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[Elections législatives] Le secteur agricole revient à la Chambre


Luc Emering exploite une ferme bio à Sprinkange et fera son entrée à la Chambre des députés, suivi par Jeff Boonen quasiment certain d’en faire partie.  (Photo : archives lq/hervé montaigu)

Ce n’est pas un, mais certainement deux députés issus du monde agricole qui feront leur entrée au Parlement, avec Luc Emering (DP), directement élu, et Jeff Boonen (CSV), forcément repêché.

Il a obtenu une belle quatrième place sur la liste du DP dans la circonscription Sud, loin devant le député Pim Knaff, échevin à Esch-sur-Alzette et juste devant la députée Barbara Agostino qui sera sans doute repêchée si Max Hahn conserve un poste au gouvernement. Le jeune agriculteur de 26 ans Luc Emering a créé la surprise au soir du 8 octobre en étant directement élu à la Chambre des députés.

Depuis le départ de Charles Goerens au Parlement européen, il n’y avait plus de représentant du monde agricole parmi les députés, un rôle qu’avait repris Martine Hansen en tant qu’ancienne directrice du lycée agricole, qui transmettait les doléances du monde paysan. Cette fois, il y aura non seulement un représentant des agriculteurs mais aussi des agriculteurs bios, dans un pays qui compte encore quelque 1 500 exploitations agricoles. Sur les 25 dernières années, le Luxembourg a vu la moitié de ses fermes disparaître. En moyenne, ce sont toujours 50 agriculteurs qui décident tous les ans d’arrêter les frais tandis que seule une quinzaine décide de prendre la relève.

Le jeune député et échevin de la commune de Dippach fait partie de ceux-là. La famille Emering s’est tournée vers le bio il y a une vingtaine d’années déjà. L’exploitation laitière est devenue un élevage de poulets et une fabrique de pâtes et la vente directe un modèle économique.

Luc Emering fut aussi le président de l’association des jeunes agriculteurs (l’ASBL Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren), avant de décider de passer la main à Charel Ferring, en juillet dernier, dans la perspective de participer aux élections législatives. Ce qui lui a plutôt bien réussi. Le jeune élu nous déclarait, il y a un an, rester confiant pour l’avenir d’un secteur qui reste primordial, mais le camp politique devait néanmoins faire attention de ne pas couper l’herbe sous le pied des agriculteurs. Il y veillera personnellement à partir du 23 octobre.

«Maintenant, il faut travailler»

Il a été le premier surpris d’être si bien élu, mais garde les pieds sur terre. «Maintenant, il faut travailler», déclare-t-il. Luc Emering n’a pas perdu de temps puisqu’il fait partie de la délégation du Parti démocratique qui mène les négociations avec le CSV pour la préparation du programme gouvernementale. «Je suis membre de la délégation, car je suis le plus jeune élu du parti et aussi pour mes connaissances du monde agricole», précise-t-il. «Je suis responsable pour discuter des intérêts des jeunes et de l’agriculture et le bio fait partie de ces discussions», ajoute-t-il.

Il est déjà satisfait que le pays se soit doté d’un Plan d’action national Bio valable encore jusqu’à la fin de cette année, mais il constate que pas grand-chose ne bouge dans le secteur. Pire encore, il craint que le bio ne régresse au profit d’un retour à l’agriculture conventionnelle. «Il faut vraiment engendrer des modifications pour développer le bio», insiste-t-il.

Pourquoi une régression du bio? «Pour certains c’est difficile, il ne faut pas croire que tout le monde peut faire du bio, sans parler du marché qui est devenu morose depuis la crise énergétique et la hausse des prix. Les gens achètent moins ou plus du tout de bio devenu trop cher pour eux.» C’est pareil pour les circuits courts. L’engouement observé pendant la pandémie s’est estompé.

Pro-biodiversité

Luc Emering ne sera peut-être pas le seul agriculteur à la Chambre des députés. Il espère bien voir le chrétien-social Jeff Boonen, ingénieur agronome comme lui, rejoindre les rangs du Parlement. Élu à la cinquième place dans la circonscription Nord, derrière Emile Eicher et devant Jean-Paul Schaaf, il a toutes les chances d’être repêché après le départ pour le gouvernement de Martine Hansen ou Christophe Hansen.

Si l’exploitation familiale de la famille Boonen à Elvange (commune de Beckerich) produit du lait en conventionnel, elle produit aussi du biogaz depuis plus de vingt ans. Âgé de 38 ans, Jeff Boonen est surtout très porté sur la politique énergétique et la biodiversité, persuadé que les agriculteurs, trop souvent accusés de la détruire, peuvent aussi la rétablir. Il défend aussi une plus grande diversification de l’agriculture.

Le monde agricole va pouvoir compter sur deux jeunes représentants très engagés.

Pour Luc Emering, son plus grand défi consistera à gérer l’exploitation agricole tout en siégeant à la Chambre des députés et autant dire que l’exercice est difficile. «Pour la saison hivernale je peux me débrouiller, mais dès le printemps je devrais trouver une solution», avoue-t-il.

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