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« L’école publique en danger » au Luxembourg


«Le ministre Claude Meisch dépense beaucoup d'énergie pour exclure les syndicats des discussions», affirme Patrick Arendt, président du SEW/OGBL où il est le responsable du département Fondamental. (photo Isabella Finzi)

Cette année, le SEW/OGBL n’aura pas attendu la conférence de presse de la rentrée scolaire du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, pour lâcher ses reproches. Le syndicat jette un regard sévère sur le développement du système scolaire.

« Le ministre et ses collaborateurs n’entendent pas du tout la base. Le dialogue entre les enseignants sur le terrain et le ministère a été rompu par le ministre », a lancé mardi Patrick Arendt, le président du SEW/OGBL face à la presse. « Son dialogue de façade, ses visites dans les écoles et les réunions avec une sélection d’enseignants, c’est juste une campagne de communication. On a un peu l’impression qu’il se trouve en campagne électorale. » Toujours selon le SEW/OGBL, Claude Meisch dépense beaucoup d’énergie pour exclure les syndicats des discussions.

Une autre critique concerne les défis pédagogiques. La politique n’apporterait pas de réponses par exemple à la problématique des langues qui devient de plus en plus complexe. «Le ministre se limite à organiser régulièrement des conférences de presse pour présenter de nouvelles mesures. Mais en général elles ne sont pas réfléchies ou sont irréalisables. Et il arrive qu’au bout de quelques semaines, elles sont oubliées», martèle Patrick Arendt.

D’après le SEW/OGBL, la politique d’éducation «néolibérale» menée par Claude Meisch constitue à moyen et long terme «un danger pour l’école publique et la cohésion de notre société». Car l’individualisme, l’esprit de concurrence et l’égoïsme y seraient encouragés dans la course aux diplômes. «Le slogan Nous prenons chaque enfant où il se trouve (Mir huelen all Kand do of, wou et steet) cache le fait qu’actuellement on n’a pas de projet commun pour nos enfants à l’école.»

Lors de sa conférence de presse, le syndicat est également revenu sur l’annonce de la création de 150 postes dans le fondamental pour aider les enfants qui ont besoin d’une aide spéciale : «Ce chiffre correspond exactement au nombre de postes qui seront démontés dans les prochaines années. Cela ne constitue pas un progrès.»

«Le travail avec les enfants au second plan»

Le syndicat observe encore qu’on enlève aux enseignants de plus en plus de moyens pour travailler efficacement avec les enfants. «Pendant des décennies, les enseignants ont passé leur carrière dans la salle de classe avec les enfants, dit Patrick Arendt. Ils pouvaient se concentrer essentiellement sur les cours. Avec la réforme, l’enseignant doit s’occuper de sa propre carrière.» Il cite l’exemple des stagiaires (dont le stage a été réformé cette année). Depuis 14 jours, ces derniers suivent des formations. Et ce n’est pas fini. Difficile pour eux de préparer les cours en parallèle. «Comme ils peuvent être écartés du stage, le travail avec les enfants arrive forcément au second plan», soulève Patrick Arendt.

Enfin, le SEW/OGBL critique le fait que de plus en plus de places d’expert assorties de toute une série de décharges sont à décrocher. «Le travail avec les enfants se retrouve entretemps tout en bas de la hiérarchie, note-t-il. Les places avec les décharges sont très demandées. Pour nous, c’est le signe que pour beaucoup de collègues, il est de plus en plus difficile de s’identifier avec le système scolaire et leur travail. L’ambiance dans les écoles risque d’en souffrir.» Bref, pour le SEW/OGBL, «l’école publique se trouve devant un développement dangereux».

L’enseignement secondaire fait aussi l’objet d’une mise en garde du syndicat. «Meisch fait une politique d’annonces spectaculaires. Mais on ne sait pas clairement d’où il veut sortir le personnel, les infrastructures et les ressources financières pour concrétiser ses projets», soulève Jules Barthel, le responsable du département Secondaire. «Une trop grande ouverture des écoles vers le monde économique est un danger réel pour la neutralité de l’école publique», conclut-il.

Fabienne Armborst

137 758 élèves

Selon des données publiées par le ministère de l’Éducation nationale, 137 758 élèves vont faire leur rentrée dans les jours à venir. Ce sont 48 055 élèves qui vont regagner les bancs de l’école fondamentale dès jeudi matin.

Pour les 40 197 élèves de l’enseignement secondaire, la rentrée se fera en deux étapes : vendredi les classes de 7e s’y colleront, leurs aînés feront eux leur rentrée lundi. S’y ajoutent 18 270 élèves inscrits dans des écoles transfrontalières, internationales ou privées.

Le reste de la communauté scolaire se repartit entre l’éducation différenciée, le Centre de logopédie, la formation continue et les cours de langue.

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