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Liberty Steel Dudelange mise sous cocon jusqu’à fin décembre


Le directeur général de Liberty Group, Sanjeev Gupta, refuse pour l’instant de mettre en vente le site dudelangeois.

Dans un contexte économique tendu, le géant sidérurgique britannique Liberty Steel refuse toujours de lâcher son usine luxembourgeoise, désormais à l’arrêt pour le reste de l’année.

Après une reprise en pointillés cet été – le volume produit atteignant péniblement 5% de la capacité de l’usine – Liberty Steel Dudelange aurait dû relancer progressivement son activité de galvanisation ce mois-ci, selon les annonces de la direction.

Mais face au coût de la masse salariale et aux charges qui explosent en raison de la crise énergétique, le conseil d’administration en a décidé autrement : la mise sous cocon a été décrétée pour quatre mois, jusqu’à fin décembre.

«Si on fait ça, c’est la fin»

Un signal désastreux pour les 178 employés toujours en poste, rémunérés à ne rien produire depuis mars, et qui ont dû récemment procéder à la vidange simultanée des six bains de zinc que compte l’usine : une première dans son histoire. «Si on fait ça, c’est la fin», ont-ils pensé, raconte Robert Fornieri, ancien sidérurgiste et secrétaire général adjoint du LCGB, engagé dans ce dossier depuis le début.

Concrètement, toutes les installations sont donc actuellement à l’arrêt, mais préservées dans l’attente d’une potentielle remise en service. «La direction a pris cette ultime mesure pour sauvegarder l’outil et pouvoir régler les prochaines factures d’électricité qui s’annoncent astronomiques.

La situation s’avère de plus en plus délicate», pointe-t-il, ajoutant qu’«Enovos ne fera aucun cadeau» et que, même pour un repreneur, des dettes à ce niveau seraient «catastrophiques».

Aucune perspective pour la suite

«Entre les difficultés financières du groupe, la conjoncture basse dans le secteur de la métallurgie et la hausse des prix de l’énergie, ils n’ont plus le choix», estime-t-il, tandis qu’aucune perspective n’est avancée pour la suite.

Un avenir incertain, difficilement supportable pour les salariés, qui en a poussé beaucoup à claquer la porte : l’usine du Wolser, qui comptait 300 personnes au moment de son rachat en 2019 par Liberty Steel, a ainsi vu fuir près de la moitié de son effectif. «Des profils pointus, très recherchés dans le secteur», regrette le syndicaliste.

Les syndicats refusent de négocier un PME

Ces dernières semaines, la direction plaidait pour un retour du chômage partiel – abandonné depuis avril – à travers la négociation d’un nouveau plan de maintien dans l’emploi, mais les syndicats ont refusé tout net, réclamant le lancement d’un processus de vente publique.

Pas question de lâcher prise pour Liberty, qui a tout juste concédé la recherche d’un partenaire. Raté, les syndicats ont fait barrage là encore. Une attitude «honteuse» juge le secrétaire général adjoint, qui avoue avoir du mal à comprendre pourquoi Liberty s’accroche : «À part un ego mal placé, je ne vois pas», épingle-t-il.

Des entrevues avec les ministres demandées

À court d’idée pour trouver une sortie de crise, ils comptent maintenant sur le soutien de Franz Fayot et Georges Engel, respectivement ministres de l’Économie et du Travail, avec qui ils collaborent étroitement depuis des mois.

«On a envoyé deux courriers ce lundi pour des entrevues urgentes, en présence de la délégation du personnel. Si ces prochains mois, les charges s’accentuent encore, le risque de faillite est réel. On souhaite dépoussiérer le plan catastrophe qu’on avait mis sur pied, au cas où», précise Robert Fornieri.

«On laisse mourir cette usine à petit feu»

Le ministre Fayot n’en fait pas un secret : il n’envisage plus aucun avenir avec Liberty Steel, alors que la présentation d’un énième plan d’affaires par la direction, en juin dernier, l’avait laissé sceptique, et qu’un acheteur sérieux était même évoqué, dans l’objectif de maintenir les activités sidérurgiques du site et d’y préserver l’emploi.

Si les syndicats ont toujours l’espoir de voir Liberty acculé et forcé à la cessation de paiement, ce qui ouvrirait enfin la voie à un repreneur, ils n’ont aucune idée du temps que ça prendra. «Pour le moment, nous avons épuisé tous les moyens à notre disposition», soupire le syndicaliste. «Et on a l’impression que tout est fait pour laisser cette usine mourir à petit feu», déplore-t-il.

Flou sur les comptes : l’auditeur démissionne

Ces derniers jours, l’auditeur de deux entités de GFG Alliance, la holding de Sanjeev Gupta, a démissionné, pointant un manque d’informations et s’interrogeant sur la capacité de l’entreprise à financer ses activités ces douze prochains mois.

Le cabinet a dénoncé un manque de preuves en lien avec une enquête financière en cours, et dit ne pas avoir reçu les éléments permettant de certifier que l’entreprise a les moyens d’assurer ses opérations futures. GFG et ses filiales sidérurgiques Liberty sont en grandes difficultés depuis la faillite de Greensill, son principal créancier, alors que des soupçons de fraude et de blanchiment d’argent pèsent sur le groupe.

Un commentaire

  1. Ce qui apparait un drame local va vite devenir, surtout en Allemagne, mais aussi au Luxembourg la question pour toute activité industrielle consommant un peu d’énergie: on ferme momentanément ou définitivement?
    Seule la réparation des gazoducs Nordstream et la réouverture de ceux-ci va régler le problème.
    Tant que le gaz sera rare et donc cher, il n’y a pas d’issue pour toute entreprise industrielle.

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