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Blancs, nuls, abstention : le vote aux législatives décortiqué


Parmi tous ces bulletins, quelques-uns ne seront pas valables.

Regardons de plus près dans les urnes de ces dernières législatives pour observer les bulletins blancs, nuls et manquants.

Voter a beau être une obligation au Luxembourg depuis 1924, 13 % des électeurs ont néanmoins choisi de ne pas participer, dimanche dernier, aux législatives. Sur les 286 739 inscrits, le site officiel élections.public.lu a recensé 36 771 abstentions.

Un nombre en augmentation de 3 points par rapport aux législatives de 2018. Impossible de savoir encore à l’heure actuelle si ces abstentionnistes ont fourni une excuse acceptée par un procureur d’État, ou s’ils résidaient en dehors de la commune dans laquelle ils étaient censés voter, ou encore s’ils sont âgés de plus de 75 ans. Ces trois situations particulières dispensant de l’obligation d’aller glisser son bulletin dans l’urne.

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La législation en vigueur a pourtant prévu des mesures coercitives pour frapper directement les abstentionnistes au portefeuille, avec une amende de 100 à 250 euros, voire jusqu’à 1 000 euros en cas de récidive dans les cinq ans. Mais dans les faits, ces sanctions ne sont plus appliquées depuis 1964.

Elles impliqueraient en effet, comme l’expliquait une réponse commune de plusieurs ministères après les communales de 2017, «que toutes les personnes visées devraient être auditionnées individuellement par la police et poursuivies en justice».

Plus de nuls que de blancs

D’autres électeurs, parmi les 286 739 inscrits sur les listes, ont bien déposé un bulletin dans l’urne ou voté par correspondance, et pourtant leur voix n’a pas été comptabilisée dans le total des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats, les votes blancs et nuls ont constitué un peu plus de 7 % des bulletins dépouillés, soit quelque 18 600.

Lorsque l’on jette un œil sur les données de ces 14 dernières années, le chiffre est presque toujours identique, oscillant aux alentours de 3 % de blancs aux législatives entre 2009 et ce dimanche. Seuls les nuls subissent une très légère augmentation : ils constituaient 3,2 % de tous les bulletins déposés dans l’urne en 2009 contre 4,2 % en 2023.

Si les bulletins considérés comme nuls peuvent parfois être le résultat d’une maladresse ou d’une incompréhension, les bulletins blancs ne laissent guère de place au doute : l’électeur qui dépose un bulletin vierge de toute croix exprime là un geste politique. C’est d’ailleurs la reconnaissance effective de cet acte qui avait été demandée, en 2017, dans une pétition déposée à la Chambre des députés.

La jugeant «superfétatoire», les membres de la conférence des présidents chargés de l’examiner avaient expliqué que cette reconnaissance du vote blanc était déjà remplie «dans la mesure où le vote blanc est clairement indiqué sur les procès-verbaux de recensement général des quatre circonscriptions électorales».

Pourquoi voter blanc ?

La pétition avait aussi proposé l’éventuel ajout d’une case spéciale «vote blanc» sur les bulletins, mais les membres de la conférence des présidents avaient trouvé que cela serait «non seulement contradictoire par rapport à l’intention que représente le vote blanc, mais poserait également problème lorsqu’il s’agira de savoir ce qu’il advient des bulletins de vote sur lesquels rien n’aura été coché ni même la case « vote blanc »».

Mais alors quelles sont les raisons qui poussent les électeurs à ne pas aller voter ou à déposer un bulletin blanc, voire nul dans l’urne? Publiée en juillet 2023, l’étude Polindex, réalisée par la chaire de recherche en études parlementaires de l’Uni, fournit des éléments de réponse. Les chercheurs, qui ont décortiqué la composition de l’électorat du pays et ses préoccupations, ont ainsi interrogé des résidents qui s’étaient abstenus ou avaient déjà voté blanc/nul par le passé.

«De manière générale, je ne fais pas confiance aux hommes et femmes politiques» est le motif le plus souvent évoqué. Suivi de près par «la politique ne m’intéresse pas», «je suis contre le vote obligatoire», «aucun des partis ne me convient» ou encore «mes voix ne servent à rien».

Plus marginales, les réponses «je ne sais pas comment voter», «je ne comprends rien à la politique» ou «je serai à l’étranger». Ce qui fait dire à Polindex que «le vote blanc ou nul continue d’être un vote de protestation et d’indifférence à la politique».

Dans les urnes des législatives

249 968 bulletins ont été déposés

231 344 étaient valables

7 889 ont été considérés comme blancs

10 735 se sont avérés nuls

(source élections.public.lu)

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