Accueil | A la Une | Les chiens policiers, «infatigables et sans peur»

Les chiens policiers, «infatigables et sans peur»


Chiens et maîtres s’entraînent régulièrement pour conserver le niveau d’excellence qu’ils ont atteint. (photos : julien garroy)

La police mise sur les capacités physiques et les sens très développés des chiens pour mener à bien toute une palette de missions avec leurs maîtres. Ces binômes se complètent naturellement et prêtent patte forte à d’autres services en cas de besoin.

Ils s’appellent Escobar, Loki, Thor, Lexy, Lenox, Junkie, Zippo, Ruby, Poison, Menotte ou encore Peaches. Ce sont quelques-uns des 17 chiens du groupe canin de la police grand-ducale. Leur nom trahit parfois leur spécialité. Nous avons passé une matinée à les regarder évoluer avec leur maître. Certains chiens sont des athlètes complets, d’autres excellent dans un domaine en particulier. Tous sont attachés à leur humain et prêts à tout pour lui. Une belle complicité et un lien fort unissent ces hommes et ces femmes à leur animal.

«Les chiens appartiennent à l’État, mais ce sont les maîtres-chiens qui s’en occupent même après leur retraite. Nous les accompagnons jusqu’à la fin», explique le commissaire en chef, Christian van Wissen, chef adjoint du groupe. «Il n’est pas envisageable d’avoir travaillé avec son chien pendant autant d’années, d’avoir vécu autant de situations avec lui pour l’abandonner ensuite.» Un chien policier prend sa retraite à l’âge de dix ans. Un maître-chien, lui, s’engage pour un minimum de cinq ans dans la brigade canine.

Les places y sont très convoitées, mais animaux comme humains doivent passer des tests stricts pour pouvoir l’intégrer. «Notre travail ne consiste pas à nous promener toute la journée avec notre chien », tempère Christian van Wissen. La brigade canine est active 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur l’ensemble du territoire.

Une formation de 16 semaines

Vous les avez sans doute déjà croisés en marge de manifestations, dans les rues de Luxembourg ou dans les transports publics entre autres, mais ce n’est qu’une infime partie des tâches effectuées par ces binômes. Les chiens peuvent renifler des stupéfiants, des explosifs ou des accélérateurs d’incendie, assurer des mesures de protection ou de surveillance et depuis trois ans pister des individus en fonction de leurs prédispositions naturelles.

Certains chiens sont dits «passifs», c’est-à-dire qu’ils ne mordent pas, se contentent de chercher et quand ils trouvent, de marquer l’emplacement sans bouger. D’autres sont entraînés à l’attaque. La durée de formation de base des chiens dure en moyenne seize semaines. Douze semaines supplémentaires pour les spécialisations. Des entraînements ont lieu une fois par semaine, même si les chiens – et leur maître – gagnent en expérience sur le terrain.

Christian van Wissen a lâché Zippo sur un stagiaire qui apprend les ficelles du métier. Le chien policier ne lâchera que si son maître lui en donne l’ordre.

«Des chiens tout-terrain»

Un coup d’œil sur le terrain d’entraînement suffit pour constater que les chiens policiers sont tous des bergers, belges pour la plupart, mais aussi allemands et hollandais. De belles bêtes saines aux poils lustrés, à la musculature bien définie et aux regards francs voire un brin amusés. Oreilles dressées, ils suivent les instructions avec plaisir en attendant leur jouet qu’il s’agisse de retrouver de la marijuana planquée dans ma chaussure, de l’explosif dans une façade, de stopper net la fuite d’un délinquant ou de sauter par-dessus un muret.

«Ces races présentent toutes les qualités que nous recherchons chez les chiens policiers. Ils sont infatigables et n’ont peur de rien», explique le commissaire en chef. «Les chiens doivent aussi être tout-terrain et pouvoir suivre leur maître parce qu’il lui fait absolument confiance.» Dernièrement, les chiens ont suivi un entraînement sur le lac de Haute-Sûre.

Ils ont appris à naviguer et à aborder. Ils doivent également pouvoir monter à bord d’une nacelle de pompiers ou de l’hélicoptère de la police, descendre en rappel avec leur maître et ne pas avoir peur des détonations, des coups de feu, de projectiles ou de la douleur. Bref, le chien idéal est une tête brûlée qui sait garder son calme quand la situation l’exige.

Une présence qui suffit à calmer les esprits

La taille joue un rôle aussi. «Pour les chiens passifs, la race importe peu. Mais ils doivent arriver à la hauteur de la ceinture et on trouve plus facilement un malinois d’un an à adopter qu’un labrador ou un border collie», indique Christian van Wissen.

Au quotidien, les binômes patrouillent aux quatre coins du pays et le plus souvent dans le quartier de la gare à Luxembourg. «Un policier, avec un chien, ne passe pas inaperçu», note Christian van Wissen. «Normalement, la présence du chien suffit à calmer les esprits. Les chiens vont rarement au contact.» Les chiens renifleurs ne sont pas entraînés à mordre ou à attaquer contrairement aux autres. «Ils sont entraînés à l’attaque, même si nous recherchons des chiens sociables. Parfois, nous leur faisons faire des attaques muselées. On apprend au chien à pousser quelqu’un lors de bagarres générales notamment», précise le maître-chien.

«Attaquer, n’est pas un jeu pour le chien contrairement à la recherche. Son comportement change. Leurs pupilles se dilatent, le rythme cardiaque grimpe et ils produisent de l’adrénaline. Ils adorent ça.» Ce n’est pas une raison pour les laisser faire. La dernière fois qu’un chien policier a mordu en service remonte à onze ans.

Serge et son nouveau chien en formation, Escobar, recherchent des explosifs.

Super-entraînés et très bons

En toutes circonstances, le comportement des chiens policiers doit être exemplaire. Pas question d’aboyer pour un rien ou de se laisser distraire de sa mission par un oiseau. «Nos chiens ne sont pas toxicomanes et ne mangent pas de dynamite au petit-déjeuner», précise en plaisantant le chef adjoint de la brigade. «Ils sont super-entraînés et très bons.» Serge n’a pas besoin de donner d’ordre à Kia, son chien renifleur de drogue. Ils travaillent ensemble depuis près de dix ans et la chienne va bientôt prendre une retraite bien méritée.

«Je n’ai pas besoin de lui donner un ordre. Elle agit de sa propre initiative quand elle sent quelque chose qui a la même odeur que son jouet. Que ce soit sur les personnes ou les objets, elle ne se trompe pas», témoigne le policier. «Elle s’assoit ou se couche devant la personne. Si elle ne s’arrête pas, la chienne la suit. Elle veut son jouet. Tant que je ne lui signifie pas avec le clicker qu’elle va avoir son jouet, le chien en lâche pas.» Mais en bon chien dit «passif», elle ne mord pas.

Les maîtres-chiens aussi se doivent d’être irréprochables. Il y a beaucoup de candidats, mais peu d’élus. «Il ne suffit pas d’aimer les chiens. Il faut être un bon policier avant tout. Un policier motivé, car notre travail ne s’arrête pas après huit heures. Nous devons veiller aux besoins de notre chien. Il doit également aimer être sur le devant de la scène, car nous faisons beaucoup de présentations publiques», résume Christian van Wissen.

Une grande responsabilité pour le maître

«Un maître-chien a une grande responsabilité. Il a un animal qui a appris à mordre. Il doit pouvoir travailler de manière individuelle. Nous sommes souvent seuls avec nos chiens en renfort d’autres unités et devons prendre des décisions», complète Serge. Comme les chiens, ces policiers suivent régulièrement des formations auprès de formateurs recrutés dans leurs rangs ou à l’étranger.

Il peut également arriver que ces hommes et ces femmes effectuent des tâches sans les chiens. Notamment la coordination lors de recherches, le test des chiens candidats avec un vétérinaire et un formateur ou la capture d’animaux dangereux perdus sur les axes routiers ou présents lors de perquisitions effectuées par des groupes d’intervention. Les maîtres-chiens sont formés au tir de tranquillisants à la sarbacane et à manipuler des collets, entre autres.

Un maître-chien sans son binôme canin est un maître-chien triste.  «C’est un mode de vie, une passion», conclut Ivo, formateur.

Qui a de la drogue cachée dans la chaussure? Sans hésitation, ce chien renifleur va trouver la réponse.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.