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[Le portrait] Cristina Correia, family business


(photo Alain Rischard)

Après une belle mais trop courte carrière de joueuse, c’est sur le banc des U17 nationales et de la sélection dames que l’ancienne internationale du Fola prolonge la grande saga familiale.

Cela fera en juin quatre ans que Dan Santos s’est vu confier l’équipe nationale dames du Luxembourg et la mission de structurer le football féminin luxembourgeois qui ne comptait alors que deux sélections de jeunes (U14 et U17). Typiquement le genre de tâche dont on ne peut s’acquitter seul et à l’heure de s’entourer, l’ancien coach de Beggen, Hamm ou Belvaux a immédiatement acté qu’il «fallait une femme dans le staff».

Les Luxembourgeoises dont le CV comporte les mentions «joueuse», «internationale», «coach adjointe», «entraîneuse principale» et «diplômée» ne sont pas encore légion au pays, aussi le profil de Cristina Correia, 38 ans à l’époque (42 aujourd’hui), s’est un peu imposé de lui-même. D’autant que Santos, par ailleurs formateur pour les diplômes UEFA-C et B, l’avait eue comme élève et connaissait donc son côté «très engagée, méticuleuse» et les «bonnes idées» de l’ancienne meneuse du Fola et capitaine des Roud Léiwinnen.

Comme beaucoup de monde au Grand-Duché, Dan Santos connaît aussi les frères de Cristina : Manuel (48 ans), en poste à Mondorf jusqu’à la mi-mars après avoir coaché Mondercange, Pétange ou Strassen, entre autres, et Paulo (45 ans), ancien joueur de la Jeunesse, du CS Oberkorn, de l’US Esch et d’Ehlerange. Comment ne pas tomber petite dans la marmite, qui plus est avec un papa lui-même mordu du Benfica Lisbonne? À «une époque où on jouait tous dehors», c’est ainsi flanquée de ses deux frangins que la jeune Cristina a frappé ses premiers ballons au parc et développé, dans un environnement essentiellement masculin, un fighting spirit qui serait plus tard l’une de ses marques de fabrique.

Mais il a fallu attendre 1997 et la relance du championnat féminin luxembourgeois, en sommeil depuis 1989, pour la voir exprimer celui-ci ailleurs que dans les matches amicaux entre équipes d’expatriés portugais. Et ce pendant douze ans : deux avec l’US Esch, puis dix avec le Fola avant cette seconde rupture des ligaments croisés du genou qui l’a contrainte à mettre prématurément un terme à sa carrière en 2009 et qu’il lui a fallu deux bonnes années «à digérer».

Ceux qui suivaient déjà la Ligue 1 savent ainsi que Cristina a également une sœur cadette, Elisabet (40 ans), mais aussi trois cousines, Tania, Diana et Jessica dans le désordre, membres comme elle de l’équipe première du club doyen. «Dans la famille, ils ont ça dans le sang», sourit le directeur sportif eschois Pascal Welter, qui se souvient du «numéro 10 technique, très élégante» sur le terrain et par ailleurs «très souriante» en dehors.

Dans quelques années, j’espère qu’elle reprendra le flambeau

«Au-dessus du lot», malgré son absence de formation «classique», dans un championnat de qualité bien moindre qu’aujourd’hui, Cristina Correia y a aussi étalé des qualités morales qui font dire à Paulo Cardoso, l’un des derniers coaches de sa trop courte carrière, qu’«on voyait tout de suite qu’elle avait quelque chose pour être coach». Dotée d’une «grande volonté», la milieu, titulaire en Slovaquie lors du tout premier match officiel de la sélection féminine le 18 novembre 2006 (défaite 4-0 en éliminatoires de l’Euro-2009), «se battait sur tous les ballons» et «savait parler, encourager». Lorsqu’il a repris les féminines du Fola en 2017, c’est donc tout naturellement que le technicien a «tout de suite pensé à elle» pour devenir son adjointe, quand bien même elle était restée hors circuit pendant huit ans. Et c’est tout aussi naturellement qu’en 2019, en déclinant une proposition de l’US Rumelange, il a «donné son nom : je savais qu’elle saurait le faire».

Une saison – interrompue – de Ligue 3 plus tard, la voilà donc propulsée en juin 2020 entraîneuse adjointe de Dan Santos en équipe nationale. Une promotion express dont l’intéressée s’amuse («ça valait le coup d’attendre!») et jugée «logique et surtout méritée» par Paulo Cardoso, «car elle n’a pas eu ce poste par compassion ou par amitié, mais parce qu’elle a bossé». Et parce qu’elle en impose. Aussi «engagée, active et rigoureuse» que du temps où elle était joueuse, Cristina Correia a aussi «du caractère, apprécie le sélectionneur. Son avis est important et quand elle n’est pas d’accord, elle le dit. Elle est très directe mais elle peut l’être : l’avantage, comme ancienne joueuse et coach, c’est qu’elle a le respect des joueuses et du staff. Elle sait quoi dire et quand le dire».

Mais aussi «quand il faut venir me calmer», glisse Santos. Dans un staff aux allures de «petite famille»*, le «T1» et son adjointe se comprennent ainsi «comme frère et sœur», quand les joueuses trouvent en elle un relais privilégié. Quatre ans après son intronisation, celle qui a été promue entre-temps sélectionneuse des U17 (avec comme adjoint… Dan Santos) et vise cette année le diplôme UEFA-A s’est donc imposée comme «une pièce indispensable dans le foot féminin luxembourgeois». Au point d’en devenir la figure majeure dans quelques années, en enfilant à son tour le costume de sélectionneuse? Si elle estime avoir «encore besoin d’apprendre» pour cela, Dan Santos veut croire et «espère» qu’«un jour, elle le sera probablement aussi». Pourrait-on faire plus logique, comme suite?

*Le préparateur physique Kevin Rutare et le coach des gardiens Jean-Marie Noel en font aussi partie depuis 2020.

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