne serait pas la solution au chômage. Il faut revoir le système éducatif, indique Michel Lemaire. Le parti veut revenir en arrière et relever le niveau d’éducation pour le bien de la société. En outre, «l’ADR dit non à la ségrégation» et aux classes regroupées par langue. L’école est le lieu d’intégration par excellence et cette intégration doit passer par la langue luxembourgeoise. D’ailleurs, les élèves de l’enseignement classique auront au moins une heure par semaine de cours de luxembourgeois.

Protéger la langue nationale
Cette intégration par la langue est, selon Lucien Welter, «garante de la cohésion sociale». À ce titre, l’enseignement du français dans l’enseignement précoce sera supprimé. La langue nationale sera protégée par la création d’un ministère de la Langue, de l’Intégration et de la Culture qui la promouvra et trouvera des mots en luxembourgeois pour remplacer les termes en langues étrangères. Et pourquoi pas faire du luxembourgeois une des langues officielles de l’Union européenne. Enfin, le parti est à nouveau revenu sur la place des noms de localités sur les panneaux de signalisation. Mais cette place de choix réservée à la langue nationale ne doit pas empêcher le multilinguisme.

Favoriser une politique familiale
Enfin, il existe un domaine où l’ADR tolère la croissance, l’appelle de ses vœux même : la famille. Le parti est pour un politique nataliste dans la mesure ou les enfants naissent d’une relation sexuelle consommée entre un homme et une femme. Pour l’encourager, le parti veut remplacer les chèques-service par des allocations parentales assez conséquentes (2 000 euros pour un enfant, 2 750 euros pour 2, 3 250 euros pour 3 et ainsi de suite) jusqu’à l’entrée au lycée des enfants. L’ADR veut aussi réintroduire la «Mammerent» pour les mamans de plus de 60 ans.
Tout cela sera financé par des finances de l’État en bonne santé. «Les investissements dus à la croissance sont plus importants que les recettes générées par cette croissance», indique Sylvie Michel. Donc, l’ADR évitera d’endetter le pays et «renoncera aux dépenses injustifiées comme le rachat des émissions de CO2».

Sophie Kieffer

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