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Législatives : les féministes veulent faire entendre leur voix


Isabelle Schmoetten et Claire Schadeck ont envoyé aux partis une liste d’actions concrètes à mettre en place pour plus d’égalité entre les genres. (Photo : fabrizio pizzolante)

Le CID Fraen an Gender a présenté hier la liste de revendications féministes qu’il espère voir inscrites dans les programmes de campagne des partis politiques.

À quelques mois des législatives, le Centre d’information et de documentation femmes et genre (CID) veut faire entendre sa voix et, par elle, celles des femmes, pour un pays qui s’engage pour plus d’égalité entre les sexes. Le CID a présenté hier la liste des 29 revendications féministes qui ont été envoyées aux différents politiques pour les inspirer et les guider dans l’élaboration de leurs programmes électoraux concernant le volet des droits des femmes et, de façon plus générale, la dimension de genre.

Révision des manuels scolaires pour y supprimer les contenus discriminatoires, formation des professionnels (de l’enseignement, de la police, de la justice, de la santé…) sur la prévention de la violence de genre, suppression de la pauvreté structurelle des familles monoparentales ou encore création de logements abordables pour tous, et en particulier pour les groupes vulnérables (notamment les familles nombreuses ou les victimes de violence domestique, mais aussi les célibataires) : les revendications couvrent tant les domaines de l’éducation et du travail, que ceux de la culture ou de la politique et de la société.

Avant d’élaborer ces revendications, les féministes du CID avaient adressé quelques mois plus tôt une série de questions aux partis politiques dans le but d’évaluer leur sensibilité au féminisme, dont les réponses ont permis d’établir ensuite ce déroulé précis de 29 points. «L’analyse des réponses de sept partis (DP, déi gréng, LSAP, CSV, ADR, Parti pirate, déi Lénk) a montré qu’il y a bel et bien un potentiel féministe», ont noté Isabelle Schmoetten et Claire Schadeck, les responsables politiques du CID.

Le temps de l’action

Les réponses ont en outre montré la prédominance de certaines thématiques dans les esprits et, à l’inverse, la méconnaissance, voire le désintérêt total, quant à d’autres. La plupart des partis sont ainsi favorables à l’intégration de formations spécifiques aux questions de genre dans certains secteurs professionnels ainsi qu’à la reconnaissance de l’endométriose comme maladie, ou ont des idées pour mettre en œuvre une politique des transports intégrant la dimension de genre (par exemple, en effectuant un état des lieux pour identifier les besoins ou en appliquant la parité dans les espaces décisionnaires des entreprises de transport travaillant sur la planification des transports et de l’espace urbain).

Par contre, la collecte de données ou la budgétisation relatives aux genres mobilisent peu les partis, de même que les politiques intersectionnelles (qui visent à limiter les discriminations multiples que peuvent subir certains individus) sont largement méconnues.

«Il existe des idées assez intéressantes pour lutter contre le harcèlement sexuel dans l’espace public, sans toutefois révéler par qui et comment elles pourraient être mises en œuvre», relèvent par ailleurs les représentantes du CID. Ce qui est assez représentatif de l’état de la lutte pour la cause féministe au niveau politique au Luxembourg : la prise de conscience existe, mais le manque d’action subsiste. «Les différents partis sont conscients du sujet de l’égalité des genres, mais ils sont plus dans la sensibilisation que dans les actions concrètes. Maintenant, il faut agir!», exhorte Claire Schadeck.

« Il faut aussi des mesures nationales »

Car si le CID reconnaît quelques avancées depuis les dernières élections législatives – notamment la gratuité des moyens de contraception (approuvée par le Conseil de gouvernement le 20 janvier) ou la reconnaissance de l’importance de données chiffrées (Isabelle Schmoetten souligne le travail du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes pour mesurer l’impact de la pandémie et du confinement) – il déplore que «politiquement, les questions d’égalité ne progressent qu’à pas de tortue». «Il y a des communes qui s’impliquent beaucoup sur toutes les questions de genre, mais il faut aussi des mesures nationales, que ce ne soit pas laissé au bon vouloir de chacun», ajoute Isabelle Schmoetten.

Prochaine étape pour le CID désormais : «avoir des entrevues avec chacun des partis pour discuter de ces propositions, en espérant parvenir à les convaincre de faire figurer des revendications dans leur programme», annonce Claire Schadeck.

L’intégralité des revendications est à retrouver sur le site du CID Fraen an Gender.

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