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Le vivre ensemble fait débat au Luxembourg


Pour les députés, l'accueil des réfugiés est à parfaire et les recommandations de la médiateure à prendre au sérieux. (Photo : Archives LQ)

La situation des réfugiés dans les structures d’accueil et le vivre ensemble sont les points saillants du rapport de la médiateure débattu mercredi à la Chambre.

Les nombreuses recommandations de la médiateure ne tombent pas dans l’oubli. Les députés ont l’air bien décidés à leur garantir un suivi.

Le dernier rapport de la médiateure Lydie Err, qui a cédé sa place en avril à Claudia Monti, a laissé des traces. Les députés en ont débattu hier en insistant tous sur le rôle essentiel de la personne qu’il est convenu d’appeler dorénavant ombudsman, dans notre système démocratique. Pour preuve, «le taux de correction global pour tous les dossiers clôturés au cours de l’année 2016 s’élève à 84 %», rappelle Martine Hansen (CSV) qui a présenté le rapport sur le débat d’orientation hier à la tribune de la Chambre des députés.

L’oratrice choisit de s’arrêter plus longuement sur le chapitre que Lydie Err avait intitulé «vivre ensemble» et qui reflétait les difficultés rencontrées par les demandeurs et les bénéficiaires de protection internationale (DPI/BPI). «En 2016, la médiateure a reçu 235 réclamations, soit trois fois plus que l’année précédente de la part des réfugiés», souligne Martine Hansen. Ainsi, Lydie Err avait réalisé une tournée des structures d’accueil pour se faire une idée de la situation qui avait donné lieu à une série de suggestions. Il faudrait en premier lieu consacrer une attention particulière aux personnes les plus vulnérables que sont les mineurs non accompagnés et les personnes handicapées.

Côté hébergement, les sanitaires sont parfois vétustes et qui plus est collectifs dans certains cas, ce qui ne garantit pas l’intimité nécessaire. La mise en place d’un contrôle externe des structures d’hébergement comme le recommande la médiateure dans son dernier rapport est une idée qui ne déplaît pas.

Il y a aussi un problème de repas. Les DPI se plaignent souvent de la qualité des repas qui ne correspond pas à leurs habitudes alimentaires. Comme Lydie Err le recommande, une cuisine ne serait pas du luxe pour permettre à ces personnes de cuisiner leurs repas selon leurs goûts. De plus, ils trouveraient là une occupation. Les députés qui se succèdent à la tribune ne voient pas d’objection à suivre ces recommandations.

Réformer la colocation

Pour le DP, Gusty Grass relativise tout de même le rapport et défend la ministre de la Famille, en charge de l’Office luxembourgeois d’accueil et d’intégration (OLAI), responsable de l’hébergement de DPI. «La situation n’est pas si dramatique», estime le député libéral, qui cite les mesures qui sont prises en faveur de l’accueil des réfugiés tout en reconnaissant que des améliorations sont à apporter et notamment dans le recrutement de travailleurs sociaux. Il y a actuellement 11 assistantes sociales à l’OLAI pour 3 000 réfugiés. Dans ces foyers se trouvent également quelque 800 bénéficiaires de protection internationale qui ne peuvent pas bouger de leur structure d’accueil, faute de trouver un logement à un prix abordable. Sur ce point, les députés Marco Schank (CSV) et David Wagner (déi Lénk) sont d’accord avec la proposition de Lydie Err portant sur une réforme de la colocation ou de la coopérative.

«Partager un logement commun serait une solution, mais les colocataires seraient considérés comme une communauté de vie et perdraient en fait tout ou partie du RMG», rappelle Martine Hansen plus tôt dans son rapport. Et elle insiste : «Un changement de la loi sur ce point est souhaitable et, en raison du principe de l’égalité de traitement entre les BPI et les autres bénéficiaires du RMG, devrait s’appliquer à tous sans distinction.»

Le député écolo Roberto Traversini, bourgmestre de Differdange, a profité de cette tribune pour rappeler tout ce que sa ville a mis en place pour accompagner l’intégration des réfugiés et plaide pour que toutes les communes fassent preuve de solidarité dans ce domaine. C’est encore lui qui évoquera un autre point du rapport concernant l’élargissement des compétences de l’ombudsman. Pour l’heure, il ne peut pas intervenir pour une réclamation se rapportant au fonctionnement des établissements de droit privé chargés d’une mission de service public, normalement cofinancés par des deniers publics.

«Cette situation amène en pratique à certaines incohérences, dans la mesure où pour des organismes assurant les mêmes missions (écoles, structures de garde pour enfants, centres pour personnes âgées, etc.), seuls les organes de droit public sont soumis au contrôle du médiateur», note Martine Hansen. À ce sujet, David Wagner rappelle qu’il faut déjà clarifier la définition de mission de service public et s’y atteler sans tarder.

Mercredi, l’ensemble des députés ont salué le travail accompli par Lydie Err. La députée Cécile Hemmen (LSAP) a particulièrement insisté sur ses grandes compétences et a souhaité que sa successeure, Claudia Monti, garde cette même rigueur. Deux ministres, Nicolas Schmit et Romain Schneider (LSAP tous les deux), ont assisté au débat et ont eux aussi salué le travail de celle qui est partie à la retraite au printemps dernier.

Geneviève Montaigu

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