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Le discours du 1er-Mai de l’OGBL sonne comme un avertissement


Nora Back a remonté les bretelles de l’Aleba qui joue un peu trop le jeu des banques à son goût en ne se battant pas suffisamment pour une redistribution des bénéfices.     (Photos : fabrizio pizzolante)

Qui touche aux acquis des travailleurs devra se frotter à un OGBL plus fort que jamais depuis les élections syndicales. Le discours du 1er-Mai de Nora Back sonne comme un avertissement.

Nora Back a mis les points sur les «i» et a averti le nouveau gouvernement quant aux lignes rouges à ne pas franchir s’il ne souhaite pas faire l’objet du courroux de son syndicat. Depuis toujours, l’OGBL privilégie le dialogue, mais il n’hésitera pas à crier son mécontentement et à donner de la voix en cas d’attaque contre les acquis sociaux.

Les propos de la présidente n’ont jamais résonné aussi fort sur le parvis de l’abbaye de Neumünster, à Luxembourg, qu’en ce 1er-Mai. Le syndicat, qui a engrangé 61 % des suffrages lors des dernières élections syndicales, se sent légitime pour faire contrepoids au gouvernement. «Notre voix compte et, d’une manière ou d’une autre, nous nous ferons entendre», a prévenu Nora Back. «Nous ne vendrons pas nos valeurs.»

L’OGBL, devenu «incontournable», défend les travailleurs et tout ce qui touche à leurs intérêts. Des intérêts souvent remis en question en période de crise ou de transition politique, comme c’est le cas actuellement. Nora Back ne croit pas aux promesses du gouvernement qui «se vante de ne pas envisager de pratiquer une politique d’austérité et de favoriser les investissements publics» et reste sceptique face à son plan prévoyant «une augmentation drastique des dépenses avec bien moins de recettes».

Il n’y a pas d’âge pour apprendre ce qu’est le combat syndical et pourquoi il est indispensable.

Autre promesse à laquelle le syndicat n’ose plus croire : la réforme du système d’imposition en faveur des citoyens. Le capital doit être imposé au même titre que le travail pour l’OGBL, qui prône également un impôt sur la fortune et un impôt foncier. «Nous réclamons une nouvelle répartition de l’imposition du bas vers le haut», a résumé Nora Back, appelant entre autres de ses vœux un nouveau barème d’imposition. Bref, un système plus égalitaire qui ne favorise pas uniquement les entreprises.

Dans la foulée, la présidente du syndicat a eu une pensée pour les travailleurs frontaliers «discriminés» parce qu’ils ne font «pas partie de l’électorat» et a plaidé en faveur d’une réforme de la loi sur les conventions collectives au sein des entreprises. Ces dernières contribuent à garantir de meilleures conditions de travail.

«Nous ne voulons pas et n’avons pas besoin d’un système de faux travailleurs indépendants sans droits et sécurité sociale, de CDD et de postes en intérim à gogo, de conditions de travail précaires et de craintes constantes d’être licencié», assure la présidente. «La reconnaissance de la valeur du travail et une rétribution en conséquence doivent être mises en avant.»

La voix des travailleurs

Cette rétribution concerne également les pensions des travailleurs retraités ainsi que des futurs retraités. «Il n’est pas question de travailler plus longtemps pour des pensions moins importantes ni de vendre notre système de pensions à des assurances commerciales privées», résume Nora Back.

«Qui s’attaquera aux retraites ne fera qu’augmenter la fracture sociale», notamment en créant un conflit des générations. L’OGBL n’hésitera pas à descendre dans la rue pour le contrer et proposer ses solutions alternatives, comme par exemple l’augmentation du plafonnement des cotisations.

En conclusion de son discours du 1er-Mai, la présidente s’attaque à la problématique du logement et reproche au gouvernement de pratiquer une politique en la matière «dans l’intérêt des propriétaires qui gagnent des fortunes grâce à leurs terrains et à leurs biens immobiliers» et de «faire des cadeaux fiscaux à ceux qui ont de l’argent». Au contraire, le gouvernement devrait prendre les choses en main et agir en tant que maître d’œuvre de projets immobiliers à prix décents.

«L’OGBL réclame que la construction de milliers de logements locatifs publics devienne une des priorités du gouvernement d’ici 2040. L’OGBL réclame la transposition d’une politique conséquente contre la spéculation et l’accumulation excessive de terrains et de biens immobiliers par des personnes privées. L’OGBL réclame plus d’aides de l’État pour les personnes souhaitant acquérir un logement. Et l’OGBL réclame une loi locative qui adapte l’augmentation des loyers à l’évolution moyenne des revenus de la population», a énuméré Nora Back.

En résumé, le syndicat majoritaire reste fidèle aux valeurs inscrites dans son ADN et se bat pour l’équité sociale, pour une meilleure répartition des richesses, pour le maintien des acquis et du dialogue social, seuls garants de la paix sociale en ces temps incertains. Le gouvernement ne pourra pas dire qu’il n’a pas été prévenu. Le syndicat «est plus fort que jamais» et n’hésitera pas à défendre «ceux qui doivent ou ont dû travailler pour vivre». «L’OGBL est la voix des familles qui font le Luxembourg, qui ont fait et font sa richesse, mais qui ne sont pas riches.»

Le parvis de l’abbaye de Neumünster était bondé d’anonymes et de politiques réunis sous la même bannière en ce jour de fête du Travail.

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