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Elisabeth Margue : «On veut recréer ce sentiment d’une police au plus proche des citoyens»


«Un bon résultat aux communales peut vous procurer un gain de confiance pour la suite, mais on ne pourra pas tirer des conclusions définitives au soir du 11 juin», affirme une Elisabeth Margue qui veut rester prudente. (photo Hervé Montaigu)

La volonté de créer une police communale marque la campagne électorale du CSV. La coprésidente du parti, Elisabeth Margue, défend ce point d’un programme-cadre communal qui prépare déjà la voie pour les élections législatives.

Le CSV aborde les élections communales du 11 juin avec de grandes ambitions. Ses 696 candidats chercheront à conforter sa position de premier parti à l’échelle locale. Elisabeth Margue espère que ce premier scrutin de cette année politique particulière ouvrira la voie à un retour au gouvernement après les législatives du 8 octobre. Le logement et la sécurité figurent parmi les thèmes clés définis par l’équipe dirigeante renouvelée du Parti chrétien-social.

À cinq semaines des élections communales, comment se présente le CSV ? Le parti est-il prêt à affronter ce premier scrutin de l’année ?

Elisabeth Margue : Nous sommes très bien préparés. On est même très positivement surpris par le grand nombre de jeunes et de nouveaux candidats qui se présentent. Cela vaut aussi pour le nombre de candidates. Avec 45 listes dans les communes au scrutin proportionnel, le CSV compte peut-être moins de listes que le DP (NDLR : 47 listes), mais dans l’ensemble nous disposons du total le plus élevé de candidats. Avoir réussi à recruter près de 700 candidats n’est pas négligeable. Sincèrement, je ressens une dynamique dans les rangs du parti. En fin de compte, on a réussi à mettre sur pied des listes représentatives de la population des différentes communes.

Presque tous vos députés sortants se présentent aux communales. S’agit-il d’une nécessité ou d’un frein au renouvellement des rangs ? En 2018, vous aviez clamé dans nos colonnes, alors que vous étiez présidente de la CSJ, qu’une génération de jeunes manquait au CSV.

En effet, seuls Martine Hansen, Octavie Modert, Nancy Kemp-Arendt, Claude Wiseler et Ali Kaes ne figurent pas sur une liste communale. Il faut souligner que le renouvellement revendiqué a bien eu lieu au niveau communal. Toute une série de jeunes a réussi à intégrer les collèges échevinaux après les élections de 2017. À l’image de Vincent Reding, à Weiler-la-Tour, de jeunes candidats ont même réussi à décrocher le siège de bourgmestre.

Serge Wilmes, le député-échevin de Luxembourg, ou Georges Mischo, le député-maire d’Esch-sur-Alzette, font aussi partie de cette nouvelle génération. Le fait que les jeunes ont pu faire leurs preuves lors de ces six dernières années constitue un avantage indéniable pour le parti. À la Chambre, Paul Galles a été élu d’office en 2018. Max Hengel et moi-même avons eu l’occasion de devenir députés en profitant du retrait de Françoise Hetto-Gaasch et de Viviane Reding. La jeune génération, dont j’avais déploré l’absence en 2018, est entre-temps mieux représentée.

Avec la cohésion sociale, la santé, le logement et la sécurité, le CSV a défini quatre thèmes clés pour les élections communales. Quelle a été la réflexion menée en interne pour mettre précisément en avant ces quatre domaines ?

Tout d’abord, je tiens à souligner que le programme-cadre compte 11 chapitres. Mais on est tombé d’accord pour mettre quatre thèmes en avant. Je commence avec la santé, car nous constatons que l’accès aux soins est surtout problématique dans les zones rurales. En particulier dans le Nord, où il faut faire de longs déplacements pour pouvoir consulter un médecin. Des initiatives prises sur le plan local ont tendance à être contrecarrées par le gouvernement en place.

Le logement demeure un des principaux sujets du moment. Il s’agit certainement d’une problématique nationale, mais où les communes peuvent agir également beaucoup. Dans les communes dont le CSV a la responsabilité, d’importantes sommes d’argent ont été investies pour créer du logement abordable. Le principal défi est lié à la taille des communes. La Ville de Luxembourg est mieux dotée que des communes rurales pour réaliser d’importants projets immobiliers. Ensuite, nous avons remarqué, surtout à la sortie de la pandémie, l’importance de la cohésion sociale. L’inclusion des citoyens étrangers, le vivre-ensemble entre les différentes générations et la vie associative doivent être encouragés.

Ce sont surtout vos revendications en matière de sécurité qui font du bruit. Le CSV réclame la création d’une police communale. À quoi doit ressembler ce nouveau bras des forces de l’ordre ?

La police communale doit devenir un corps intégré à la police grand-ducale, mais qui sera davantage soumis aux ordres des bourgmestres. L’idée est de créer une police de proximité, comme ce fut le cas avant la réorganisation des commissariats. On veut recréer ce sentiment d’une police au plus proche des citoyens, avec un accent à mettre sur les grandes communes, où un problème de sécurité est incontestable.

La création d’une police communale ne risque-t-elle pas de se heurter à un manque d’effectifs ?

Bien entendu, il faut continuer à recruter davantage de policiers, tout en se posant la question des tâches à assumer. Une réduction du travail administratif figure parmi les préoccupations majeures. Des procédures sont à simplifier et accélérer pour garantir que les policiers pourront être plus présents sur le terrain. Un autre constat est la situation frustrante des bourgmestres, qui n’ont quasiment plus aucune autorité sur la police. C’est d’ailleurs pour cela que le débat sur le déploiement d’agents de sécurité privés a été déclenché. Ce débat ne serait pas nécessaire si notre idée de donner plus de compétences au bourgmestre sur les services de police était mise en œuvre.

On vous reproche le fait que le débat sur la sécurité est toujours relancé peu avant les scrutins, pour de pures raisons électorales. Que répondez-vous à ces critiques ?

Je pense que les problèmes liés à la sécurité nous préoccupent depuis bien plus longtemps. À Luxembourg, par exemple, la même discussion était en cours avant les communales de 2017. Les responsables politiques de la capitale se battent contre l’insécurité, mais on ne sent pas un soutien à l’échelle du gouvernement. Les initiatives prises, telles que le déploiement d’agents de sécurité, constituent en soi un cri d’alerte.

Un bon résultat aux communales peut vous procurer un gain de confiance pour la suite

Revenons un instant au logement. Le CSV revendique un élargissement du périmètre de construction. Vous venez pourtant de souligner que dans les communes où votre parti est représenté dans les collèges échevinaux, de nombreux projets ont été initiés. Ne s’agit-il pas d’une contradiction ?

Il est clair que la crise du logement ne pourra pas être résolue grâce à une seule mesure. Ce qui est important, c’est d’augmenter l’offre. Pour accomplir cet objectif, nous avons besoin de terrains. Ces dernières années, les communes ont été bloquées par le changement de la loi sur le droit de préemption. Il ne s’agit cependant pas d’une contradiction d’évoquer les projets réalisés et de revendiquer une extension du périmètre. Cela doit se faire de manière sensée et être lié à la condition que sur ces terrains supplémentaires soit vraiment réalisé du logement abordable géré par la main publique.

Le CSV veut aussi réduire les obligations environnementales à l’intérieur des périmètres de construction définis. Cela n’est-il pas contraire au besoin de mener une politique ambitieuse en matière d’environnement ?

Non, car il faut toujours pouvoir pondérer une politique environnementale. On se retrouve dans une situation où trop peu de logements sont construits. Une fois les terrains constructibles définis, il ne sert à rien de lancer encore des études environnementales ou d’imposer des mesures de compensation supplémentaires.

Il est à constater que les thèmes clés définis par le CSV pour les communales ont une importante dimension nationale. Souvent, le rayon d’action des communes est limité. Peut-on en déduire que vous avez d’ores et déjà lancé votre campagne pour les législatives ?

Il faut savoir que politique communale et politique nationale forment un tout. Ensuite, il ne faut pas oublier que nos sections locales mènent aussi leurs propres campagnes avec des thématiques plus spécifiques. Les quatre grands thèmes retenus par le parti ont toutes aussi une composante communale.

 

«Avec 45 listes dans les communes au scrutin proportionnel, le CSV compte peut-être moins de listes que le DP, mais dans l’ensemble nous disposons du total le plus élevé de candidats», calcule Elisabeth Margue. (photo Hervé Montaigu)

Toutefois, un retour du CSV au gouvernement semble être nécessaire pour vraiment avancer sur les sujets mis en avant.

C’est une certitude, et c’est clairement notre ambition. Dans un premier temps, l’attention se porte néanmoins sur les élections communales, où nous avons comme objectif de conforter notre position de parti le plus fort à l’échelle locale. La différence est que le CSV a cette fois dans davantage de communes un bilan à défendre. Beaucoup de travail a été abattu, ce qui explique aussi le nombre important de candidats qui ont pu être recrutés.

Le très bon résultat de 2017 aux communales avait donné des ailes au CSV en vue des législatives de 2018. Le score au soir des élections nationales avait toutefois été décevant. Cette fois, quelques mois seulement sépareront les deux scrutins. S’agit-il d’un avantage ou d’un désavantage ?

Il s’agit, de prime abord, d’un grand défi. Il faut organiser deux campagnes en parallèle. Cela n’est pas évident, d’où aussi le choix de thèmes prioritaires qui vont aussi jouer un rôle en vue des législatives. Un bon résultat aux communales peut vous procurer un gain de confiance pour la suite, mais on ne pourra pas tirer des conclusions définitives au soir du 11 juin.

Les plus récents sondages confirment le regain de popularité du CSV. Le choix de Luc Frieden comme tête de liste pour les législatives s’est-il déjà avéré payant ?

Sa nomination a certainement créé la surprise. Luc Frieden a néanmoins réussi à convaincre par ses propos au congrès, dans les circonscriptions, mais aussi dans la presse. Même si la prudence reste de mise, il est à noter que cela fait très longtemps que le parti n’a plus été pointé à 27 % des intentions de vote. La tendance est positive, mais il faut se remémorer 2018. On ressent toutefois que les gens veulent un changement de politique.

Luc Frieden prône le fait que le CSV, s’il sort premier des urnes, doit être pris en considération pour mener des négociations de coalition, peu importe la différence de résultat par rapport à 2018. Ne s’agit-il pas d’un calcul trop simpliste ?

À l’étranger, on ne procède pas de la même manière. Au Luxembourg, on a toujours tendance à comparer le résultat par rapport au scrutin précédent. Même ceux qui ont formé la coalition sortante n’ont pas forcément fait cette comparaison, car un parti a laissé des plumes et un autre est sorti renforcé. Il faut tenir compte du rapport de force à la Chambre, en considérant le résultat des élections qui vont avoir lieu cette année. Même si on perd encore un siège, cela ne doit pas nous exclure d’office d’un prochain gouvernement.

2 plusieurs commentaires

  1. Patrick Vedel

    Interview très intéressante.

  2. Bonjour à tous les teams du Quotidien Luxembourg. Mme Elisabeth Margu…des affirmations selon lesquelles le CSV a connu une double victoire … un événement qui aura lieu dans les communes, qui prennent en considération les préoccupations des citoyens dont la présence de la sécurité et les aspects sociaux, etc.… un siège sa veut la peine pour vos travaux durant une période de succès qui produira un siège les Gouvernements, notamment avec le Luxembourg. Un mandataire des élections de la ville aux candidats plus confiance dans leurs devoirs…Sincères M. NOURA.

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