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Le congé parental pourrait s’allonger au Luxembourg


Attentifs aux arguments des pétitionnaires, les députés prendront position, dans leurs programmes électoraux, sur les modifications à apporter au congé parental. (Photo archives lq / alain rischard)

Au terme du débat public de mercredi matin relatif à la pétition demandant un rallongement de 6 à 9 mois du congé parental, toutes les options sont ouvertes. L’étude d’évaluation de la réforme est attendue pour 2024.

Pouvoir rester avec son enfant jusqu’à son premier anniversaire avant de reprendre la vie active, c’est ce que revendique la pétition qui plaide pour l’allongement du congé parental de 6 à 9 mois à taux plein. Les deux autrices, Michèle Senninger et Anne Heintz, sont venues en connaissance de cause défendre leur proposition face aux députés après le succès de leur pétition.

En attendant une évaluation dont les résultats seront connus en 2024, le congé parental ne semble en rien figé. Si le besoin de l’allonger venait à se faire ressentir, alors les députés sont prêts à modifier la durée du congé parental. Ils attendent en premier lieu les résultats de l’étude du Liser qui évalue la réforme du congé parental intervenue en 2016. «Les députés se sont dits ouverts à définir leurs priorités dans la matière en vue de la campagne électorale de l’année prochaine», indique la Chambre des députés, qui résume le huis clos qui suit traditionnellement le débat public.

Le congé à plein temps est trop court, car à neuf mois, la mère allaite encore son enfant et ce n’est pas chose aisée de devoir tirer du lait sur son lieu de travail, sans compter ce que la mère doit préparer en biberons de lait maternel avant de se séparer de son enfant pour la journée. «À un an, l’enfant fait déjà des dents, ce qui permet de lui donner une alimentation plus variée, si bien qu’un seul allaitement quotidien suffit», argumente Michèle Senninger, en développant les éléments positifs que représente cette présence de la mère pour le bien-être de l’enfant.

«L’objectif n’est pas de laisser les mères à la maison»

Le député ADR Fred Keup embraye le premier pour féliciter les pétitionnaires et proposer d’aller plus loin encore. Les mères devraient rester à la maison jusqu’à ce que l’enfant soit scolarisé au lycée, soit 12 ans. «La famille est essentielle, l’enfant doit être au centre de toutes les décisions que nous prenons», ajoute le député, qui pourtant n’abonde pas dans le sens des deux mamans qui ont dit tout le contraire pendant leur exposé. «L’objectif n’est pas de laisser les mères à la maison», lui rappelle Michèle Senninger en lui demandant à son tour ce qu’il faisait des familles monoparentales. «Ce serait un retour en arrière pour les droits des femmes», renchérit Anne Heintz.

Elles ont également évoqué les bienfaits du congé parental pour les pères, qui tissent une meilleure relation avec l’enfant et se sentent plus concernés par les tâches ménagères. «J’aime votre approche d’égalité hommes-femmes», leur déclare Djuna Bernard (déi gréng).

Motiver davantage les pères

La députée Simone Asselborn-Bintz (LSAP) se préoccupe aussi du bien-être des jeunes enfants et de l’importance du contact avec eux. Le libéral Max Hahn s’interroge plutôt sur la façon de motiver encore davantage les pères à prendre le congé parental. «C’est une question de calcul, lui répond Anne Heintz, les pères gagnant un salaire plus important préfèrent le prendre de manière fractionnée.»

La socialiste Francine Closener salue l’initiative des pétitionnaires et en profite pour souligner les avancées réalisées dans ce domaine par le gouvernement en place et le précédent. Une remarque qui agace la présidente de la commission des Pétitions, Nancy Kemp-Arendt (CSV), qui veille à la neutralité des débats. La députée socialiste ne voit pas en quoi elle a enfreint cette règle alors que la présidente lui rappelle que le congé parental a été initié par d’autres gouvernements. Après ce match nul, à un point partout, la ministre Corinne Cahen (DP) prend à son tour la parole.

La rémunération, ça compte

La ministre de la Famille, se tournant vers Nancy Kemp-Arendt, rappelle qu’effectivement c’est le ministre François Biltgen qui a mis en place le congé parental avec la ministre Marie-Josée Jacobs. «À l’époque, cette mesure était destinée à lutter contre le chômage en créant des CDD en remplacement des congés parentaux», ajoute-t-elle.

En réalité, ce n’était qu’un des trois objectifs de la loi de 1999. Il s’agissait bien en premier lieu d’aboutir à une meilleure conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle et ensuite de promouvoir l’égalité des chances entre hommes et femmes avant d’espérer développer une politique active de l’emploi. Une étude menée en 2002, trois ans après l’entrée en vigueur de la première mouture du congé parental, a d’ailleurs démontré qu’il ne contribuait pas directement à réduire le taux de chômage.

Reste que le congé parental tel qu’il s’applique au Luxembourg n’est pas comparable avec celui d’autres pays. Effectivement, la ministre de la Famille se déclare surprise de n’avoir pas entendu parler de la rémunération. «L’attractivité du congé parental, ce n’est pas seulement la flexibilité, mais aussi la rémunération», souligne-t-elle, alors que les pétitionnaires avaient effectué une comparaison avec d’autres pays européens qui accordent une durée de congé plus longue.

Revoir le congé prénatal

«La durée est peut-être plus longue dans d’autres pays, mais les parents ne sont pas rémunérés», ajoute, pour sa part, le ministre du Travail, Georges Engel. «C’est une différence fondamentale», dit-il encore.

Corinne Cahen propose, en guise de conclusion, de revoir le congé prénatal. Pour les femmes qui peuvent travailler plus longtemps enceintes, ces deux mois pourraient être pris après la naissance de l’enfant, ce qui serait plus bénéfique.

Une idée que la présidente de la commission, Nancy Kemp-Arendt, juge intéressante à débattre.

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