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[Le portrait] Nathalie Lamborelle : Madame la présidente


Nathalie Lamborelle, ici lors du cyclo-cross de Belvaux, n’a plus d’ambition personnelle, mais continue de montrer l’exemple. (Photo : luis mangorrinha )

Nathalie Lamborelle est la présidente du LP 07 Schifflange, où l’encadrement des jeunes est une priorité. La prof de sport garde ce leitmotiv dans sa vie privée et professionnelle.

Chaque dimanche qui passe serait donc une nouvelle occasion pour prendre un bon bol d’air en famille. Car avec David, son époux, professeur de sport comme elle (il exerce à Junglinster alors qu’elle donne ses cours au lycée de garçons à Esch-sur-Alzette), Marie (quatre ans) et Julie (un an et demi), «tout se fait en famille». Donc également les sorties hebdomadaires pour les compétitions de cyclo-cross où Nathalie Lamborelle accroche à nouveau un dossard. Un rituel. Famille, elle insiste, passion, plaisir et éducation seront ses mots les plus utilisés lorsqu’on lui demandera de se confesser pour l’écriture de ce portrait.

Ce n’est pas celle qui fut à son époque la chef de file du cyclisme féminin (trois fois championne nationale sur route, elle fut sacrée deux fois en contre-la-montre et en cyclo-cross, et elle avait également terminé deuxième de la première édition du Festival Elsy Jacobs), mais bien l’actuelle présidente du club de sa ville, le LP 07 Schifflange, que l’on souhaite entendre.

«Le cyclisme féminin, c’est aujourd’hui un autre monde. Le niveau a explosé. Il y a quinze ans, il n’y avait pas beaucoup de grandes équipes», constate Nathalie Lamborelle. Bien sûr, elle regarde avec attention l’ascension de Marie Schreiber, le grand espoir du cyclisme luxembourgeois, dont elle a déjà «pu apprécier le mental» du temps où elle faisait des piges à l’encadrement de la FSCL (Fédération nationale de cyclisme). «C’est très impressionnant ce qu’elle réalise, analyse-t-elle, admirative. C’est vraiment cool qu’elle soit passée par le cross. Elle est très inspirante pour les jeunes. Et elle a le caractère pour faire carrière.»

«La carrière sportive m’a beaucoup apporté»

Jamais n’affleurera le moindre regret quant à sa propre trajectoire. Hormis peut-être la déception de ne «pas (s)’être qualifiée pour participer aux JO-2012».  Pas de «si» ni de «j’aurais pu». Encore moins de «si j’avais su». Tout juste remarque-t-elle que «tout a changé rapidement» et qu’elle ne s’est «jamais donnée à 100 %», privilégiant toujours les études. Celle qui termina sa carrière en 2013 dans l’équipe Bigla poursuit : «Il n’y avait que 30 filles qui gagnaient leur vie à l’époque. C’est beaucoup plus aujourd’hui.»

Non, elle ne regrette surtout pas d’avoir choisi les études. Puis d’avoir épousé le métier de professeur de sport, après une première expérience au lycée Josy-Barthel de Mamer. «J’ai pris au sérieux ma profession, c’est bien plus important qu’un hobby.» Sans rien renier de son passé. «La carrière sportive m’a beaucoup apporté dans mes études et dans la vie, ce fut très enrichissant», assure Nathalie Lamborelle.

Ce sont des expériences qui nous font toujours gagner quelque chose pour notre vie

Mardi, elle revenait tout juste d’une séance d’entraînement avec quinze enfants de quatre à cinq ans. Avec sa plus grande fille. Mais aussi, par exemple, Sydney, le garçon de… Ben Gastauer. «Cela me fait plaisir de voir des jeunes faire du sport, explique-t-elle. J’ai créé un petit groupe pour que ces enfants puissent faire du vélo en salle pendant une heure. C’est trop mignon… On verra si l’été, on pourra sortir en forêt…»

Ainsi, le sport reste son fil rouge. «C’est mon monde», précise-t-elle. À l’écouter, toutes les pièces du puzzle de sa vie semblent s’emboîter sans aucune hésitation. Jusqu’à cette existence un peu folle, où le temps se découpe en petites tranches précieuses. «Je ne sais même pas si avec mes filles, je vais pouvoir cuisiner des gâteaux de Noël comme je l’avais prévu», peste-elle.

«On manque d’entraîneurs»

C’est que Madame la présidente du LP 07 Schifflange est fort occupée. C’est l’ancien dirigeant, Jean-Claude Hansen, qui, après treize ans à cette fonction, est venu frapper à sa porte. «Il m’a dit que j’étais prédestinée pour ce poste. Avant, j’étais devenue entraîneur du club. J’avais passé les brevets après ma carrière sportive, mais j’avais pris un peu de distance. C’est mon mari qui est entré le premier au club. Bon, j’ai un peu hésité avant de prendre la présidence.» Elle ne le regrette pas. «Ce sont des expériences qui nous font toujours gagner quelque chose pour notre vie», résume-t-elle merveilleusement bien.

D’ailleurs, elle se sait parfaitement bien à sa place. «C’est très cool de s’occuper des jeunes et au Luxembourg, tous les clubs ne peuvent pas faire ce travail. C’est toujours le même problème. On manque d’entraîneurs et il n’y a pas d’argent pour les payer», constate-t-elle.

J’aime faire du sport, discuter autour du sport et réfléchir autour du sport

Du coup, elle s’investit dans d’autres projets, comme ce groupe de travail dirigé par Charel Stelmes, le directeur de l’Inaps (Institut national de l’activité physique et des sports). Ou encore les activités Lasel où, parfois, elle regroupe jusqu’à 160 jeunes au Bike Park Boy-Konen de Cessange.

Tout cela nécessite une sacrée organisation. «Vu que mon mari et moi, nous travaillons, on sollicite les grands-parents. La petite ne va pas encore à la crèche et la grande n’y va pas trop. On veut passer du temps avec nos enfants, les éduquer nous-mêmes. C’est ce qui importe, je ne veux pas gâcher de temps et je veux les voir grandir et se développer, pour ne pas me dire dans dix ans que j’ai raté ce temps», plaide Nathalie.

Pour celle dont le sport est à la base de son existence («j’aime faire du sport, discuter autour du sport et réfléchir autour du sport»), les objectifs personnels chiffrés semblent loin. Elle avait pourtant fait une sorte de come-back en 2017 :  «J’avais repris le cyclo-cross et j’ai d’ailleurs participé aux Mondiaux de Belvaux avec le but de préparer l’Iron Man de Remich. C’était très dur, mais j’y suis parvenue alors que jamais, je ne m’étais imaginé pouvoir nager 1,9 kilomètre, encore moins dans la Moselle…»

Si elle porte toujours le cyclisme en bandoulière, c’est avec un autre habit que celui d’une simple compétitrice du dimanche qu’elle pilote sa vie. Elle sourit en insistant : «J’ai pris beaucoup de plaisir avant. Désormais, ce n’est plus la priorité même si j’ai repris la compétition. C’est tout juste si je parviens à m’entraîner deux fois par semaine. Et si je ne m’entraîne pas, ce n’est pas bien grave !»

En bref

À 35 ans, Nathalie Lamborelle, maman de deux enfants, est, avec son époux David, un membre actif du LP 07 Schifflange, club qu’elle préside depuis peu. Cette professeure de sport s’est depuis longtemps tournée vers l’encadrement. Sa carrière dans le peloton féminin, de 2007 à 2013 (dans les équipes Uniqa, Hitec Products, Abus Nutrixxion, Kleo Ladies et Bigla), lui a permis de glaner plusieurs titres de championne nationale sur route et en cyclo-cross. Si elle est aujourd’hui à nouveau compétitrice, c’est uniquement pour garder le plaisir et l’émotion du sport.

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