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Les arbres luxembourgeois n’ont jamais été aussi détériorés


Plus de 60% des arbres du pays sont nettement endommagés, selon l’administration de la Nature et des Forêts. (photo Didier Sylvestre)

Après une année 2021 encourageante, c’est la douche froide. Ou plutôt chaude. L’année 2022, très sèche, a mis à mal les forêts luxembourgeoises. Plus d’un arbre sur deux est fortement endommagé et/ou mort.

Des cours d’eau en mauvais état, des forêts dégradées… Pas de doute, la sécheresse et le dérèglement climatique créent de nombreux problèmes au Luxembourg – et ailleurs.

Ce vendredi, l’administration de la Nature et des Forêts a ainsi présenté son inventaire phytosanitaire des forêts du pays pour l’année 2022, en dressant un constat simple : la détérioration des arbres du pays se poursuit, plus intensément que jamais.

C’est simple, nos arbres n’ont jamais été en si mauvaise santé, si l’on en croit les données transmises par l’administration de la Nature, qui remontent tout de même jusqu’à l’année 1984.

Actuellement, plus de 61,70 % des arbres luxembourgeois sont «nettement et/ou fortement endommagés ou morts» contre seulement 15,40 % d’arbres ne présentant aucun dommage. À titre de comparaison, il y a tout juste cinq ans, deux fois moins d’arbres étaient endommagés au Luxembourg.

 

L’été 2022 ? «Catastrophique»

Sans surprise, la cause principale de cette détérioration de nos végétaux reste la sécheresse. Si l’évolution climatique de 2021 a été favorable aux forêts, permettant aux arbres de stocker quelques réserves d’eau, plusieurs semaines de sécheresse au printemps suivies d’un été exceptionnellement sec avec des périodes de canicule ont suffi à vider les stocks.

«L’été 2022 a été catastrophique pour nos arbres», souligne Philippe Schmitz, membre du service des forêts de l’administration de la Nature. «Ils n’arrivent plus à se ressourcer tout seuls, il y a toujours de nouveaux éléments pour les mettre en stress», explique-t-il. Tout y passe : hêtres, chênes, résineux, la plupart des arbres de nos régions souffrent face au dérèglement climatique.

Quelles solutions ?

Comment soutenir alors nos forêts et leur offrir un peu de répit ? «Nous essayons déjà de diminuer toutes les interventions qui auraient des conséquences néfastes pour les forêts. Nous récoltons de manière très douce, arbre par arbre, et nous essayons de garder de plus en plus d’ombre aussi, pour diminuer la chaleur directe», énumère Philippe Schmitz.

Côté politique aussi, les stratégies s’accélèrent pour rattraper le temps perdu. Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, attend ainsi beaucoup du projet de loi 7 255 portant sur les forêts, qui doit être soumis à la Chambre des députés d’ici à la fin de l’année.

«Il fallait renouveler toute la législation des forêts, qui date d’il y a une centaine d’années. Nous avons donc modernisé tout cela, pour permettre une utilisation durable de nos forêts», explique-t-elle.

Une nouvelle législation qui concernera autant les forêts publiques, gérées en grande partie par l’administration de la Nature, que les privées. «Nous allons encourager les propriétaires, via des subventions, à tout mettre en œuvre pour la régénération des forêts de façon durable, avec des essences adaptées, locales et plus résistantes. C’est important de garder le patrimoine génétique de nos forêts pour développer cette richesse et cette résistance naturelle», détaille la ministre.

Des règles plus strictes à venir donc, mais nécessaires, selon Joëlle Welfring, pour «remédier au dérèglement climatique qui progresse très rapidement».

C’est quoi l’inventaire phytosanitaire ?

L’inventaire phytosanitaire donne une indication sur les tendances de l’état de santé des forêts au Luxembourg. Il est relevé depuis 1984 par l’administration de la Nature et des Forêts et se base sur un réseau systématique de placettes d’échantillonnages à l’échelle nationale.

En 2022, six experts forestiers ont analysé 1 200 arbres sur 51 placettes d’échantillonnages réparties sur l’ensemble des forêts du Luxembourg. L’observation annuelle de la canopée est réalisée chaque année à la même période, du 20 juillet au 15 août.

L’observation permet de déterminer l’état des feuillages, la coloration des feuilles et aiguilles de la cime des arbres, mais aussi de documenter la présence de parasites tels que les insectes et champignons et ainsi permettre une analyse des dégâts.

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