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Luxair : le directeur reste, le président du CA s’en mêle


Pas de démission à ce stade pour Gilles Feith, qui garde «la confiance» du conseil d'administration. (Photo : Julien Garroy)

Surprise au conseil d’administration de Luxair Group ce jeudi : pour apaiser le climat tendu, le président du CA sort de sa réserve et annonce une médiation entre la direction et les syndicats, à laquelle il prendra également part.

C’est un conseil d’administration hors normes qui s’est tenu ce jeudi à Munsbach, au siège de Luxair Group, sur fond de vives tensions sociales, les syndicats dénonçant depuis des mois les conditions de travail dégradées et l’épuisement des salariés, sans obtenir de réaction adéquate de la part de la direction générale.

Alors qu’une probable démission du directeur général controversé, Gilles Feith, en poste depuis juin 2020, avait été évoquée en début de semaine par nos confrères du Wort – information que le ministre François Bausch s’était empressé de démentir – il n’en est rien à ce stade.

Une médiation arbitrée par Robert Biever

Cependant, vu le climat tendu et le dialogue social en péril, le président du conseil d’administration de Luxair, Giovanni Giallombardo, a jugé nécessaire de sortir de sa réserve, en demandant l’organisation d’une médiation entre management et syndicats. Et pour modérer ces débats, auxquels le président participera, c’est le Procureur général d’État honoraire, Robert Biever, qui a été choisi.

Dans un communiqué adressé à la presse et signé du président lui-même, «un échange très positif» est évoqué, précisant que, dans ce contexte, «les administrateurs ont exprimé leur confiance au management et au CEO de Luxair» : «Il a été constaté qu’à travers une reprise plus que difficile, tous ont su relancer les opérations de Luxair, et composer avec les difficultés que la pandémie et la crise de l’énergie, ont apporté à la compagnie aérienne», peut-on lire.

«Des flexibilités ont été nécessaires»

Le président note aussi qu’il a été démontré, lors de cette réunion, que «Luxair est en train de se remettre financièrement mais que les perspectives sont encore difficiles», tout en soulignant que, par rapport à la «reprise turbulente pour l’aviation européenne en général, au Luxembourg, la situation à l’aéroport s’est révélée bien meilleure qu’ailleurs.»

Enfin, en ce qui concerne le sort des 2 800 employés de la société, qui feront entendre leur voix lundi 26 septembre, lors d’une manifestation à l’appel des syndicats LCGB, OGBL et NGL-SNEP, le président rapporte que les administrateurs ont reconnu que «la charge de travail a été haute pour assurer la production» et que «des flexibilités ont été nécessaires», exprimant des remerciements «à tous les agents de Luxair
qui ont aidé Luxair à réussir.»

Surpris, le LCGB salue l’initiative

Si le directeur général sauve son poste pour l’instant, c’est néanmoins un signal fort qui est envoyé par le président du conseil d’administration, en faisant le choix de s’impliquer personnellement, quitte à désavouer le CEO.

Pour autant, le LCGB, syndicat majoritaire au sein de Luxair, reste prudent : «Nous n’avons aucune information complémentaire pour le moment sur l’instauration de cette médiation. Et si nous saluons toute tentative de réintroduire un dialogue social constructif, ce que nous attendons surtout, ce sont des actions», tranche d’emblée Paul De Araujo, secrétaire syndical, que nous avons pu joindre dans la soirée.

«Quel sera le rôle du médiateur? Aura-t-on des réponses face aux problèmes que nous soulevons? Des solutions pour les résoudre?» s’interroge-t-il, encore surpris par cette incursion inattendue du président du CA, une première chez Luxair.

Tout ce qu’il espère, c’est que cette annonce ne se résumera pas à une opération de communication pour calmer le jeu, sans véritable changement à la clé, «ce qui aurait l’effet contraire», prévient-il.

Prochain rendez-vous : la tripartite

Lundi, le ministre de la Mobilité, la direction de Luxair et les syndicats se rencontreront au Kirchberg pour un comité de suivi tripartite Aviation qui s’annonce brûlant, même si François Bausch a déjà répété à maintes reprises que ni le conflit interne ni la question du gel des salaires ne figureront à l’ordre du jour.

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